« On dirait que ça me rend encore plus heureux de les rendre fiers », a lancé, tout sourire, Thomas Bordeleau à La Presse en sortant de la patinoire, dimanche soir. Il venait de se faire photographier avec son père et son grand-père, Sébastien et Paulin, sur la patinoire de la Place Bell après son premier concours d’habiletés de la Ligue américaine.

Dimanche avait lieu la première de deux journées du week-end des Étoiles de la LAH. À travers la mer de chandails du Rocket et du Canadien, on pouvait apercevoir, à une extrémité de la patinoire, quelques chandails des Sharks de San Jose. Du lot, Paulin Bordeleau et sa femme. « Je suis content de le porter ! Je suis fier ! », s’est exclamé Paulin avant l’évènement.

Ce n’est un secret pour personne : le hockey est une histoire de famille chez les Bordeleau. Paulin a évolué pour les Canucks de Vancouver et les Nordiques de Québec. Son fils, Sébastien, a porté les couleurs du Canadien, des Predators de Nashville, du Wild du Minnesota et des Coyotes de l’Arizona. Et son petit-fils, Thomas, dispute présentement sa première saison dans la Ligue américaine avec le club-école des Sharks. Ses 29 points en 45 matchs lui ont valu une invitation au week-end des Étoiles.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Thomas Bordeleau

« Je suis content d’être ici, c’est le fun pour moi, mais je pense que c’est encore plus le fun pour eux de me voir me développer. Ils m’ont tellement aidé dans ma vie, on dirait que je leur dois un peu », a soutenu l’attaquant après avoir signé des dizaines de chandails en bordure de la patinoire.

Le jeune homme ne manque pas de conseillers ; toute sa vie, il a pu compter sur l’aide et le soutien des deux hommes. Encore à ce jour, son père et son grand-père ne ratent presque aucun de ses matchs. Ils ont cependant chacun leur rôle…

« Mon grand-père essaie de garder ça plus léger parce qu’il sait que mon père y va plus avec les questions dures parfois, note Thomas en souriant. Mon grand-père est comme un vieux sage. Il a tellement d’expérience. Il a tellement vécu de choses. Il a réponse à tout. Il a vécu des choses que personne d’autre n’a vécues comme joueur et comme entraîneur. »

Le jeune homme de 21 ans parle d’aspects plus techniques avec son père. « Je suis rendu à un point où je peux lui expliquer que j’ai fait telle chose pour telle raison. On échange. Ma tête de hockey est plus développée qu’avant. C’est le fun. »

Bien entouré

Sébastien Bordeleau a passé bien près de ne pas pouvoir assister au match des Étoiles de son fils ; l’organisation des Predators lui a finalement accordé deux jours de congé de plus. Quand on lui fait remarquer, avant le concours d’habiletés, qu’il ne porte pas de chandail des Sharks comme son père, l’homme de 47 ans s’esclaffe. « Il n’y en avait plus ! », s’exclame-t-il à la blague.

L’ex-attaquant, qui passe son quotidien à développer des joueurs de hockey chez les Predators, tâche de ne pas prendre trop de place dans le développement de Thomas. « J’essaie de laisser les coachs [du Barracuda] s’occuper de lui, explique-t-il. Il est bien entouré à San Jose. »

Son fils a vécu une déception, en début de saison, quand les Sharks ont décidé de le retourner dans la Ligue américaine pour poursuivre son développement. Rappelons que le jeune homme avait déjà disputé huit rencontres dans la LNH l’an dernier. Le paternel voit néanmoins le bon côté des choses.

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Paulin Bordeleau dans les gradins de la Place Bell à Laval

« Je pense que le processus de la Ligue américaine est toujours important, évoque-t-il. Moi, je suis passé par là. Il y a plusieurs bons joueurs qui sont au Temple de la renommée qui sont passés par la Ligue américaine. On n’a qu’à regarder Martin St-Louis ici, qui y a passé plusieurs années. Je pense que c’est un processus normal. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui font le saut direct. Jusqu’à maintenant, ça se passe bien. »

Même son de cloche de côté de Paulin, qui nous explique que « l’organisation [des Sharks] veut [que Thomas] se développe tranquillement », sans « brûler d’étapes ».

« Thomas trouve ça difficile un peu, mais il faut qu’il passe par là, dit l’homme de 70 ans. C’est à lui de faire en sorte qu’il se fasse remarquer et qu’il progresse. […] J’aime autant qu’il fasse son temps dans les mineures et qu’il monte ensuite dans la Ligue nationale pour deux ou trois mois avant de redescendre. »

Quoi qu’il arrive dans la carrière de Thomas, les deux hommes seront toujours là pour l’encourager, comme c’était le cas ce week-end à Laval. Parce qu’avant d’être des entraîneurs, avant d’être d’anciens joueurs, ils sont père et grand-père.

« S’il [atteint la LNH], tant mieux. Mais on va être fiers de toute façon, même s’il ne le fait pas, laisse entendre Paulin. Il a eu un bon parcours. C’est notre petit-fils et on va toujours l’aimer, on va toujours être avec lui ! »

Ambiance festive

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Anthony Richard

L’ambiance était à la fête entre les murs de la Place Bell, dimanche soir, alors que tous les billets avaient trouvé preneurs pour le concours d’habiletés. Les partisans ont d’ailleurs réservé une belle ovation aux deux représentants du Rocket, Anthony Richard et Alex Belzile. Ils se sont aussi permis quelques huées en direction des joueurs des Marlies de Toronto. Comme quoi la rivalité ne prend pas de pause.

Après le concours d’habiletés, tous les joueurs sont restés sur la patinoire pendant près de 30 minutes pour une séance de photos et d’autographes sur le bord de la bande. Les baies vitrées avaient été retirées, facilitant le contact entre joueurs et partisans. « Je pense que je n’ai jamais eu autant d’attention des partisans, a lancé Anthony Richard. […] Pour eux, c’était l’occasion d’apprendre à nous connaître. C’était le fun d’avoir une interaction avec eux à la fin. De venir nous encourager comme ça, ce n’est pas obligatoire. Ça montre l’appui de la foule à Laval. »

« C’est tout l’amour québécois du hockey, ça fait partie de nous, a quant à lui soutenu Alex Belzile. C’était une expérience incroyable. Les partisans ont répondu à l’appel. Je n’étais pas surpris, mais c’était encore plus que ce que je pensais. »

Un record battu

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Ethen Frank

La Conférence de l’Est a eu le dessus sur celle de l’Ouest au terme des sept épreuves du concours d’habiletés. La recrue des Bears de Hershey Ethen Frank a remporté haut la main l’épreuve du patineur le plus rapide ; l’attaquant de 25 ans a fait son tour en 12,915 secondes, un record dans la Ligue américaine. Il a d’ailleurs battu Andrei Svechnikov, qui a remporté cette même épreuve, mais chez les patineurs de la Ligue nationale ce week-end.

L’attaquant du Rocket de Laval Anthony Richard a terminé troisième (13,322 s.) chez les six patineurs qui prenaient part à l’épreuve. « J’avais une petite pression, mais je n’avais jamais vraiment calculé ma vitesse sur un tour, alors j’étais content de mettre un chrono là-dessus, a indiqué le Québécois. Si ce n’était du record battu, j’aurais eu une bonne performance ! Je suis satisfait. »