Pas facile, avec le plafond salarial, de maintenir une équipe dominante. Il faut non seulement les chevaux pour gagner, mais du génie et de l’adaptabilité de la part des gestionnaires.

Il suffit de quelques blessures importantes, la perte de joueurs clés sur le marché des joueurs autonomes, quelques mauvais choix au repêchage pour vous fragiliser.

Parlez-en aux champions en titre, l’Avalanche du Colorado. Ils sont encore bien positionnés en prévision d’une participation aux séries éliminatoires, mais leur marge de manœuvre est mince.

L’Avalanche est à deux points des Oilers d’Edmonton et de la dernière place donnant accès aux séries. Ils ont néanmoins quatre matchs de plus à disputer.

Par contre, ils doivent aussi devancer les Predators de Nashville, les adversaires du Canadien jeudi. Nashville a un point de plus, mais un match de moins à disputer. Les Blues de St. Louis, défaits à Montréal samedi, ont autant de points, mais trois rencontres de moins à disputer.

Les blessures ont fait mal à l’Avalanche. Le capitaine, Gabriel Landeskog, 59 points, dont 30 buts, en seulement 51 matchs l’an dernier, soit 48 buts et 95 points sur une saison complète, n’a toujours pas disputé de match cette saison.

Nathan MacKinnon a raté onze matchs. Valeri Nichushkin, 52 points, dont 25 buts, en 62 matchs la saison dernière, 15 points en 20 matchs de séries, a disputé seulement 15 parties. Le prometteur défenseur Bowen Byram est absent depuis le 4 novembre en raison d’une blessure au bas du corps.

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Valeri Nichushkin et Nick Suzuki

À ces pertes s’ajoutent les départs sur le marché des joueurs autonomes l’été dernier de leur deuxième centre de l’an dernier, Nazem Kadri, troisième marqueur de l’équipe avec 87 points, un sommet en carrière, d’Andre Burakowsky, 61 points, et du gardien numéro un Darcy Kuemper.

Pour maintenir un niveau d’excellence, il faut éviter les mauvais choix au repêchage. De façon à pouvoir combler la perte de ces joueurs dont les exigences salariales sont devenues trop élevées.

Le 10e choix au total en 2016, Tyson Jost (un favori ici aussi, il faut le confesser), n’est jamais devenu le centre espéré. Il a été échangé à la date limite des transactions pour un joueur de location en mars. Jost tente à 24 ans de relancer sa carrière à Buffalo, où il a amassé six points à ses dix derniers matchs.

Le premier choix de 2017 (16e au total), l’ailier Martin Kaut, tente toujours de percer, à 23 ans, mais ses trois maigres points en 24 matchs ne jouent pas en sa faveur. Ça n’était néanmoins pas la grande manne à compter du 15e rang cette année-là, il faut l’admettre.

On a demandé au choix de première ronde en 2019 (16e au total), le centre Alex Newhook, repêché un rang après Cole Caufield, de remplacer Nazem Kadri au centre du deuxième trio. C’était un rôle pour lequel il n’était pas encore prêt, à 21 ans. Newhook a 13 points en 38 matchs. On l’a muté à l’aile et J. T. Compher tente de combler le vide au centre. Compher, 27 ans, ne fait pas mal, et il est en voie d’atteindre des sommets en carrière, mais il n’a jamais amassé plus de 33 points dans une saison.

Dans les circonstances, on prête donc à l’Avalanche de constituer un acheteur actif pour un deuxième centre d’ici la date limite des transactions.

Bo Horvat, des Canucks de Vancouver, est le candidat le plus prisé sur le marché, mais le nouveau DG de l’Avalanche, Chris MacFarland, et son président Joe Sakic n’ont probablement pas les appâts nécessaires ni la place sur le plafond salarial pour conserver Horvat après cette année (le capitaine des Canucks aura droit à l’autonomie complète en juillet).

