Le Championnat mondial junior étant terminé depuis quelques jours, il faut jouer au rabat-joie aujourd’hui.

Joshua Roy a certes épaté avec ses 11 points en 7 matchs, dont la passe sur le but gagnant en finale, au sein du meilleur trio du Canada ; Adam Engström jouait au sein de la première paire de la défense suédoise ; Oliver Kapanen et Vinzenz Rohrer étaient au centre du premier trio de leurs équipes respectives, la Finlande et l’Autriche ; le défenseur Lane Hutson a amassé quatre points en sept matchs à seulement 18 ans ; Filip Mesar a été un catalyseur à l’attaque pour la Slovaquie et Owen Beck a finalement été rappelé par l’équipe canadienne et a montré beaucoup d’efficacité dans un rôle limité, à seulement 18 ans.

De ce lot de sept espoirs du CH, le plus haut total parmi les équipes de la Ligue nationale de hockey, combien joueront éventuellement à Montréal dans un rôle important ? À la lumière du passé, deux ou trois, quatre dans des circonstances exceptionnelles.

Ils étaient aussi sept en 2019. Avec ses huit points, dont cinq buts, en sept matchs, Ryan Poehling avait été couronné le joueur par excellence du tournoi. Ce choix de première ronde du Canadien en 2017 a évidemment terminé au premier rang des compteurs américains, devant Alexander Chmelevski et un certain Jason Robertson, repêché une quinzaine de rangs plus loin, en deuxième ronde, par Dallas.

Cayden Primeau avait été fumant devant le filet américain avec quatre victoires et une défaite, et une moyenne de 1,61. Alexander Romanov avait terminé en tête des compteurs chez les défenseurs avec huit points en sept matchs, sans oublier de la robustesse et de l’entrain à souhait.

Jesse Ylonen, un choix de deuxième ronde en 2018, a amassé six points en sept matchs, au deuxième rang chez les compteurs de la Finlande, mais Nick Suzuki s’était contenté de trois aides en cinq matchs, loin derrière les trois premiers compteurs du Canada, Morgan Frost, Maxime Comtois et Cody Glass.

Le défenseur Josh Brook avait connu un tournoi modeste, mais sa seule présence avec l’équipe canadienne constituait une agréable surprise, tandis que Jacob Olofsson demeurait un espoir méconnu.

On pouvait espérer, à la conclusion du tournoi, voir au moins trois ou quatre de ces espoirs avoir éventuellement un impact à Montréal, avec en tête évidemment Poehling, Primeau et Romanov, peut-être Ylonen. La performance de Suzuki en avait refroidi plusieurs.

Poehling a enchaîné avec trois buts à son premier match à Montréal, contre Toronto, quelques mois plus tard. Le voilà aujourd’hui au sein d’un quatrième trio chez les Penguins de Pittsburgh, avec huit points en 31 matchs, pas vilain, mais largué par Montréal l’été dernier dans l’échange de Jeff Petry pour alléger la masse salariale. Celui qui s’était contenté d’un but et six aides pour les Américains à ce tournoi, Jason Robertson, est désormais au quatrième rang des compteurs de la LNH avec 57 points en 41 matchs, derrière McDavid, Draisaitl et Pastrnak. Comme quoi le Championnat mondial junior est une bête un peu trompeuse.

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Ryan Poehling et Frederik Andersen

Cayden Primeau, 23 ans, est toujours dans la Ligue américaine. Après des séries éliminatoires impressionnantes l’an dernier, il connaît une saison difficile, marquée par les blessures.

Alexander Romanov est devenu un bon défenseur dans la LNH, mais pas le défenseur offensif qu’il était pour les Russes. Il a servi d’appât pour obtenir Kirby Dach et joue au sein de la première paire chez les Islanders, est employé une vingtaine de minutes comme ses quatre autres collègues Dobson, Pelech, Mayfield, Pulock, et montre 13 points en 41 matchs, en route vers une saison de 26 points.

