Un chroniqueur de Boston a osé : l’élimination surprenante des Bruins dimanche soir constitue la plus grande déception dans l’histoire de cette équipe.

Les plus vieilles générations lui rappelleront que les Bruins étaient à un peu plus de deux minutes de mettre fin au règne du Canadien en demi-finale de la Coupe Stanley en 1979, avant d’écoper d’une punition fatale pour avoir eu un joueur en trop sur la glace, mais on comprend la commotion actuelle à Boston.

Tout était en place pour un scénario digne de Walt Disney. À la surprise générale, les Bruins, avec leur fiche de 65-12-5, venaient non seulement de connaitre la meilleure saison de leur existence, mais jamais une équipe de la LNH n’avait été supérieure en saison régulière.

Le capitaine Patrice Bergeron en était peut-être à son dernier tour de piste, après une carrière auréolée de gloire, et dont l’entrée au Temple de la renommée du hockey est assurée.

Les Bruins affrontaient en outre au premier tour une équipe, les Panthers de la Floride, exclue des séries pendant une majorité de l’hiver, et dont les fans du Canadien rêvaient même d’obtenir de leur part un choix dans le top dix (dans la transaction de Ben Chiarot) en vertu de leur position au classement.

Dans les circonstances, sacrifier des choix de premier tour en 2023 et 2024 pour les joueurs de location Dmitry Orlov et Tyler Bertuzzi était justifié (Boston a aussi cédé un choix de quatrième tour en 2025 pour Bertuzzi et de deuxième tour en 2025, de troisième tour en 2024 et de cinquième tour en 2023 pour Orlov).

*À la suite de leur élimination dimanche, le choix de premier tour des Bruins en 2023 échangé pour Orlov passe du 32e au 28e rang. Ce choix appartient désormais aux Maple Leafs. Ils l’ont obtenu des Capitals pour Rasmus Sandin.

Mais il faut reléguer les résultats de la saison régulière aux oubliettes une fois les séries entamées. Ces mêmes Panthers de la Floride ont été éliminés dès le deuxième tour l’an dernier après une saison de 122 points.

Depuis 2015, seuls les Rangers de New York ont franchi le deuxième tour après avoir remporté le trophée du Président remis au champion en saison régulière. Le Lightning a été balayé en quatre matchs par les Blue Jackets au premier tour en 2019 après avoir amassé 128 points, sept de moins que les Bruins cette saison.

Boston menait cette série 3-1. Les Bruins étaient à neuf minutes d’éliminer les Panthers dans le sixième match. Ils avaient l’avance avec une minute à faire en troisième dimanche. La Floride avait même retiré son gardien en désespoir de cause.

Les Bruins semblaient usés par moments dans les derniers matchs. On a souvent le réflexe de prédire le dénouement d’une série selon les formations sur papier, comme le dit le tristement célèbre cliché sportif.

Mais les joueurs sont constitués de sang, de chair et d’os et ceux des Bruins ont entamé les séries éliminatoires usés. Bergeron a même raté les quatre premières rencontres. Le bilan de fin de saison des Bruins nous apprendra peut-être à quel point son corps était hypothéqué.

Boston a perdu trois matchs consécutifs à la suite de son retour au jeu et le Québécois a été limité à un point, un but, lors de la cinquième rencontre. Le deuxième centre de l’équipe, David Krejci, a raté trois matchs, les 3e, 4e et 5e.

« Nous n’étions pas prêts à l’intensité des séries éliminatoires », a d’ailleurs admis l’entraîneur en chef des Bruins, Jim Montgomery, avec une franchise brutale.

À quoi ressembleront les Bruins ?

L’avenir immédiat de l’équipe n’est pas clair. Patrice Bergeron a fait une longue étreinte à son complice Brad Marchand après la rencontre, il a salué la foule de son bâton, mais il n’a pas voulu se prononcer sur une retraite éventuelle.

Marchand a contribué à renforcer encore davantage l’hypothèse de la retraite pour son vieux complice. « J’ai eu le privilège de jouer avec lui pendant toutes ces années. C’est un individu incroyable, un coéquipier incroyable et nous sommes chanceux de l’avoir eu ici pendant si longtemps. Il a complètement changé mon approche de la vie, du sport. La décision lui appartient. Peu importe s’il revient ou pas, nous avons bâti un lien inébranlable pour la vie. »

Bergeron, 38 ans en juillet, avait contemplé la retraite une première fois l’été dernier, avant de se raviser après quelques semaines de réflexion. Krejci a eu 37 ans en avril. Leur départ laisserait un trou béant au centre. Les acquisitions de fin de saison, Bertuzzi et Orlov, auront aussi droit à l’autonomie complète.

Les Bruins auront encore de bons éléments en place avec David Pastrnak, Charlie McAvoy, Hampus Lindholm, Marchand, Pavel Zacha, Jake DeBrusk et de solides gardiens.

Mais leur patron Don Sweeney devra user à nouveau de créativité pour régénérer la position de centre si ses vieux loups annoncent leur retraite, sans choix lors des deux premiers tours en 2023 et 2024 pour servir d’appât. Boston a néanmoins toujours eu le don de nous surprendre…

* Même si les Panthers passent au deuxième tour, le choix de premier tour en 2023 obtenu de la Floride par le Canadien pour Ben Chiarot se situe toujours au 17e rang. Il y restera si les Maple Leafs éliminent les Panthers au prochain tour, mais chutera au 29e rang si jamais la Floride battait Toronto.

Bjorkstrand fait tomber le champion

PHOTO RON CHENOY, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Oliver Bjorkstrand

Les Blue Jackets de Columbus auraient souhaité garder l’ailier Oliver Bjorkstrand. Il venait, après tout, de connaitre sa meilleure saison en carrière avec 57 points, dont 28 buts.

Mais il fallait libérer de la masse salariale l’été dernier avec l’embauche de Johnny Gaudreau sur le marché des joueurs autonomes et avec un salaire annuel de 5,4 millions pour encore quatre saisons, il devenait l’agneau à sacrifier.

Avec évidemment une marge de manœuvre intéressante sur la masse salariale à sa deuxième année d’existence seulement, le Kraken de Seattle l’a reçu pour presque rien : des choix de troisième et quatrième tours en 2023.

Ce Danois de 28 ans ne pouvait espérer un meilleur moment pour briller. Il a marqué les deux buts de Seattle dimanche et le Kraken a fait tomber le champion en titre, l’Avalanche du Colorado.

Bjorkstrand est l’un des éléments ayant contribué à ce coup de tonnerre, avec Yanni Gourde, Jaden Schwartz, Justin Schultz, Adam Larsson et le gardien Philipp Grubauer, un ancien de l’Avalanche.

Seattle a réussi l’exploit tout en marquant seulement 2,57 buts par rencontre. Seuls les Islanders, le Wild et les Devils ont fait pire.

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3- Le jour, il est enseignant au primaire. Le soir, il joue au football. Et mardi, il devrait être réclamé tôt au repêchage de la Ligue canadienne. Portrait de ce secondeur des Carabins de l’Université de Montréal par Guillaume Lefrançois.