Erik Bazinyan ne doit pas seulement gagner, jeudi soir, sur le ring du Casino de Montréal. Il doit gagner avec panache. De façon fracassante.

« J’ai un plan de match pour lui… Mais il faut qu’il soit spectaculaire », a laissé tomber le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, lors de la conférence de presse d’avant-combat, lundi.

« Erik se doit de performer, d’être impressionnant », avait dit son vice-président, Antonin Décarie, au micro un peu plus tôt.

C’est de cette façon que Bazinyan (29-0-0, 21 K.-O.) montrera qu’il appartient à l’élite et qu’il pourra espérer se battre en championnat du monde prochainement.

Classé au deuxième rang de trois des quatre organisations mondiales de boxe, le Lavallois aura beaucoup à perdre devant un adversaire qui, lui, n’a rien à perdre. Le Mexicain Jose de Jesus Macias (28-11-4, 14 K.-O.) a déjà joué les trouble-fêtes contre des Québécois : en 2018, il a vaincu Francis Lafrenière, et en 2021, il a eu le dessus sur Steven Butler. La tâche ne sera donc pas facile pour Bazinyan.

« [Macias] vient d’une équipe quand même très respectée, a noté Estephan. Battre un gars comme ça, ça compte. Ça vaut quelque chose pour garder le classement. […] C’est un combat risqué parce qu’on ne peut pas sous-estimer ce gars-là. »

« Notre but, c’est de montrer qu’Erik est à un niveau supérieur, où il est en mesure de contrôler ce genre d’individu là pour être capable de monter à la prochaine étape », a pour sa part expliqué l’entraîneur du pugiliste, Marc Ramsay.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Erik Bazinyan est classé au deuxième rang de trois des quatre organisations mondiales de boxe.

Par « ce genre d’individu là », Ramsay entend un boxeur hargneux, imprévisible, « qui n’a pas de mauvaises soirées ». Comme le Mexicain l’a lui-même dit, lundi, son travail est de « gâcher les plans ».

« Ses principales qualités sont sa détermination, sa force de frappe et son courage, a énuméré Ramsay. Ce sont des éléments plus durs à neutraliser un petit peu. Le niveau de concentration d’Erik doit être à son maximum. Il va falloir montrer qu’Erik est capable de subir de la pression et contrôler ça dans le ring. »

Dans le calme

Le 23 mars dernier, Jose de Jesus Macias a assisté au combat entre Christian Mbilli et Carlos Gongora au Casino de Montréal. Il avait alors nargué Bazinyan aux abords du ring, affirmant qu’il allait lui « arracher la tête ».

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Jose de Jesus Macias a déjà joué les trouble-fêtes contre des Québécois.

Lundi, à trois jours du duel, le Mexicain a adopté une approche différente. Calme, il n’y est pas allé de déclarations provocantes.

« Je savais à 100 % qu’il serait calme ici », a affirmé Bazinyan dans un sourire.

« Il a parlé comme ça parce qu’il sait que je suis meilleur que lui, a-t-il continué. Il veut me faire un peu peur, mettre un peu de stress en moi, mais ça ne me dérange pas. J’aime quand les adversaires parlent de choses comme ça parce que quand je mets de la pression, que je leur fais mal, je regarde dans leurs yeux. Je vois que c’est un peu rouge, ils demandent de l’aide. Ça me fait du bien. »

Pour arriver à l’emporter, Bazinyan compte utiliser sa plus grande force : sa faculté d’adaptation. « Pendant le combat, je change toujours les choses pour trouver une manière de gagner », a-t-il rappelé.

Le fait d’affronter un adversaire qui a nettement moins à perdre que lui ne l’inquiète pas le moins du monde. « J’ai confiance en ma condition physique, en ma préparation de boxe. Je sais ce que je peux faire, les habiletés que j’ai. Je suis confiant. Je dois rester organisé et sérieux. »

Invaincu

À 28 ans, Erik Bazinyan ne connaît pas la défaite. Depuis son arrivée chez les professionnels, il a remporté ses 29 combats. Avant ça, il avait triomphé dans 108 de ses 109 duels amateurs. Son seul revers ? C’était à son tout premier affrontement à vie. Disons que ça fait longtemps.

Moi, même depuis mon premier combat professionnel, je n’ai jamais pensé à perdre. Pour moi, ça n’existe pas.

Erik Bazinyan

« Ça met plus de [pression] sur mes épaules pour être plus fort pour ne pas perdre. Parce que j’ai gagné tous mes combats et que je ne veux pas perdre. »

Bazinyan, malgré sa fiche parfaite, n’est pas encore connu au Québec. Une situation qui s’explique par le fait qu’il est « très humble, calme dans la façon dont il parle », croit Camille Estephan.

« C’est juste une personnalité différente. Mais il est probablement le meilleur technicien en boxe québécoise aujourd’hui. S’il devient champion, je pense qu’il va être très populaire. C’est tout ou rien avec lui. »