Ylonen, 23 ans, progresse bien à Laval. Il a 27 points en 34 matchs, mais pas assez pour mériter un rappel pour l’instant. Anthony Richard a eu cette chance, Rem Pitlick et Rafaël Harvey-Pinard seront sans doute les prochains.

Jacob Olofsson est toujours en Suède et devrait y demeurer, il n’appartient même plus à l’organisation du Canadien. Brook tente de relancer sa carrière dans la Ligue américaine au sein de l’organisation des Flames de Calgary, mais il attend toujours la chance de disputer un premier match dans la LNH.

Dans le cas de Suzuki, inutile de vous raconter la suite, on ne l’échangerait pas pour dix Poehling.

Un fait encourageant néanmoins pour la cuvée actuelle : tous les espoirs du Canadien en 2019 avaient 19 ans. Ils étaient parmi les plus vieux à ce tournoi, donc en position de dominer.

Cette année, outre Joshua Roy et Oliver Kapanen, Filip Mesar, Lane Hutson, Vinzenz Rohrer, Owen Beck avaient tous 18 ans et sont admissibles au tournoi l’an prochain. Adam Engström est de la cuvée 2022 lui aussi, mais a eu 19 ans six semaines avant le début du tournoi, donc considéré comme un late dans le jargon du métier.

Une prédiction audacieuse ? Hutson deviendra le meilleur du groupe et un défenseur important pour le Canadien.

Slafkovsky et Wright, deux routes opposées

Shane Wright vient donc d’être renvoyé dans les rangs juniors en Ontario, où il serait près d’être échangé aux Knights de London. Le Canadien et le Kraken a adopté deux approches aux antipodes pour ces deux joueurs repêchés dans le top 4 l’été dernier.

Wright a entamé la saison dans la LNH comme Slafkovsky, mais a été rayé de la formation à plusieurs reprises, avant d’être renvoyé dans la Ligue américaine en novembre pour retrouver la forme. Il a disputé un match avec le Kraken à son retour, contre le Canadien, avant d’être prêté à l’équipe nationale junior.

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Juraj Slafkovsky, Shane Wright et Logan Cooley.

Après un tournoi en demi-teinte, Wright terminera donc la saison chez les juniors, où il aura la chance de dominer avec les Knights de London des frères Hunter, dominants ces dernières semaines après un début de saison plus difficile.

Certains reprochent au Canadien de ne pas avoir permis à Slafkovsky de représenter la Slovaquie au Championnat mondial junior. On a opté pour la stabilité. Le jeune homme demeure dans le même environnement et obtient sa douzaine de minutes par rencontre, même s’il ne produit pas beaucoup ces temps-ci.

Wright a l’occasion de se frotter à une compétition moins relevée, mais il aura joué pour quatre clubs et autant d’entraîneurs ces dernières semaines : le Kraken, les Firebirds de Coachella Valley dans la Ligue américaine, l’équipe canadienne junior et enfin les Knights.

L’approche Wright n’a pas bien fonctionné avec Barrett Hayton et Dylan Strome en Arizona, quoique Strome va mieux depuis son départ du désert, mais a été positive pour Mark Scheifele.

L’approche Slafkovsky n’a pas donné de bons résultats avec Jesperi Kotkaniemi à Montréal ou Alexis Lafrenière à New York (du moins jusqu’ici), mais a donné des résultats dans le cas de Jack Hughes et, à l’époque, Joe Thornton et Vincent Lecavalier.

L’avenir saura bien nous le dire !

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  1. Simon-Olivier Lorange nous offre son bulletin du quart de saison. Au tableau d’honneur, un gardien bombardé de toutes parts et un attaquant qui adore bombarder les gardiens de toutes parts…
  2. On comprend la réaction de Juraj Slafkovsky à porter l’uniforme couleur Schtroumpf contre le Kraken, lundi soir au Centre Bell. Montréal n’a pas encore gagné en trois matchs avec ce chandail rétro. Les détails de Guillaume Lefrançois.
  3. Dominic Tardif s’entretient avec la lutteuse LuFisto, qui encaisse depuis 25 ans coups de pied, poing, chaise, néon. Comme quoi La Presse fait les choses différemment dans sa section des sports !