Josh Anderson arrivait visiblement d’un coin du globe où l’accès à de la crème solaire était impossible. Samuel Montembeault s’est moqué de David Savard qui a tenté de garder la forme sous le chaud soleil du Mexique. Rafaël Harvey-Pinard a décrit la météo sibérienne du Saguenay.

L’ambiance n’était pas triste, jeudi après-midi, dans le vestiaire du Canadien. Au retour de 10 belles journées de congé, les joueurs venaient de se livrer à un entraînement exigeant. Les sourires faciles, les fronts trempés, les teints basanés (sauf Harvey-Pinard) : le bonheur d’avoir poinçonné sa carte de pointage à l’entrée de l’usine était sincère.

« Tout le monde est arrivé avec beaucoup d’énergie, on est contents de se revoir », s’est enthousiasmé Nick Suzuki.

D’une seule voix, ses coéquipiers et lui ont affirmé que cette période de repos était tombée juste à point. Avec l’infirmerie qui débordait et les défaites qui s’accumulaient avant la pause, les batteries et le moral étaient un peu à plat.

L’arrêt des activités était encore plus providentiel sur le plan mental que sur le plan physique, a confirmé l’entraîneur-chef Martin St-Louis. On était à ça d’entendre « merci la vie ».

Cette fébrilité est d’autant plus précieuse que les prochaines semaines ne se profilent pas comme une partie de plaisir.

On écrivait plus haut que l’infirmerie débordait avant le congé. On peut certainement ajuster notre temps de verbe et le faire passer au présent.

Sean Monahan, qui soigne une blessure à un pied depuis plus de deux mois, et Joel Edmundson, victime d’une mystérieuse blessure au « haut du corps » subie il y a deux semaines, ont patiné tout doucement avant leurs coéquipiers. Leur échéancier de guérison sera établi au cours des prochains jours, nous dit-on. Joel Armia, censé être rétabli après le match des Étoiles, ne s’est pas entraîné avec le groupe principal, jeudi. Le club signale toutefois que, contrairement aux deux autres, il s’est entraîné pendant la pause. Son cas est à classer au très populaire rayon des « réévaluations quotidiennes ».

On ne reverra pas Cole Caufield cette saison. Probablement pas Juraj Slafkovsky et Jake Evans non plus, ou si peu. Kaiden Guhle et Brendan Gallagher devraient finir par refaire surface, mais pas tout de suite.

Rare rayon de soleil : Jonathan Drouin a pris part à l’entraînement complet des siens, sur le quatrième trio. Puisqu’il n’a pas joué depuis le 15 janvier, il n’est pas encore acquis qu’il sera en uniforme samedi après-midi contre les Islanders de New York.

Contre les meilleurs

Comme si ça ne suffisait pas, ajoutons à la liste deux mauvaises nouvelles de plus.

D’abord, le calendrier. Les hommes de Martin St-Louis disputeront les trois quarts de leurs matchs restants (23 sur 31) contre des équipes présentement dans le portrait des séries éliminatoires (18) ou au cœur de la course pour y parvenir (5). Cela inclut sept duels contre des équipes parmi les quatre meilleures du classement général – Boston, Caroline, New Jersey et Toronto.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal affrontera ses rivaux de Toronto le 18 février prochain. Le Canadien avait remporté leur dernier duel, le 21 janvier dernier, malgré les 18 points les séparant au classement général lors de la pause du match des Étoiles.

Enfin, il y a l’infâme spectre de la date limite des transactions, dans trois semaines, soit le vendredi 3 mars. Celle-ci pourrait être relativement tranquille si Edmundson et Monahan, principales monnaies d’échange de l’organisation, ne sont pas en mesure de jouer d’ici là.

Qu’importe, les semaines précédant cette journée fatidique sont toujours porteuses de stress. Celles qui suivent, surtout si les changements sont nombreux, peuvent être (très) pénibles. La saison dernière, par exemple, le CH avait présenté une fiche de 5-13-2 après cette date butoir.

Le mot d’ordre est donc clair. « Un match à la fois », a résumé Samuel Montembeault.

On affronte beaucoup de bonnes équipes d’ici la fin de la saison. C’est important qu’on continue de s’améliorer, qu’on reste dans la bonne direction.

Samuel Montembeault

Les « distractions » venues de l’extérieur de l’aréna seront nombreuses, a prévenu Michael Matheson. « C’est important de se concentrer sur ce qui arrive sur la glace et de ne pas trop penser au reste », a-t-il ajouté. Un peu avant le congé, son équipe a livré des performances convaincantes contre des adversaires relevés comme les Bruins de Boston ou les Maple Leafs de Toronto. Il préfère garder celles-là en tête que celles, nettement plus ternes, qui ont suivi.

« Notre mentalité ne doit pas changer, a insisté Nick Suzuki. On doit continuer à grandir. On a encore beaucoup de blessés et la date limite des transactions peut être lourde pour certains joueurs. Le mieux qu’on puisse faire, c’est venir travailler et essayer de ne pas s’en faire. »

Martin St-Louis, lui, a un tout petit peu ouvert son jeu sur ses plans. Pour une rare fois, il semble ouvrir la porte à un partage des tâches plus équitable devant le filet. « On va laisser les performances nous parler », a-t-il dit à ce sujet.

Après avoir tant bien que mal tenté d’ajuster le jeu en zone défensive, on tentera de redonner de l’amour à l’attaque, a-t-il aussi noté.

Du reste, on « continue à construire sans regarder trop loin ». Les yeux sont rivés sur le week-end qui arrive, avec des duels successifs contre des Islanders en grande forme et contre les Oilers d’Edmonton de Connor McDavid.

« On va contrôler ce qu’on peut contrôler », a aussi déclaré le pilote. Le cliché est gros comme le Centre Bell. Mais c’est déjà, en soi, un défi de taille.