Martin St-Louis avait de la difficulté à expliquer en quoi Kaiden Guhle a progressé au fil de la saison.

« C’est dur à dire parce qu’il est pas mal fort partout », a laissé tomber l’entraîneur-chef, jeudi soir, après la défaite honorable de 4-3 en tirs de barrage contre les Rangers de New York.

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Guhle disputait son 40match de la saison et seulement son 5e de l’année 2023, jeudi. De retour à la suite d’une blessure qui l’a tenu à l’écart pendant deux matchs, il a terminé la soirée avec un but, une mention d’aide et deux tirs au but dans la défaite.

La réaction d’Alex Belzile à l’évocation du jeune défenseur en disait long, elle aussi : « Guhle… Écoute », a-t-il lancé avant de marquer une pause.

Avant de se blesser, il en jouait du gros. Même en ce moment, il est revenu de sa blessure et c’est comme s’il n’avait rien manqué. On oublie à quel point il est jeune, de la façon dont il se comporte et dont est sa game. Ça augure très bien pour le futur.

Alex Belzile, au sujet de Kaiden Guhle

À l’autre bout du vestiaire, Samuel Montembeault y est allé de propos sensiblement identiques.

« C’est tout un joueur, a dit le cerbère. C’est une recrue dans la Ligue nationale, mais ça ne paraît pas du tout. »

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Samuel Montembeault et Mika Zibanejad

Guhle, que certains percevaient avant tout comme un défenseur au potentiel offensif limité, semble prendre goût à se porter à l’attaque. En deuxième période, il s’est interposé devant un Filip Chytil qui s’amenait dans l’enclave, avant de relancer l’attaque et de profiter d’une occasion de marquer.

« La plus grosse chose, c’est sa confiance, a soutenu Martin St-Louis. […] On est très contents de ce qu’il montre. On savait qu’il allait être bon, mais on ne savait pas qu’il le serait autant, si tôt que ça. »

« On s’aime tous »

Si la saison du Tricolore était une chanson, le refrain irait comme suit : le Canadien peut compétitionner avec toutes les équipes du circuit. Il l’a prouvé encore une fois jeudi soir. Pour la deuxième fois en deux matchs, il a tenu tête à l’une des meilleures équipes du circuit.

Si bien que même après une cinquième défaite d’affilée, Martin St-Louis n’avait rien d’un entraîneur malheureux.

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Chris Tierney, Josh Anderson et David Savard

« Ce match-là aurait pu aller d’un bord comme de l’autre, le dernier aussi, sur la route aussi. Les gars n’arrivent pas en se morfondant. »

Plus personne n’est sans savoir que le CH compte dans sa formation un bon nombre de joueurs en quête d’un poste à temps plein. Jeudi soir, 5 des 12 attaquants étaient des joueurs qui ont passé la majeure partie de la saison avec le Rocket de Laval. Malgré tout, l’équipe « compétitionne quand même », a noté St-Louis.

« Ça me prouve que notre jeu collectif est plus important que tout individu. »

Des propos appuyés par Josh Anderson, qui a résumé efficacement le sentiment global qui règne dans le vestiaire : « On s’aime tous. »

Quant à savoir si les jeunes nouvellement arrivés traînent, d’une certaine façon, l’équipe par leur désir de montrer ce qu’ils savent faire, Anderson a répondu que « tout le monde le fait et pousse ses limites ».

« Ça amène de l’énergie, a-t-il ajouté. C’est positif quand tu vois ces jeunes arriver et se donner corps et âme. Ça donne envie à tout le monde de travailler fort et de contribuer aux succès.

« L’ambiance est pas mal bonne en ce moment. Je sais qu’on ne gagne pas, mais on fait beaucoup de bonnes choses. On aborde chaque match avec confiance. »

Le Canadien n’a plus qu’une chose à faire : « trouver l’instinct du tueur et aller en chercher quelques-unes », dixit Alex Belzile. Parce que personne n’aime perdre cinq matchs de suite, qu’importe les circonstances.

En hausse

Josh Anderson

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Josh Anderson

Il a inscrit un but, eu trois échappées, créé des chances de marquer pour ses coéquipiers et distribué trois mises en échec.

En baisse

Nick Suzuki

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Nick Suzuki (au centre)

Il a causé cinq revirements et terminé la soirée à - 1.

Le chiffre du match

1

Pour la première fois de la saison, Nick Suzuki n’a pas marqué en tirs de barrage. Il avait marqué à ses 5 occasions avant le match.

Dans le détail

Anthony Richard a sué !

