À un certain moment, les Maple Leafs ont envoyé sur la glace une unité d’avantage numérique qui valait plusieurs millions de dollars, alors que le Canadien répliquait avec un désavantage numérique composé, en gros, de trois gars de la Ligue américaine.

C’est ce bout-là qui résume le mieux le match de samedi à Toronto, où le Canadien a bien essayé, mais comme on le sait, essayer, ce n’est souvent pas assez. Parce qu’il faut aussi réussir, et que le Canadien n’a pas réussi grand-chose dans cette défaite de 5-1, face à des Maple Leafs tout simplement trop forts.

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En fin de soirée à Toronto, Martin St-Louis a rappelé que le Canadien a « 10 gars de la Ligue nationale qui ne jouent pas » et qui sont, en d’autres mots, sur la liste des blessés. Ce qui est vrai, mais cela n’explique pas tout.

Par exemple, pourquoi Mike Hoffman, parvenu presque seul devant le gardien Joseph Woll, a-t-il tenté une feinte normalement réservée au week-end des Étoiles pour marquer un but (il n’a pas marqué, évidemment) ? Pourquoi Joel Armia, oublié seul devant ce même Woll, s’est-il endormi avant de recevoir la passe parfaite de Jonathan Drouin (il n’a pas marqué lui non plus) ? Pourquoi Evgenii Dadonov n’a-t-il pu profiter de cette autre passe parfaite de Drouin en avantage numérique (non, pas de but ici non plus) ? On parle après tout de vétérans aguerris, qui devraient faire mieux que ça.

Ce club n’est plus dans le coup, bien évidemment, mais Martin St-Louis insiste pour dire que les attentes demeurent les mêmes.

« Il faut que les joueurs restent engagés, il faut travailler sur ce qu’on veut travailler, et il faut bâtir notre marque, pour ainsi dire, a expliqué le coach montréalais. Poursuivre sur ce qu’on a construit toute la saison, y rester fidèle. C’est notre but. Mes attentes visent la manière dont on joue. C’est la manière de mesurer le succès dans la situation où on est.

« Si on revient sur le match en Caroline [jeudi soir], lors des deux premières périodes, on était dans le match. Ici, j’ai beaucoup aimé notre première. Ils ont passé du temps dans notre zone, mais on a aussi passé du temps dans leur zone. On sait qu’on peut jouer avec tout le monde. [Si on] regarde leurs deux premiers buts, ça bondit sur nos bâtons, ça arrive. Je sens qu’on travaille bien. »

Malgré les blessures, malgré les malchances et tout et tout, il y a quand même une froide réalité qui se dresse devant ce club : les deux derniers matchs ont mené à une marque combinée de 11-3 en faveur des adversaires.

Retenir les bons coups, les petites victoires, c’est bien, mais c’est un peu comme affirmer qu’au fond, quand on y pense, Milli Vanilli avait quand même une couple de bonnes chansons dans son répertoire.

« Je crois qu’on a bien joué dans l’ensemble lors des deux derniers matchs, a répondu Josh Anderson. On va repenser à tout ça, repenser à ce qu’on doit faire pour obtenir de meilleurs résultats, et on va continuer notre travail. »

À ce sujet, il sera intéressant de voir qui aura l’occasion de poursuivre l’aventure après le 3 mars, date limite des échanges dans la LNH. Sur les ondes de Sportsnet samedi, on a laissé entendre que finalement, contrairement aux cent mille rumeurs qui circulent sur quantité de sites qui prétendent savoir des choses, la direction du Canadien pourrait être très tranquille d’ici cette date fatidique.

Dans les circonstances, en effet, ce scénario paraît plausible ; on n’échange pas un joueur blessé, et on ne se met pas non plus à échanger des joueurs quand on a du mal à trouver du monde pour compléter la formation.

Jonathan Drouin, qui a connu une autre bonne soirée – il a réussi un total de sept tirs au but, un sommet parmi les joueurs des deux équipes –, estime qu’il y a encore un peu de lumière.