La banque d’espoirs est vide en effet. Le Colorado n’a pas repêché avant la sixième ronde en 2022, a déjà échangé ses choix de deuxième, troisième et quatrième ronde en 2023 et ses choix de deuxième et troisième ronde en 2024. Il lui reste néanmoins encore ses choix de première ronde lors des deux prochaines cuvées, du moins pour l’instant. Sinon des espoirs comme les défenseurs Conor Timmins et Justin Barron ont déjà été transigés.

Un joueur de location comme Sean Monahan, s’il recouvre pleinement la santé prochainement, pourrait constituer une solution intéressante.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Sean Monahan

Landeskog n’est pas prêt à revenir au jeu, après avoir été opéré au genou en octobre. Il a subi un recul dans son processus de réhabilitation. Nichushkin est à nouveau embêté par sa cheville. Mais il a recommencé à patiner.

Il sera intéressant de suivre le parcours de l’Avalanche ces prochaines semaines. Il ne faut évidemment pas écarter une formation dotée de MacKinnon, Rantanen et Cale Makar.

Pas facile néanmoins d’imiter le génie créatif de la direction du Lightning de Tampa Bay, menée par Julien BriseBois et Mathieu Darche.

Après deux Coupes Stanley et une finale, Tampa maintient une fiche de 24-13-1 malgré la perte ces dernières années de Ryan McDonagh, Ondrej Palat, Yanni Gourde, Blake Coleman, Barclay Goodrow, Tyler Johnson et compagnie.

L’échange d’Anthony Mantha, trois ans plus tard

Un an après son arrivée à Detroit, le DG Steve Yzerman a pris une décision importante en échangeant son meilleur ailier, Anthony Mantha, pourtant âgé de 25 ans, pour Jakub Vrana et des choix de première et deuxième ronde, en avril 2021. Mantha venait d’amasser 38 points en 43 matchs la saison précédente, et Vrana n’était plus dans les bonnes grâces de son entraîneur à Washington malgré une saison de 52 points en 69 matchs.

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Jake Allen et Anthony Mantha

Cette transaction revient dans l’actualité aujourd’hui, car Vrana a été soumis au ballottage récemment, sans être réclamé. Vrana venait de se soumettre au programme d’aide de la LNH. Il a depuis été renvoyé dans la Ligue américaine, où il a obtenu une seule aide en six matchs.

Yzerman voulait rajeunir l’équipe, réduire sa masse salariale et ne croyait pas en Mantha. Celui-ci touche 5,7 millions cette saison et le même montant l’an prochain. Il a amassé 23 points en 42 matchs cette saison, après en avoir obtenu 23 en 37 l’an dernier.

Mantha n’est pas devenu l’ailier de puissance espéré par les Capitals. Après avoir disputé quelques rencontres sur le quatrième trio récemment, il a été rayé de la formation dimanche.

Detroit a échangé le choix de première ronde en 2021, 22e au total, aux Stars de Dallas avec un choix de deuxième ronde pour repêcher le gardien Sebastian Cossa au 15e rang. Celui-ci connaît des débuts difficiles chez les professionnels à seulement 20 ans et joue dans l’ECHL. Le choix de deuxième ronde en 2022 a servi à repêcher un certain Dmitri Buchelnikov. Celui-ci est ballotté entre la KHL, la VHL et la MHL à 19 ans.

En bref, il faudra attendre encore quelques années avant de savoir qui aura eu le meilleur dans cet important échange devenu un peu fade.

À ne pas manquer

  1. Sandro Grande n’aura donc pas eu le temps de diriger les U23 du CF Montréal. Devant le tollé général, il a été congédié par l’équipe 15 heures après sa nomination. Les détails d’Alexandre Pratt, Tommy Chouinard et Simon-Olivier Lorange.
  2. Cristiano Ronaldo a-t-il souillé son image en quittant Manchester United pour l’Arabie saoudite ? Un texte d’Alexandre Pratt.
  3. Le Canadien perd-il à cause de son chandail bleu poudre ou en raison de son manque d’intensité ? L’analyse de Simon-Olivier Lorange.