Les empires naissent pour tomber. Celui des Bruins vient visiblement d’être conquis, et son déclin apparent s’est fait au terme d’un traumatisme, une élimination en sept matchs par les Panthers de la Floride. Puis il y a Patrice Bergeron, qui a quitté la glace le cœur gros, sans toutefois s’avancer sur son avenir.

La meilleure équipe de l’histoire de la LNH, du moins statistiquement, s’est effondrée. Elle a terminé la saison avec 135 points, un record. Elle a signé 65 victoires en saison, également un record. Les attentes pour ce groupe en fin de cycle ne pouvaient qu’être démesurées.

Les Bruins ont d’abord laissé filer une avance de 3-1 dans la série. Ils ont ensuite pris un retard de 2-0 dans le match ultime avant de se faire huer par leurs propres partisans. Ils sont toutefois venus de l’arrière pour prendre les devants 3-2, mais ont vu la victoire leur glisser entre les doigts lors de la dernière minute de jeu.

C’est après toutes ces commotions que Carter Verhaeghe a fait scintiller la lumière rouge en prolongation pour permettre aux Panthers de la Floride de l’emporter 4-3, dimanche soir, et d’accéder au tour suivant.

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Matthew Tkachuk (19) célèbre le but gagnant de Carter Verhaeghe en prolongation.

« C’est la plus grande surprise de l’histoire de la LNH ! », s’est exclamé l’attaquant des Panthers Matthew Tkachuk après la rencontre sur les ondes de Sportsnet. Cela est vrai. La différence de 43 points entre les deux clubs est le plus grand écart dans un duel qui s’est soldé avec un triomphe du négligé depuis l’instauration des séries à sept rencontres.

Et ce qui a suivi le match avait des allures de passation des pouvoirs à Boston.

La potentielle fin de l’ère Bergeron

Avant de quitter la patinoire, Patrice Bergeron a pris le temps d’enlacer chaque coéquipier. Le capitaine a ensuite versé quelques larmes après une très longue accolade avec son bon ami Brad Marchand.

Après la rencontre, il a expliqué qu’il discuterait avec sa famille avant de prendre une décision concernant la suite de sa carrière. Il n’a pas de contrat pour la saison prochaine, mais son avenir ne dépend que de ses désirs.

Pour l’instant, c’est difficile de saisir tout ce qui s’est produit. Évidemment, nous sommes en état de choc et vraiment déçus.

Patrice Bergeron, capitaine des Bruins

PHOTO MICHAEL DWYER, ASSOCIATED PRESS

Patrice Bergeron

« Oui, je vais prendre le temps de parler à ma famille et nous allons partir de là, a-t-il ajouté aux médias sur place à Boston. […] Encore une fois, ça fait mal en ce moment. Il va falloir que je prenne du recul et que je parle à ma famille. »

Dans tous les cas, le futur membre du Temple de la renommée a dévoilé la blessure qui l’affligeait depuis quelques matchs : une hernie discale. « Ce n’est pas quelque chose que je vais utiliser comme excuse. C’est comme ça. Tout le monde se bat contre beaucoup de choses pendant les séries. »

Brad Marchand, dans le vestiaire, s’est aussi montré très émotif lorsqu’il a été question de son capitaine et ami qui a peut-être joué son dernier match.

« Il est la personne parfaite sur et en dehors de la glace, c’est un leader incroyable et si motivé, un père de famille incroyable, un grand ami, qui pense toujours d’abord aux autres. Il a vraiment changé la façon dont j’aborde ma vie et le hockey, et je ne pourrai jamais dire assez de bien de lui. Il m’a permis d’être dans cette position, de jouer à ses côtés pendant longtemps, et c’est une personne incroyable, un coéquipier incroyable, et nous avons eu la chance de l’avoir au sein de ce groupe pendant longtemps. Il a complètement changé ma façon de vivre au quotidien. »

Avant le début de la saison, le centre de 37 ans a jonglé avec l’idée de la retraite. Il s’est cependant engagé pour une unique saison avec les Bruins. Une saison à saveur de dernière valse.

Pour l’occasion, les Bruins ont hypothéqué leur masse salariale pour la saison 2023-2024. Ils ont consenti des bonis de performances à Bergeron et à David Krejci, qui avait lui aussi été convaincu par l’idée d’un autre tour de piste. Ce noyau qu’ils ont formé avec Marchand a été au cœur des succès de l’équipe dans la dernière décennie.

Les Bruins ont soulevé la Coupe Stanley en 2011 avant d’accéder à la finale de nouveau en 2013 et en 2019. Ils ont remporté le Trophée des présidents, remis à la meilleure équipe de la saison, à trois reprises ensemble.

« Je suis déçu… Et confus. D’un autre côté, si vous regardez la saison, ça a été un honneur de diriger ce groupe », a affirmé l’entraîneur-chef des Bruins, Jim Montgomery.

Un dernier pari

Avant de baisser pavillon, Montgomery a joué une dernière carte. Il a envoyé devant le filet le gardien d’avenir Jeremy Swayman, qui n’avait pas entamé de rencontre depuis le 13 avril.

Le portier n’a pas été parfait, mais a assurément permis aux Bruins de rester dans la rencontre. Il a freiné une échappée de Tkachuk en prolongation et a fait une superbe parade sur Verhaeghe quelques instants plus tard. Toutefois, à l’instar de Linus Ullmark, il n’a pas eu le dernier mot en prolongation.

Les Panthers ont plutôt fait le pari inverse. Après trois départs à Alex Lyon, ils ont confié le filet à Sergei Bobrovsky. Celui qui avait également surpris les tenants du Trophée des présidents en 2019, le Lightning de Tampa Bay, alors qu’il évoluait pour les Blue Jackets de Columbus, s’est montré de taille pour le défi.

Les Panthers ont été capables de surmonter leur indiscipline pour triompher. Brandon Montour, qui a écopé de deux pénalités discutables, a inscrit le premier but de la rencontre, puis le but égalisateur alors qu’il ne restait que 60 secondes au chrono. C’est avec cette étiquette de négligé et d’équipe jamais abattue que les Panthers iront à Toronto pour y affronter les Maple Leafs au deuxième tour.