Tandis que les jeunes Caufield, Romanov et compagnie renaissent depuis l’arrivée de Martin St-Louis, les recruteurs du Canadien sillonnent le monde à la recherche de la prochaine perle à ajouter au groupe.

Malgré les victoires récentes de l’équipe, le CH est virtuellement assuré de repêcher dans le top cinq. Il peut rejoindre les Coyotes de l’Arizona au 31rang, et demeure à sept points du Kraken de Seattle, avec deux matchs supplémentaires à jouer. Les Devils du New Jersey ont dix points d’avance sur Montréal.

Fait intéressant, les choses se corsent au sommet chez les espoirs en prévision du repêchage de 2022. Même s’il a amassé 16 points à ses 11 derniers matchs, pour 57 points en 40 rencontres cette saison, le centre droitier Shane Wright n’est plus le premier choix consensuel.

L’Américain Logan Cooley, plus explosif sur patins, se rapproche de Wright dans l’estime de plusieurs recruteurs. Et avec sept buts en autant de rencontres aux Jeux olympiques avec la Slovaquie, l’ailier Juraj Slafkovsky entre désormais dans la conversation.

Le collègue Simon Boisvert, collaborateur au 91,9 Sports à titre de spécialiste du repêchage, suit ces jeunes depuis que ceux-ci ont 15, 16 ans.

Simon Boisvert s’est fait connaitre sur le blogue Rondelle Libre il y a plusieurs années sous le sobriquet « Simon Snake ». Ce crack des espoirs avait une plume acérée et des opinions tranchées. Il a été le premier à mettre les lecteurs sur la piste de Jeff Skinner, presque un an avant le repêchage de 2010, alors que celui-ci n’était même pas classé en première ronde. Les Hurricanes l’ont finalement choisi au septième rang. Skinner s’approche des 300 buts en carrière.

Simon Boisvert a attiré l’attention des médias nationaux et obtenu un poste au sein de l’équipe de recruteurs des Screaming Eagles du Cap-Breton, puis des Foreurs de Val-d’Or, où il a d’ailleurs recommandé Jordan Harris et Sean Farrell avant qu’ils ne soient repêchés par le Canadien.

Il a aussi insisté auprès des dirigeants du Cap-Breton pour qu’on repêche un certain Oliver Bjorkstrand lors du repêchage européen de la Ligue canadienne junior en 2012. Les Screaming Eagles ne l’ont pas écouté et opté pour Adam Veliki, retranché au camp d’entraînement. Bjorkstrand a été repêché par Portland, dans la Ligue junior de l’Ouest et y a connu des saisons de 63, 109 et 118 points, avant d’être repêché par Columbus. Bjorkstrand a terminé au premier rang des compteurs des Blue Jackets l’an dernier.

En 2012, Simon Boisvert s’est attiré les railleries avant le repêchage en osant classer Filip Forsberg au premier rang de sa liste personnelle alors que Nail Yakupov faisait l’unanimité. Presque dix ans plus tard, Forsberg, repêché au 11rang, est le meilleur compteur de sa cuvée avec 429 points en 535 matchs et Yakupov n’est plus dans la LNH depuis longtemps.

En 2017, Cale Makar figurait au premier rang sur sa liste même si le jeune homme jouait dans la Ligue junior A de l’Alberta. Makar a été repêché au quatrième rang par l’Avalanche, qui en a surpris plusieurs à l’époque avec ce choix.

Comme tout recruteur, Simon Boisvert peut se tromper. En 2013, il était un peu trop entiché de Valeri Nichushkin, premier sur sa liste. Nichushkin, finalement repêché au dixième rang par Dallas, a débloqué cette année au Colorado avec 26 points en 34 matchs au sein d’un deuxième trio avec Nazem Kadri et Andre Burakovsky, mais le choisir avant Nathan MacKinnon et Aleksander Barkov aurait constitué une gaffe de taille. Heureusement pour lui, ces types d’erreurs d’évaluation sont rares dans son cas.

Et il ne sort pas toujours non plus des sentiers battus comme certains se plaisent à le lui reprocher puisque les Crosby, Patrick Kane, Drew Doughty, Matt Duchene, Tyler Seguin, Nugent-Hopkins, McDavid, Laine, Rasmus Dahlin et Kaapo Kakko figuraient au premier rang de sa liste à leurs repêchages respectifs.

Que voit-il dans sa boule de cristal cette année ? Simon Boisvert voit ce grand centre de 6 pieds 4 pouces et 210 livres, Conor Geekie, dans sa soupe, malgré un coup de patins qui suscite certaines craintes chez les recruteurs. Geekie a amassé 48 points en 43 matchs cette saison à Winnipeg dans la Ligue junior de l’Ouest.

