On ne pourra pas accuser Martin St-Louis d’être incohérent. Depuis le début de la saison, l’entraîneur-chef répète que le processus prime les résultats, que la progression de l’équipe ne se mesurera pas en victoires.

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Or, quelles meilleures circonstances pour mettre à l’épreuve son adhésion à cette philosophie d’organisation que ce duel de milieu de saison contre les Rangers de New York ?

Au bout du compte, le Canadien a perdu ledit duel 4-1, pour une fiche « kevin mccarthesque » de 0-6-1 à ses sept derniers matchs.

Le CH a mis 17 minutes à obtenir un premier tir. Il a eu droit aux huées de la foule en troisième période, au terme d’une séquence où il a pourtant bourdonné en zone offensive, mais où il a aussi laissé passer de belles occasions de tirer profit du « jeu parfait, de la passe d’extra », a reconnu St-Louis.

Dans les dernières minutes d’une deuxième période damnante, où le Tricolore ne générait pas grand-chose tout en accordant trois buts en six minutes, le vétéran Chris Wideman a tiré une rondelle dans la bande, en proie à la frustration, après un arrêt de jeu.

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David Savard et Kaapa Kakko

Bref, les défaites s’accumulent, la déception monte, sur la glace comme dans les gradins. Mais St-Louis avait consacré sa rencontre du matin au resserrement défensif, et resserrement il y a eu, malgré les quatre buts (on y reviendra). C’est pourquoi l’entraîneur-chef s’est pointé devant les micros avec un certain sentiment de satisfaction.

« J’étais content de la première période parce qu’on a attaqué les choses dont on a parlé, et c’est notre jeu défensif », a-t-il d’abord dit.

« Si tu regardes les statistiques avancées dont on se sert, c’était 15-15 dans les chances de marquer. Je prendrais ça tous les matchs », a-t-il laissé tomber dans une autre réponse, avant de hausser l’optimisme d’une coche.

« On n’a pas gagné le match, mais on s’est retrouvés un peu comme équipe. On s’était perdus sur le dernier voyage. Ce soir, c’est un bon signe pour ce qui s’en vient. »

Un message relayé par le capitaine. « Les gars ont bien répondu et ont mieux joué défensivement », a estimé Nick Suzuki.

Des cas à gérer

Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le resserrement observé jeudi. Les Rangers ont tiré 31 fois, soit pas mal moins que dans les pétarades que furent les sept matchs du dernier voyage (moyenne de 37,7 tirs par match). Les chances de marquer étaient aussi en baisse, et les Montréalais ont enfin fait preuve de discipline, écopant de seulement trois pénalités, dont deux dans les trois dernières minutes.

Malgré ce resserrement, c’était tout de même 3-0 pour la visite après 34 minutes de jeu. La malchance explique en bonne partie le troisième but – la rondelle a dévié sur Suzuki.

Mais les deux autres buts découlent des fameuses tendances auxquelles St-Louis accorde beaucoup d’attention. Le premier a été le résultat d’une vilaine passe de Juraj Slafkovsky, qui a l’air de ce qu’il est, depuis trois semaines : un joueur de 18 ans. Non seulement il est en panne offensivement (aucun point à ses 10 derniers matchs), mais ses mauvaises lectures de jeu se multiplient et elles font mal au Canadien.

Le deuxième a été un cadeau offert par Jake Allen à Braden Schneider. « J’aurais dû arrêter celui-là. Des trois buts, c’est lui que j’aimerais revoir. Ça a frappé ma tête et c’est rentré », a expliqué le gardien.

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Alexis Lafrenière et Kirby Dach

Allen connaît lui aussi des moments difficiles. À ses six derniers matchs, il a accordé un but tous les huit tirs (efficacité de ,874), loin du ratio d’un but en 11 tirs généralement attendu. Cela dit, Samuel Montembeault, la surprise du premier tiers de la saison, vient de connaître deux sorties difficiles d’affilée. Il n’y a pas vraiment de solutions ici, sinon souhaiter qu’une meilleure gestion défensive aide les deux gardiens à retrouver leur élan d’octobre.

Les options avec Slafkovsky sont plus nombreuses. Un séjour à Laval en fait partie, d’autant que le retour visiblement imminent de Sean Monahan ajoutera un attaquant dans l’équation. Pendant qu’on y est, il faudra aussi déterminer ce qui adviendra de Justin Barron, laissé de côté jeudi après avoir joué comme un défenseur qui a encore besoin de temps dans la Ligue américaine.

La LNH n’est pas une ligue de développement, dit-on souvent, même si le Canadien va à l’encontre de ce principe cette saison. Elle peut en être une pour les jeunes comme Kaiden Guhle, Jordan Harris et Arber Xhekaj, qui réussissent à suivre la parade malgré tout. Mais dans certains cas, un détour au niveau inférieur ne peut pas nuire non plus.

