Il fut une époque où le hockey était dominé par les joueurs canadiens. Les temps ont bien changé.

Auston Matthews.

Chris Kreider.

Kyle Connor.

Alex DeBrincat.

Matthew Tkachuk.

Jake Guentzel.

Johnny Gaudreau.

Jason Roberston.

Brock Nelson.

Troy Terry.

Tage Thompson.

Leurs points en commun ? Ils sont tous Américains. Ils figurent également parmi les 22 premiers buteurs de la LNH.

Onze des 22 premiers buteurs de la Ligue nationale sont Américains. Deux seulement, Connor McDavid et Matt Duchene, sont Canadiens…

En 1980, les hockeyeurs américains constituaient 9 % des joueurs de la Ligue nationale de hockey, contre 82 % de Canadiens.

Quarante ans plus tard, leur nombre a triplé, tandis que le nombre de joueurs canadien a diminué de moitié.

Proportion de joueurs canadiens et américains au fil du temps

  • 2021 : 42 % c. 27 %
  • 2010 : 51 % c. 20 %
  • 2000 : 57 % c. 16 %
  • 1990 : 73 % c. 16 %
  • 1980 : 82 % c. 9 %

Il ne s’agit pas ici de verser dans le chauvinisme à la Don Cherry et dénigrer une nationalité au détriment d’une autre, mais de mieux saisir l’efficacité de la stratégie de la LNH.

Depuis 1990, on a élargi de façon spectaculaire le marché aux États-Unis. On a ajouté dix équipes au moyen de l’élargissement des cadres, et on y en a ajouté une onzième lors du déménagement des Nordiques de Québec à Denver.

En contrepartie, on a fait naître une équipe canadienne à Ottawa et les Thrashers d’Atlanta ont été relocalisés à Winnipeg.

On a établi des clubs dans des marchés non traditionnels, en Californie, au Tennessee, au Nevada, en Floride, en Arizona et en Caroline.

Mais comment populariser des équipes américaines garnies essentiellement de joueurs canadiens ? En augmentant le nombre de joueurs locaux.

À compter de 2009, la LNH a pris la décision de verser 8 millions annuellement au programme USA Hockey. Il s’agissait d’une hausse gigantesque puisqu’elle octroyait seulement 400 000 $ à cet organisme jusqu’en 2005, et 1,2 million en 2008.

Cette même année 2009, les trois circuits juniors canadiens, les ligues de l’Ouest, de l’Ontario et du Québec, qui fournissaient à la LNH la majorité de ses joueurs, recevaient en compensation une somme comparable à ce que l’on donnait aux Américains, mais Hockey Canada, dont la mission est de développer les jeunes joueurs canadiens, devait se contenter de 100 000 $ par année.

Le président de Hockey Canada à l’époque, Bob Nicholson, était bien heureux en marge d’une conférence de presse en cet après-midi de juin 2009 de constater qu’un journaliste de La Presse s’intéresse à la question.

« Ça donne aux États-Unis une structure et un avantage certain. Je peux comprendre qu’ils veuillent renforcer le hockey aux États-Unis. Ils ont un nombre important d’équipes de la Ligue nationale là-bas. Mais j’espère que la Ligue nationale continuera à se souvenir que le Canada lui fournit 58 % des joueurs. Nous avons besoin qu’elle en fasse plus pour nos programmes de hockey mineur. Et je ne parle pas seulement d’argent ici, mais de diverses ententes semblables à celles qu’ils ont avec USA Hockey. Nous avons plusieurs immigrants au Canada et nous devons faire la promotion de notre sport différemment. C’est notre responsabilité, mais nous avons besoin de l’aide de la LNH en raison de sa visibilité. »

On comprendra peut-être un peu mieux désormais pourquoi la Ligue nationale n’est pas pressée de modifier le règlement qui permet aux équipes de la LNH d’attendre quatre ans avant de devoir offrir un contrat à un jeune repêché dans la NCAA, comparativement à deux ans pour ceux qui proviennent des ligues juniors canadiennes. Dans le cas des jeunes issus des écoles secondaires américaines, les clubs de la Ligue nationale ont cinq ans pour leur soumettre une offre de contrat.

En 2019, sept des quinze premiers choix de la LNH provenaient du programme de développement des USA : Jack Hughes, Alex Turcotte, Trevor Zegras, Matt Boldy, Spencer Knight, Cam York et Cole Caufield, contre trois Canadiens, Bowen Byram, Dylan Cozens et Kirby Dach.

Pas plus bête qu’un autre, le Canadien a puisé allègrement aux États-Unis depuis une quinzaine d’années. Entre 2006 et 2019, sept de leurs quatorze choix de première ronde étaient Américains. Un huitième, Louis Leblanc, provenait d’un circuit américain et s’apprêtait à joindre la NCAA.

Le Canadien compte neuf joueurs américains dans sa formation actuelle, dont certains de ses plus beaux joyaux, Cole Caufield et Jordan Harris, des produits de l’essor du hockey américain.

Sans doute parce que USA Hockey est devenue une trop grande bureaucratie, la LNH, depuis l’an dernier, leur verse plus de 8 millions annuellement. On cible désormais davantage ses investissements.

Baptême réussi pour Owen Power

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Owen Power

Le premier choix au total de la LNH en 2021, le défenseur Owen Power, a vécu son baptême avec les Sabres mardi soir et Buffalo a vaincu aisément les puissants Maple Leafs de Toronto 5-2. Power a joué presque 20 minutes, et même en infériorité numérique, et il se trouvait sur la glace lors de deux buts de son club. Son coéquipier Alex Tuch lui a servi le compliment ultime après la rencontre : « On dirait qu’il joue dans cette ligue depuis dix ans alors qu’il en était à un premier match. Tout lui paraissait facile. »

L’autre star des Wolverines de l’Université Michigan, le centre Matt Beniers, a obtenu une aide dès le début de son premier match, dans une défaite de 5-3 du Kraken de Seattle contre les Flames de Calgary. Beniers a joué plus de 17 minutes au centre du premier trio.

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