« Je dois y aller avec Conor Geekie au premier rang, affirme notre homme. C’est le gars qui a le plus de marge de développement à mes yeux. Des gars avec un tel gabarit à 17 ans, capable de fabriquer des jeux, je n’ose pas imaginer ce qu’il va devenir à 23, 24 ans. Certains lui reprochent un manque de vitesse, mais les joueurs de 5 pieds 9 ont toujours l’air plus rapides que les gars de 6 pieds 4. Sa foulée est puissante. Il a une façon d’entrer en zone adverse avec la rondelle, je le trouve imposant et il a une très bonne vision. Il protège bien la rondelle, il a tout pour réussir dans la LNH et ça peut devenir un centre numéro un même s’il n’est pas prêt à dominer dans la Ligue nationale l’an prochain. Je verrais un bon combo complémentaire de Suzuki et Geekie au centre. »

Le centre Logan Cooley, 50 points en 40 matchs au sein du programme de développement américain, figure au deuxième rang sur la liste de Simon Boisvert, devant Shane Wright. « C’est une valeur sûre. Très habile, excelle dans les deux sens de la glace, même si je ne crois pas qu’il deviendra une future superstar. »

Notre homme aime bien Shane Wright, mais pas nécessairement au premier rang. « Je ne peux pas l’ignorer. Ça demeure un gars qui va connaitre une bonne carrière dans la LNH, un centre numéro deux au sein d’une très bonne équipe et un numéro un avec un club plus faible. Il a déjà un lancer de haut calibre pro, il a un bon sens du jeu, mais sa progression entre 15 et 17 ans a été décevante parce qu’il n’a pas joué l’an dernier. À 15 ans, on voyait en lui un joueur générationnel. Il commence à être meilleur en deuxième moitié de saison, mais je ne le trouve pas si impliqué. Il faut abandonner les comparaisons avec Patrice Bergeron.

Simon Boisvert n’est pas encore convaincu par la sensation des Olympiques, Juraj Slafkovsky.

« J’ai eu un gros coup de cœur pour Slafkovsky à 16 ans l’an dernier parce qu’il avait une combinaison de gabarit, vitesse, ardeur au travail. Tu t’attends à une grosse progression dans les années futures. J’ai commencé à décortiquer son jeu avant les Olympiques parce qu’on ne décortique pas le jeu d’un joueur à 16 ans. Il a encore les belles qualités, mais est-ce qu’il possède la créativité nécessaire pour être un gros producteur de points dans la Ligue nationale ? Je ne dis pas oui ou non, mais c’est mon questionnement. Les Olympiques, c’est bien ce qu’il a pu y faire, mais c’est un très petit échantillon et c’est une compétition qui n’a rien à voir avec la LNH. Je serais très embêté de la classer parmi les cinq premiers en ce moment. Ça va prendre plus d’étude d’ici juin. »

Après Geekie, Cooley et Wright, notre spécialiste est perplexe. « Il y a une coupure importante pour moi après le troisième rang. Certains deviendront très bons, d’autres vont décevoir, et en ce moment c’est difficile de les identifier. Avec le choix numéro quatre, je serais bien embêté, mais un gars qui ne sera pas choisi top dix, mais qui est dans le mien, et que je considérerais sérieusement, c’est Cutter Gauthier, qui joue avec Logan Cooley. Je ne dis pas que je le prendrais au quatrième rang, mais il m’inspire davantage que Simon Nemec, Joakim Kemell, un joueur unidimensionnel, ou quelques autres. »

Choix du CH — Choix de Simon

2005 : Carey Price — Anze Kopitar

2006 : David Fischer — Claude Giroux

2007 : Ryan McDonagh — Lars Eller

2009 : Louis Leblanc — John Moore

2010 : Jarred Tinordi — Evgeni Kuznetsov

2011 : Nathan Beaulieu — Matt Puempel

2012 : Alex Galchenyuk — Filip Forsberg

2013 : Michael McCarron — J. T. Compher

2014 : Nikita Scherbak — Nikita Scherbak

2015 : Noah Juulsen – Roope Hintz

2016 : Mikhail Sergachev – Tyson Jost

2017 : Ryan Poehling – Eeli Tolvanen

2018 : Jesperi Kotkaniemi — Quinn Hughes

2019 : Cole Caufield — Peyton Krebs

Les Flames montent, le choix du CH s’éloigne…

Les Flames de Calgary ont remporté une dixième victoire de suite lundi. Ils grimpent ainsi au dixième rang du classement général, et voient ainsi le choix de première ronde cédé au Canadien pour Tyler Toffoli s’éloigner. Si on devait se fier uniquement au classement général, le Canadien repêcherait au 25rang. Mais le rang de sélection est déterminé par le rendement en séries éliminatoires. Si les Flames remportent une ronde et voient des équipes devant elles au classement subir l’élimination au tour préliminaire, le choix de première ronde sera situé encore plus loin en première ronde. Mais si Calgary perd en première ronde et voit des clubs derrière elle au classement gagner au premier tour, le choix se rapprochera davantage du 20rang. Le pire scénario serait de voir les Flames atteindre le carré d’as ou la finale. Montréal ne choisirait pas avant le 29e rang.

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