« On était dans ce match pendant un bout de temps, a noté l’attaquant québécois. On se sentait bien, c’était 1-1… mais on leur a donné trop d’occasions de marquer. C’est une équipe qui a trop de talent, avec des marqueurs de haut calibre. Lors des deux derniers matchs, on se sentait dans le coup, mais les deux fois, l’adversaire a pris l’avantage lors de la troisième période… »

Le légendaire Bill Parcells le disait souvent : nous sommes ce que notre fiche dit que nous sommes. Eh bien, en cette fin de soirée, samedi à Toronto, le Canadien arrivait en 26place du classement général de la LNH.

C’est ça qui est ça.

En hausse

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Jonathan Drouin

Cette défaite gênante n’est certes pas sa faute. En fait, si Armia et Dadonov avaient su profiter de ses passes parfaites, le Canadien aurait eu au moins deux buts de plus.

En baisse

PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, LA PRESSE CANADIENNE

Joel Armia

Un autre de ces matchs où l’attaquant finlandais a l’air complètement absent.

Le chiffre du match

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

David Kampf (64) célèbre après avoir marqué contre le Canadien.

11

Le nombre de buts accordés par le Canadien à ses deux derniers matchs.

Ils ont dit

On aurait aimé jouer un meilleur match, on n’a pas su profiter de nos occasions, et eux, ils ont pu le faire. Ce fut la différence.

Josh Anderson

On savait qu’ils allaient arriver avec de l’énergie, surtout après la grosse transaction qu’ils ont pu conclure vendredi. On leur a donné trop de chances de marquer, et une telle équipe n’a pas besoin de tant de chances de marquer…

Jonathan Drouin

J’ai aimé notre première période, et en deuxième, j’ai senti que le match nous a glissé des doigts. On a manqué des chances, beaucoup de deux contre un, et on n’a pas marqué.

Martin St-Louis

Dans le détail

Un premier point avec les Leafs pour O’Reilly

Obtenu la veille dans le cadre de la grosse transaction à trois équipes que l’on sait, Ryan O’Reilly a fini par arriver à temps samedi soir à Toronto, et l’attaquant a pu prendre part à ce match face au Canadien, son premier à titre de membre des Maple Leafs. Le vétéran, moins barbu que jadis, a été modestement applaudi par le public torontois lors des présentations, avant que ce même public ne retombe dans une sorte de sommeil sporadique, comme c’est souvent le cas par ici. L’ancien des Blues de St. Louis a amorcé le match au centre du deuxième trio, en compagnie de John Tavares et de Mitch Marner, et il a obtenu son premier point dans le maillot à la feuille d’érable, une passe sur le troisième but des Leafs, le deuxième de la soirée pour Michael Bunting, réussi lors de la deuxième période.

Dach, Wideman et Monahan en haut, sur la galerie

Les représentants des médias ont eu de la compagnie, samedi soir à Toronto, quand les trois absents du Canadien pour ce match sont venus s’installer juste à côté d’eux. Ainsi, on a vu Kirby Dach, absent en raison d’un virus, Chris Wideman, laissé de côté, et Sean Monahan, qui ne progresse pas vraiment dans sa tentative de retour, selon ce que Martin St-Louis avait laissé entendre plus tôt dans la journée. Corey Schueneman, rappelé du Rocket de Laval samedi, a pris part au match. Son rappel avait été nécessaire en raison de la blessure d’un autre défenseur, Arber Xhekaj, dont le nom a été inscrit sur la liste des blessés. Rappelons que Xhekaj est sorti de la patinoire du Centre Bell dimanche dernier en pointant son épaule droite.

L’aréna Scotiabank : froid comme un frigo

Il y a des choses qui ne changent pas dans la vie, et parmi celles-ci, il y a l’ambiance aux matchs des Leafs à Toronto. Avec la grosse transaction de la veille, avec un match un samedi soir face aux rivaux de Montréal, on aurait pu s’attendre à une foule super bruyante, mais non, il n’en fut rien. Par moments, c’était si tranquille dans la place qu’on parvenait presque à entendre ce que les joueurs se disaient depuis les hauteurs de la bâtisse. Malgré tout, Ryan O’Reilly a bien aimé sa première soirée dans le maillot à la feuille d’érable. « Je me suis retrouvé sur la glace pour la première mise en jeu et j’ai ressenti l’énergie de la foule… C’est la Mecque du hockey ici », a fait savoir le vétéran au terme de la rencontre.