Ainsi donc, pour la première fois de l’histoire, le Québec ne comptait aucun représentant au match des étoiles de la LNH, ce week-end.

La situation en a indigné certains ; oui, il aurait été chic d’inviter Patrice Bergeron, le capitaine de la meilleure équipe au classement, même s’il vient au quatrième rang des compteurs de son club et que son coéquipier David Pastrnak a presque deux fois plus de points que lui.

Bergeron constitue un leader exceptionnel à la carrière exceptionnelle et la LNH a déjà rendu ce type d’hommage par le passé.

Mais cet « affront », comme plusieurs le qualifient, nous donne aussi l’occasion de nous regarder dans un miroir.

Reculons de quelques décennies. Ils étaient cinq en 1993, lors du match des étoiles au Forum. On en aurait eu un sixième si Mario Lemieux n’avait pas été en traitement pour guérir son cancer.

Cette année-là, on comptait trois Québécois dans le top 10 des compteurs de la LNH, soit Lemieux, Pierre Turgeon et Luc Robitaille ; et cinq dans le top 25 avec Joé Juneau et Vincent Damphousse.

Les défenseurs Steve Duchesne et Raymond Bourque figuraient parmi les cinq meilleurs producteurs de points à leur position. Patrick Roy constituait déjà depuis plusieurs saisons la crème parmi les gardiens de la Ligue.

Dans les 10 cuvées précédant ce match, 22 Québécois ont été repêchés dans le top 20 par les équipes de la LNH, dont deux au premier rang total, Mario Lemieux et Pierre Turgeon, et le frère de Pierre, Sylvain, au deuxième rang.

Dix ans plus tard, en 2003, on dénombrait six Québécois au match des étoiles. On comptait davantage de hockeyeurs européens en Amérique du Nord pour faire compétition aux joueurs du Québec, mais on pouvait néanmoins retrouver trois Québécois parmi les 30 premiers compteurs : Mario Lemieux, Vincent Lecavalier et Martin St-Louis. C’était aussi l’ère de la domination des gardiens québécois. Quatre avaient été invités cette rencontre : Patrick Roy, Martin Brodeur, Patrick Lalime et Jocelyn Thibault. Marc Denis avait constitué le gardien le plus occupé de la Ligue cette saison-là en disputant 77 matchs à Columbus.

Dans les 10 cuvées précédant ce match en 2003, 15 Québécois ont été repêchés dans le top 20 par les équipes de la LNH, dont deux au premier rang total et cinq dans le top 5.

On ne retrouve cette année aucun Québécois avant le 29e rang du classement des compteurs de la LNH, Pierre-Luc Dubois, 52 points en autant de rencontres avec Winnipeg. On lui a préféré pour la rencontre des étoiles son coéquipier Josh Morrissey, un point de plus… un défenseur. Le meilleur compteur des Jets, Kyle Connor, a été snobé malgré 59 points, dont 24 buts.

Chez les défenseurs, aucun Québécois ne figure parmi les 20 meilleurs compteurs. Thomas Chabot pointe au 25e rang avec 29 points en 45 matchs. Il est le seul parmi le top 50, mais Kris Letang s’y retrouverait s’il n’avait pas raté une vingtaine de matchs.

Les meilleurs gardiens sont désormais russes, Vasilevskiy, Shesterkin, Sorokin. Marc-André Fleury, 38 ans, mène les Québécois au chapitre des victoires avec 16, au 16e rang de la Ligue à ce chapitre. Le second est Samuel Montembeault avec dix, au 37e rang de la LNH.

Au cours des dix dernières cuvées, seulement sept Québécois, Jonathan Drouin, Samuel Morin, Anthony Mantha, Thomas Chabot, Pierre-Luc Dubois, Alexis Lafrenière et Zachary Bolduc ont été choisis parmi le top 20. Ils étaient 22 entre 1983 et 1992 et 15 entre 1993 et 2002, on le rappelle.

L’été dernier, la Slovaquie, un pays de cinq millions d’âmes, a vu deux de ses fils, Juraj Slafkovsky et Simon Nemec, être repêchés parmi les deux premiers. Filip Mesar a constitué le troisième choix originaire de la Slovaquie en première ronde.

Dans la dernière décennie, le Québec ne rivalise évidemment pas avec le reste du Canada avec seulement sept joueurs choisis dans le top 20, ni avec les Américains (42), les Suédois (22), les Finlandais (15) ou les Russes (15). Il se retrouve plutôt dans la catégorie de la Suisse (6) et de l’Allemagne (6), qu’il devance par seulement un joueur.

Au lieu de quémander à la LNH une faveur pour satisfaire notre amour-propre, pourquoi ne pas se retrousser les manches ? Il y a beaucoup de travail à faire…

Sidney Crosby plaide pour un changement de format en séries

PHOTO JASEN VINLOVE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Sidney Crosby (87)

Le capitaine des Penguins de Pittsburgh a profité de sa tribune lors du match des étoiles pour souhaiter le retour à l’ancienne formule lors des séries éliminatoires. Entre 1993 et 2013, la première équipe de chaque association affrontait la huitième, la deuxième la septième, et ainsi de suite.

Les Maple Leafs de Toronto ont sûrement applaudi. On fait les gorges chaudes des insuccès des Leafs en séries, mais ils constituent les premières victimes du système actuel.

En 2018, Toronto a terminé au septième rang du classement général, mais affronté la quatrième équipe, Boston, en première ronde. Les Leafs ont terminé au même rang l’année suivante, et ont fait face à nouveau aux Bruins, cette fois troisièmes au classement général.

Ils n’ont qu’eux à blâmer pour la défaite aux mains du Canadien en 2021, mais en 2022, ils étaient opposés dès la première ronde aux champions en titre et huitième équipe au classement général, le Lightning de Tampa Bay, malgré une quatrième place au classement général. Ils occupent le troisième rang au classement général cet hiver, mais affronteront vraisemblablement à nouveau Tampa en première ronde. Faudra-t-il congédier tout le monde en cas d’échec ?

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