(Las Vegas, Nevada) Soyons bons joueurs et avouons-le d’emblée : ç’aurait pu être bien pire. Avec une avance de 3-0 en deuxième période, et à voir la manière dont ils dominaient le jeu, les Golden Knights de Vegas se dirigeaient vers un massacre en règle.

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Le Canadien a toutefois failli leur jouer un vilain tour. Les Chevaliers ont fini par l’emporter 4-3, non sans avoir eu chaud.

Cette défaite, en soi, n’est pas un évènement. Les Knights forment la meilleure équipe de l’Association de l’Ouest, et le Tricolore, l’une des pires de l’Est. Mais, comme ç’a souvent été le cas cette saison, surtout avant Noël, les hommes de Martin St-Louis ont livré une belle bataille jusqu’à la fin.

Les bonnes équipes sont reconnues pour trouver des manières de gagner. C’est parfois très laid, mais si ça marche, c’est ce qui compte. Les mauvaises équipes – par exemple le CH – sont dans la démarche inverse. Si un revers est inévitable, aussi bien lui donner de la valeur.

Accepter la défaite est contre-intuitif pour les athlètes. Personne n’aime perdre, personne ne veut perdre. Mais il existe des contextes où les défaites seront, malgré toutes les bonnes intentions du monde, nombreuses.

« La plupart des équipes peuvent vivre avec la défaite si elles jouent avec acharnement, a estimé Nick Suzuki après le match à Vegas. On ne s’est pas rendu la vie facile en début de match, on ne peut pas être content de ça. Mais on a marqué trois buts en troisième période contre une bonne équipe. C’est impressionnant. »

D’un certain point de vue, il peut être navrant de se réjouir de si petites réalisations. De l’autre, on ne peut que saluer ceux qui s’y accrochent et cherchent à les dépasser.

La réalité, c’est que le Canadien a encore 19 matchs à disputer. Il serait bien plus cynique de juste regarder le calendrier s’écouler que de capter le positif.

Maintenant que tout le bruit entourant la date limite des transactions s’est apaisé, il ne reste plus qu’une chose à faire : jouer le mieux possible en gardant l’œil sur l’objectif, celui de connaître du succès à long terme, et ce, même si ce n’est pas pour demain.

« Ce n’est pas le moment de relaxer, a prévenu Suzuki. Peu importe ce qui arrive, on veut pousser en pensant à l’an prochain et à l’année suivante. On veut continuer de construire la franchise ; continuer de s’améliorer. »

Gestion de l’effectif

S’améliorer, ça signifie bien sûr obtenir, graduellement, des résultats plus probants. Mais ça signifie aussi améliorer la gestion générale de l’effectif afin de lui donner les conditions les plus optimales possible. Cela, on le devine, tombe dans la cour de l’entraîneur-chef.

De petits indices de ce processus ont été disséminés dimanche. Dès le début de la rencontre, Mike Hoffman avait disparu du premier trio, au profit de Rafaël Harvey-Pinard.

Hoffman, depuis sa promotion à la gauche de Nick Suzuki et Denis Gurianov au début du voyage dans l’Ouest, a été un fantôme. Harvey-Pinard, même s’il ne semblait pas avoir développé une chaude complicité avec Jonathan Drouin sur le deuxième trio, avait constitué un des attaquants les plus constants de son camp au cours des derniers matchs.

Gurianov avait connu un fort départ à ses débuts avec le Tricolore, il y a une semaine. Ça s’est vite dégonflé. En cours de match, à Vegas, il a glissé vers le troisième trio. Jesse Ylönen a fait le chemin inverse. Et c’est lui qui a servi une passe parfaite à Harvey-Pinard sur le troisième but des Montréalais.

Martin St-Louis, dont on commence à saisir les tendances, n’aime pas parler de ses décisions de hockey. Pourquoi avoir remplacé Hoffman par Harvey-Pinard ? « Comme entraîneur, tu essaies des choses », a-t-il laissé tomber. S’attend-il à davantage de Gurianov ? « Il se familiarise avec sa nouvelle équipe. Ce n’était pas nécessairement son match. On n’avait pas encore marqué de but, c’était le temps de changer les choses un peu. »

Seul Ylönen a eu droit à de bons mots. « Il a joué un bon match, il méritait sa chance, et ça nous a donné une étincelle », a dit St-Louis à son sujet.

On a souvent parlé des expériences qui sont menées cette saison. On peut croire qu’au cours des prochaines semaines, elles se poursuivront, mais en raffinant les prises de décision à la lumière des constats qui sont faits. Des joueurs comme Hoffman ou Drouin ou Josh Anderson n’ont plus beaucoup de surprises à offrir à ce point-ci. Pour Harvey-Pinard et Ylönen, même Alex Belzile, c’est différent. La tape dans le dos de leur entraîneur est un signe qu’ils sont dans la bonne direction.

St-Louis, encore : « Je dis toujours que le coach doit convaincre ses joueurs de jouer d’une certaine manière. Quand je regarde notre troisième période, je crois que ça aide beaucoup notre personnel à vendre » les concepts et le système de l’équipe.

Ne pas baisser les bras « doit faire partie de notre ADN. Peu importe ce qui arrive, on va continuer de pousser », a renchéri David Savard. « On a prouvé qu’on est capables de compétitionner quand on est sur la même longueur d’onde. » Autrement dit, personne ne peut se contenter de faire sa petite affaire.

En ce début de la fin de la saison, ça ressemble drôlement à un cri de ralliement. Il appartient aux joueurs de montrer qu’ils l’ont entendu.