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Anthony Richard

Anthony Richard n’a pas volé sa paye jeudi. Tout a commencé mercredi soir, en fait. L’attaquant québécois jouait à la Place Bell, où le Rocket a subi une raclée de 5-1, « probablement notre pire match de l’année à domicile », précise-t-il. À l’origine, jeudi devait être une simple journée de déplacement vers Syracuse en vue du match de ce vendredi, mais Jean-François Houle a modifié les plans et a dirigé un entraînement que Richard a qualifié de « punitif ». « Il y avait beaucoup de patin, de batailles à un contre un, donc j’étais content de faire quatre heures d’autobus pour me reposer. Puis, après l’entraînement, J.-F. m’a fait venir dans son bureau pour me dire que j’étais rappelé. J’étais content, mais j’ai pensé tout de suite à ma récupération ! En plus, on a joué [mercredi], la nuit a été courte. » C’est le forfait de Christian Dvorak qui a forcé son rappel chez le Canadien en fin de matinée, et Richard s’en est plutôt bien tiré. Il a passé neuf minutes sur la patinoire, et grâce aux mises en échec de Michael Pezzetta, qui forçait les défenseurs des Rangers à précipiter leurs gestes, ce trio de travaillants a passé la soirée en zone offensive. Alex Belzile a été récompensé en marquant un but, et l’unité a fini avec un ratio de 3-0 dans les chances de marquer de grande qualité, selon Natural Stat Trick.

En montagnes russes pour Kane

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Patrick Kane

Patrick Kane disputait son troisième match depuis que les Blackhawks l’ont échangé aux Rangers. Il a certes terminé la soirée avec un but et une passe, ses deux premiers points dans son nouvel uniforme, mais ça n’a pas exactement été un chef-d’œuvre. Il s’est rendu coupable d’une bête perte de rondelle en avantage numérique en deuxième période, ce qui a mené au but de Josh Anderson. Puis, il a bien failli donner la victoire au Tricolore lorsqu’il a écopé d’une pénalité plus ou moins utile pour coup de bâton avec moins de cinq minutes à jouer en troisième période. Heureusement pour lui, l’avantage numérique des Montréalais connaissait une de ces soirées où il générait bien peu de pression, donc les Rangers s’en sont tirés.

Cohésion instantanée

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Rafaël Harvey-Pinard tente de déjouer Igor Shesterkin

Avec le fort roulement à l’infirmerie, Martin St-Louis a bien du mal à conserver longtemps des trios intacts depuis quelques semaines. Or, une des unités qui ont connu un certain succès durable a été celle de Nick Suzuki, accompagné de Rafaël Harvey-Pinard et de Josh Anderson. Les trois joueurs ont été réunis très brièvement à deux reprises en troisième période, et chaque fois, ils ont généré une occasion. La première fois, Anderson s’est échappé et Igor Shesterkin l’a arrêté. Puis, tout juste avant la prolongation, ce même Anderson a repéré Harvey-Pinard, dont le tir a été bloqué par le gardien russe. « On essayait de générer quelque chose. C’était bien de se retrouver pour quelques présences, mais c’est dommage qu’on n’ait pas profité de nos chances », a déploré Anderson.

Xhekaj opéré

PHOTO ERIC BOLTE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Arber Xhekaj

Par ailleurs, le Tricolore a indiqué après le match que le défenseur Arber Xhekaj avait été opéré à l’épaule droite le 1er mars. « Il devrait être rétabli pour le camp d’entraînement », a-t-on précisé. Sans surprise, l’équipe a aussi annoncé une absence additionnelle de « trois à quatre semaines » pour Brendan Gallagher, qui portait jusqu’à tout récemment une botte protectrice. Rappelons que le 11 janvier, le Canadien avait annoncé une absence d’une durée minimale de six semaines. Si l’échéancier actuel est respecté, Gallagher pourrait disputer quelques matchs d’ici à la fin du calendrier, le 14 avril. Enfin, l’équipe a également indiqué une absence de durée « indéterminée » pour Kirby Dach, qui manque à l’appel depuis la mi-février.

Ils ont dit

Eh, Seigneur ! C’est fou, tu vois qu’il est en shape. Il a joué 32 minutes et ça n’a pas paru du tout. Il patine tellement vite, il est bon pour appuyer l’attaque. On dirait qu’il ne manque jamais d’énergie.

Samuel Montembeault, au sujet du défenseur Mike Matheson

C’est la différence entre un marqueur de 20 buts et un marqueur de 30 buts. Je me dis souvent ça. Tu profites de ces chances de qualité et ça change tout.

Josh Anderson, au sujet de ses nombreuses chances de marquer

Il a tous les outils, avec sa vitesse, son gabarit, sa force. Il apprend à jouer avec les gars et il se démarque. Il a eu trois échappées ce soir. Il possède des qualités qui ne s’enseignent pas.

Martin St-Louis, au sujet de Josh Anderson

Tu vois ce qu’il amène. Il va en échec avant avec sa vitesse, et il va derrière les défenseurs. Je suis content de son match pour un gars qui a eu 24 heures difficiles.

Martin St-Louis, au sujet d’Anthony Richard

Quand [Michael] Pezzetta arrive avec de la vitesse, ça force les défenseurs à être sur les talons. Ils ont de gros défenseurs, mais ils ne sont pas rapides. Il a mis de la pression sur eux et notre trio a eu des chances de marquer.

Anthony Richard

Avec Guillaume Lefrançois, La Presse