Dans le détail

Un bout sans Guhle

Les nouvelles ne sont pas très bonnes dans le cas de Kaiden Guhle, blessé depuis le match du 29 décembre, contre les Panthers à Sunrise. Le Canadien continue à jouer la carte de l’opacité dans le dossier des blessures, mais le jeune défenseur a été vu à la sortie du vestiaire, jeudi en fin de soirée, avec une attelle à la jambe gauche. De toute évidence, son retour au jeu n’est pas pour demain, ni même après-demain, mais le Canadien s’est contenté de dire que d’autres examens seraient nécessaires dans son cas. Interrogé sur la possible longue durée de l’absence du défenseur blessé, Martin St-Louis n’a pas apporté plus de précisions… sinon pour confirmer que ce ne serait pas pour bientôt. « On ne sait pas pendant combien de temps il sera absent, s’est borné à répondre l’entraîneur. Mais on va continuer à faire un bout de chemin sans lui. »

Une première période difficile

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Evgenii Dadonov a été l’auteur du premier tir à atteindre Jaroslav Halak au cours de la soirée, alors qu’il restait moins de quatre minutes à jouer en première période.

Les partisans qui avaient choisi de braver le froid, la glace et éventuellement les lourdes factures du Centre Bell n’ont pas été gâtés durant la première période. En fait, le spectacle s’est révélé si navrant de la part de l’équipe locale que le premier tir du Canadien n’est survenu qu’à 3 min 7 s de la fin de cette première période, de la part d’Evgenii Dadonov. Ce tir a par la suite provoqué une ovation que l’on devine sarcastique aux quatre coins du Centre Bell, et le Canadien a conclu ce premier engagement avec un gros total de 4 tirs. Malgré tout, Martin St-Louis a vu le côté positif des choses. « J’étais content de notre première période parce qu’on a atteint notre objectif en défense, a-t-il expliqué. On n’a pas donné beaucoup de chances aux Rangers en première, même durant le match au complet. Si on compare avec les chances accordées de notre part lors des derniers matchs, il s’agit d’une bonne amélioration. »

L’apprentissage de Slafkovsky

Il y aura des hauts et des bas dans le cas d’un joueur de première année, bien évidemment, et ça a certes été un exemple de bas pour Juraj Slafkovsky lors du premier but des Rangers. En plein avantage numérique, le jeune attaquant a refilé une passe vers l’arrière un peu trop risquée en direction d’Arber Xhekaj. Le défenseur a raté la rondelle, et c’est plutôt Chris Kreider qui l’a récupérée, pour partir seul face à Jake Allen et marquer le premier but de son club. « On voudrait toujours pouvoir se racheter, a répondu Martin St-Louis. Il va probablement penser à ce jeu. Il va s’en remettre, ça fait partie du jeu. […] c’est important que les vétérans aident les jeunes comme lui, ça fait partie de la progression d’un joueur. Il se retrouvera peut-être dans une situation similaire sous peu, et il fera plus attention. C’est comme ça qu’il va grandir. »

Ils ont dit

Une des rares victoires de ce soir pour nous était son but. C’était comme si on lui avait enlevé un poids des épaules. Il aura plus de confiance et moins de pression, donc souhaitons que ça rentre davantage.

Jake Evans, au sujet de Joel Armia

Si c’est une passe plus vive, c’est probablement un bon jeu. Quand t’es devant un joueur aussi rapide, il faut que ce soit un jeu vif. J’ai déjà passé à travers ça. Il n’y a pas grand-chose à ajouter, il comprend ce qui s’est passé.

Nick Suzuki, au sujet de l’erreur de Juraj Slafkovsky sur le but de Chris Kreider

La confiance de plusieurs joueurs est probablement à son plus bas de la saison. Il faut juste trouver une façon de se sortir du pétrin. On l’a fait l’an passé.

Nick Suzuki

On s’éloignait de notre plan de match et les équipes nous attaquaient de partout. On a mieux joué, on était plus à point. Une défaite reste une défaite, mais c’était un pas dans la bonne direction.

Jake Allen

Aujourd’hui, c’est un signe d’engagement des joueurs sur notre tâche. On va continuer à travailler là-dessus tout en progressant ailleurs, mais on va prendre notre temps, parce qu’on a vraiment besoin de régler ça.

Martin St-Louis

En hausse 

Jake Evans

Dans un match où les émotions étaient à plat, il s’est démené comme il le fait toujours et a réussi à rendre visibles Joel Armia et Evgenii Dadonov, ce qui n’est pas peu dire.

En baisse 

Jake Allen

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Jake Allen

Pour une trop rare fois, la défense montréalaise a tenu le fort en zone défensive et l’équipe s’est montrée disciplinée. Mais Allen a été généreux au mauvais moment, en deuxième période.

Le chiffre du match

48

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Joel Armia

C’est le nombre de tirs dont a eu besoin Joel Armia pour marquer son premier but de la saison. Il a bien failli marquer son deuxième sur son tir suivant, qui a abouti sur le poteau.