En hausse

Rafaël Harvey-Pinard

PHOTO STEPHEN R. SYLVANIE, USA TODAY SPORTS

Rafaël Harvey-Pinard

Non seulement a-t-il marqué, mais on le remarque à pratiquement chacune de ses présences. Ce n’est pas une réelle surprise, mais jouer avec Nick Suzuki le sert mieux qu’avec Jonathan Drouin.

En baisse

Denis Gurianov

La lune de miel, s’il y en a une eu, n’a pas été longue. En deuxième période, il a perdu son poste sur le premier trio, et son temps de glace de 13 min 34 s a été son plus faible en quatre matchs avec le CH. Le talent est évident. L’engagement ? Moins.

Le chiffre du match

58

Les deux équipes se sont échangé trois buts en l’espace de 58 secondes en troisième période – celui d’Ivan Barbashev, des Knights, et ceux d’Alex Belzile et Rafaël Harvey-Pinard. Pour calmer ses joueurs, Bruce Cassidy, entraîneur-chef des locaux, a demandé un temps mort. Ça l’a bien servi.

Dans le détail

Un déménagement précipité

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Alex Belzile (60), Frédéric Allard (82) et Michael Pezzetta (55)

Avec sa copine et leur chien, Frédéric Allard devait s’envoler vers Montréal dimanche matin pour rejoindre le Rocket de Laval. Le défenseur québécois avait été acquis vendredi par le CH. Or, samedi après-midi, Allard a reçu un appel lui enjoignant de partir pour Vegas afin de « probablement » affronter les Golden Knights. Il était alors affairé, avec sa copine et des coéquipiers du Reign d’Ontario, dans la Ligue américaine, à tout emballer ce que contenait leur appartement pour un déménagement express. Il a donc dû faire faux bond à sa meilleure moitié et s’est envolé pour le Nevada, où il est arrivé en fin de soirée. Dimanche, lorsqu’il est arrivé à l’aréna vers midi, l’entraîneur des défenseurs, Stéphane Robidas, lui a expliqué en une quinzaine de minutes les grandes lignes du système de jeu du Tricolore. Et à 15 h, le match s’amorçait. Malgré le chaos, le jeune homme croit avoir vécu « le meilleur des deux mondes ». « Je n’ai pas eu le temps de penser, a-t-il dit après la rencontre. J’étais tellement dans le jus à tout organiser, j’avais tellement de choses à penser, que je n’ai pas pensé au hockey avant d’arriver. Ça a aidé à enlever le stress. » Sur la glace, Allard s’en est bien sorti, décochant deux tirs en 11 min 31 s de jeu.

Un voyage coûteux

Les histoires comme celle de Frédéric Allard font du bien, mais sa présence avec l’équipe est néanmoins attribuable à l’incapacité de Kaiden Guhle de disputer la rencontre. Ce dernier a semblé se blesser au bras ou à l’épaule du côté droit, vendredi soir, en première période de l’affrontement contre les Ducks d’Anaheim. Martin St-Louis a indiqué avant la joute de dimanche ne pas redouter une longue absence, mais il s’agit néanmoins du deuxième défenseur à être tombé au combat pendant ce voyage, après Justin Barron. Les deux sont atteints au « haut du corps », et on s’attend à en savoir davantage – ou pas – à leur sujet mardi, puisque l’équipe est en congé lundi. Comme si ça ne suffisait pas, Joel Edmundson a lui aussi semblé incommodé après avoir bloqué un tir de William Karlsson en fin de deuxième période. Il est demeuré dans la rencontre, mais a relativement peu joué au dernier vingt, devancé par Jordan Harris, Mike Matheson et David Savard. Dossier à suivre, là aussi.

Quick fait bonne impression

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Jonathan Quick

À son premier départ dans l’uniforme des Knights, Jonathan Quick a laissé une bonne impression à ses nouveaux partisans. Malgré le style échevelé qui est le sien, il s’est dressé au cours des deux premières périodes. Ça s’est toutefois gâté en troisième, surtout sur le but d’Alex Belzile, qui a trompé sa vigilance avec un tir dans le haut du filet alors que le gardien avait commencé à s’agenouiller. Son entraîneur a toutefois eu de bons mots pour lui, rappelant qu’il avait conclu la rencontre avec la victoire. « Le premier but [du Canadien], il y avait un écran, a rappelé Bruce Cassidy. Le deuxième, c’était un bon tir. Et le troisième, ça s’est déroulé rapidement devant lui, et c’était le travail du défenseur de s’interposer. Il y aura des ajustements à faire avec nos défenseurs, car il bouge plus rapidement que nos autres gardiens. Mais dans l’ensemble, j’ai aimé son match. »

Ils ont dit

J’avais des chances depuis quelques matchs, mais ça ne voulait pas rentrer. Un but comme ça aidera ma confiance. C’était un très beau jeu d’Ylönen.

Rafaël Harvey-Pinard

On n’était pas satisfaits de notre première période. [Les Knights] ont créé beaucoup de chances, et on ne s’est pas bien défendus. Au milieu de la deuxième, on a comencé à créer davantage, à mieux jouer. Et en troisième, on a très bien joué. C’était un bel effort d’équipe, je suis bien content.

David Savard

Je pense que [Frédéric Allard] a connu 48 heures intenses. Il s’en est vraiment bien sorti. Il a fait de beaux jeux, a bien placé les rondelles. C’est le fun pour lui de se tremper les pieds dès le départ. Comme notre système est différent de celui des Kings [son ancienne équipe, NDLR], il a besoin d’ajustements. Mais dans l’ensemble, il a joué un bon match.

David Savard

Je trouve qu’il [Allard] a bien fait ça. Un défenseur, quand tu ne le remarques pas trop, c’est bon, parfois. Il a gardé les choses simples et nous a donné de bonnes minutes.

Martin St-Louis