Pour un troisième printemps consécutif, les Kings de Los Angeles ont été éliminés au premier tour par les Oilers d’Edmonton. Ils ont perdu en sept matchs il y a trois ans, en six rencontres l’année dernière, puis en cinq cette fois.

On peut avoir beaucoup d’affection pour le sympathique président des Kings, Luc Robitaille, ancienne gloire de l’équipe, d’admiration pour la glorieuse carrière du défenseur Rob Blake, désormais directeur général, mais en analysant les faits froidement, la situation de l’équipe n’est guère reluisante.

Sous l’impulsion de Blake, les Kings ont entamé une reconstruction en 2018. Los Angeles a vu quitter plusieurs membres de la formation gagnante des Coupes Stanley de 2012 et 2014 au cours des saisons qui allaient suivre : Dustin Brown, Jeff Carter, Jonathan Quick, Jake Muzzin, Tyler Toffoli, Alec Martinez, Derek Forbort, Tanner Pearson et Trevor Lewis.

Les Kings ont terminé dans la cave du classement trois années de suite, 30e en 2019, 28e en 2020 et 25e en 2021. Ils ont ainsi pu repêcher trois fois parmi les sept premiers et leurs ventes à la date limite des échanges ou un peu avant leur ont permis de détenir quatre choix de premier tour et six choix de deuxième tour lors de ces trois cuvées.

Combien de joueurs repêchés dans les deux premiers tours depuis quinze ans les Kings comptaient-ils dans la formation lors du cinquième et dernier match de leur série, mercredi ? Deux, Quinton Byfield, deuxième choix au total en 2020, et Adrien Kempe, repêché à la fin du premier tour en 2014…

Non seulement les recruteurs des Kings ont mal repêché ces dernières années, mais Blake a réalisé des transactions parfois catastrophiques.

Le rendement de Pierre-Luc Dubois cette saison fait évidemment mal paraître Blake. Non seulement Dubois – obtenu en retour de Gabriel Vilardi, un choix de deuxième tour en 2024 et deux autres joueurs – a-t-il obtenu seulement 40 points, dont 16 buts, en 82 matchs, et un seul point en séries, au centre du troisième trio, mais il entamait la première année d’un contrat de huit ans à un salaire annuel de 8,5 millions.

PHOTO KIRBY LEE, USA TODAY SPORTS

Pierre-Luc Dubois et Quinton Byfield

Dubois, 26 ans en juin, constituera l’attaquant le mieux payé du club l’an prochain. Vilardi, d’un an son cadet, a obtenu 36 points, dont 22 buts, mais en seulement 47 rencontres. Il est sous contrat pour encore un an, à un salaire annuel de 3,4 millions, avant d’obtenir un statut de joueur autonome avec compensation, et droit à l’arbitrage.

L’autre transaction majeure de Blake a permis aux Kings de mettre la main sur Kevin Fiala en juin 2022. Fiala, bientôt 28 ans, ne constitue pas un vilain ailier offensif, il vient de connaître des saisons de 72 et 73 points, mais demeure un attaquant plutôt unidimensionnel et le prix à payer pour l’obtenir fait mal.

On a cédé au Wild du Minnesota le défenseur Brock Faber, choix de deuxième tour de l’équipe en 2020, et un choix de premier tour en 2022. Faber vient de connaître à 21 ans une saison sensationnelle, avec 47 points et un temps d’utilisation de 24 : 58. Seuls John Carlson, Drew Doughty, Mike Matheson, Seth Jones et Rasmus Dahlin ont joué davantage en saison régulière. Faber est finaliste au titre de recrue par excellence avec Connor Bedard et Luke Hughes. Le Minnesota a repêché l’attaquant suédois Liam Öhgren au 19rang avec le choix de premier tour des Kings. Öhgren a montré de belles promesses à son arrivée au Minnesota en fin de saison.

Blake a acquis du renfort à la date limite des transactions l’an dernier. Il a cédé un choix de premier tour en 2023 et de troisième tour en 2024 aux Blue Jackets de Columbus pour obtenir le gardien Joonas Korpisalo et le défenseur Vladislav Gavrikov, deux joueurs en fin de contrat. Blake n’est pas le premier DG à jouer les acheteurs à la date limite des transactions. Vu l’élimination hâte des Kings l’an dernier, Columbus a hérité du 22choix et l’a échangé aux Flyers pour obtenir Ivan Provorov. Philadelphie a repêché le défenseur Oliver Bonk.

Après des séries éliminatoires médiocres, Korpisalo n’a pas été retenu à la fin de la saison. On a retenu Gavrikov pour deux années supplémentaires à un salaire annuel frôlant les six millions, une somme énorme pour un quatrième défenseur. Gavrikov aura droit à l’autonomie complète dans un an.

La mise sous contrat de Gavrikov a chassé le jeune Sean Durzi de Los Angeles entre autres afin de permettre aux Kings de se conformer au plafond salarial, et probablement parce qu’il n’avait pas le profil recherché pour la défense de zone de l’équipe. Durzi, 25 ans, s’est épanoui en Arizona avec une saison de 41 points et un temps d’utilisation de 22 : 43, un sommet chez les Coyotes. Après Faber, c’est beaucoup de talent cédé en défense.

PHOTO YANNICK PETERHANS, USA TODAY SPORTS

Vladislav Gavrikov (84)

On ne peut nécessairement blâmer Robitaille, Blake et son nouveau bras droit Marc Bergevin pour les choix au repêchage, généralement l’œuvre exclusive des recruteurs. Byfield, un ailier de puissance de 6 pieds 5 pouces et 225 livres, vient d’éclore à 21 ans avec une saison de 55 points, dont 20 buts.

Le choix d’Alex Turcotte au cinquième rang en 2019 fait mal. Des blessures n’ont pas aidé, mais la courbe de progression du jeune homme commençait déjà à s’aplanir avant qu’il ne soit victime de malchances. Il vient de connaître une bonne saison dans la Ligue américaine, mais il est désormais âgé de 23 ans. Le choix au 22rang cette année-là, le défenseur Tobias Bjornfot, a été perdu au ballottage en mars.

Le premier choix de 2021, huitième au total, le défenseur droitier Brandt Clarke, 21 ans, montre encore de belles promesses. Mais dans un contexte où les Kings visaient une percée en séries, il a terminé la saison dans la Ligue américaine.

Avec tout ça, Los Angeles n’a pas franchi le premier tour depuis leur Coupe Stanley de 2014. Le premier centre Anze Kopitar aura 37 ans cet été. Drew Doughty en aura 35 quelque part l’hiver prochain. Le créneau favorable de succès de cette organisation, avec ces deux piliers, rétrécit à vue d’œil.

Le CH ne devrait pas repêcher troisième

Le lecteur le plus avisé aura remarqué que les chances de voir le Canadien repêcher au troisième rang le 28 juin se situent à 0,3 %, selon le site tankathon.com.

Montréal a pourtant 8,5 % de repêcher premier et 8,6 % de choisir deuxième. Pour voir le CH aboutir au troisième rang, les Flyers de Philadelphie, 12e en lice pour le premier lot de la loterie avec 2,5 % de succès, doivent l’emporter. Mais comme les clubs ne peuvent avancer de plus de dix rangs, ils hériteraient du deuxième choix et San Jose, dernier au classement général, conserverait le premier choix.

Non seulement les Flyers doivent-ils gagner le premier prix pour voir un tel scénario se concrétiser, mais le CH doit aussi remporter le second. D’où le faible taux de probabilités pour le troisième rang.

Montréal a 24,5 % de chances de conserver sa place au cinquième rang, mais 44 % de chances de chuter au sixième rang et 14,2 % de reculer de deux rangs, jusqu’au septième. Le Canadien a donc presque deux fois plus de chance de repêcher septième que premier ou deuxième.

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