Marie-Pier Houle s’apprête à renouer avec l’action, jeudi soir, six mois après son combat dramatique contre Jeanette Zacarias Zapata, au stade IGA.

L’attente aura été un peu plus longue que prévu pour Marie-Pier Houle. Un mal pour un bien, peut-être, alors qu’elle remontera dans le ring pour la première fois depuis le triste évènement de l’été dernier.

« J’aurais aimé rembarquer en 2021 et vraiment tourner la page un peu sur ce qui s’est passé. Je ne peux pas effacer ce qui est arrivé, ça fait partie de mon bagage, de qui je suis maintenant. Je sais que ça va me coller à la peau pour le reste de ma carrière », a reconnu la boxeuse en conférence de presse vidéo, mardi matin.

En août dernier, l’athlète de Terrebonne avait passé le K.-O. à son opposante mexicaine à la fin du quatrième round. Celle-ci est morte quelques jours plus tard de ses blessures à la tête. L’une des histoires marquantes de l’année sportive au Québec.

Houle devait revenir à l’action en janvier, mais les contraintes associées à la pandémie auront retardé sa rentrée.

D’avoir eu un peu plus de mois pour me préparer, d’abord ça a fait en sorte que les mauvaises langues sur l’internet ont fini par arrêter un peu. C’est moins pire. Déjà, c’est un plus.

Marie-Pier Houle

Et puis, le suivi psychologique dont elle a profité – soutenue également par ses proches et son équipe – aura eu plus de temps pour faire son œuvre. À l’entraînement, elle n’a ressenti ni craintes ni blocages.

« C’est bon signe. C’est quelque chose que je dois mettre derrière. Je ne veux pas que ça me paralyse pour le reste de ma carrière. Je ne pense pas que ça va arriver parce que je me sens vraiment mieux. J’ai fait la paix avec ça. Ça va bien. »

Au Cabaret du Casino de Montréal, Marie-Pier Houle (4-0-1, 2 K.-O.) ne pourra jouir de l’appui de ses bruyants partisans contre l’Argentine Yamila Esther Reynoso (12-9-3, 8 K.-O.), puisque le gala se tiendra à huis clos.

« Mais ce camp d’entraînement là, on l’a fait vraiment isolés, tout seuls. Dans le gym, cachés dans le fin fond du sous-sol à Sainte-Adèle où il faisait à peu près -40 degrés, avec les tuyaux qui pètent, les toilettes qui ne flushent plus… », a-t-elle raconté.

Bref, une préparation sans distractions à la veille d’un combat qui se déroulera sans l’énergie du public.

Un bon test

Reynoso a subi la défaite à cinq de ses six derniers duels, mais contre des adversaires au dossier enviable. Et elle n’a jamais été arrêtée avant la limite. Parmi ses autres revers, l’un a été encaissé contre Marie-Eve Dicaire en 2017.

Cette boxeuse qu’on dit « agressive » permettra à Houle, 31 ans, de se situer dans le peloton des poids mi-moyens.

« Je ne veux pas sauter d’étapes, mais en boxe féminine, il n’y a pas grand monde qui ne prend pas de risques, a fait remarquer la Québécoise, thérapeute en réadaptation physique. Et à la suite de mon dernier combat, je n’avais pas envie de ravoir quelqu’un qui allait être encore un combat supposément facile… »

L’affrontement est prévu pour six rounds, en demi-finale de l’évènement mis sur pied par GYM et Probellum, une association récente qui pourrait durer jusqu’à cinq ans.

La finale, chez les super-légers, mettra aux prises le gaucher montréalais Mazlum Akdeniz (15-0, 8 K.-O.), protégé de GYM, et Erick Encinia (14-5-1, 5 K.-O.). Si sa fiche n’est pas reluisante, le Mexicain a causé la surprise à deux reprises en 2021 contre des opposants qui lui étaient théoriquement bien supérieurs.

Akdeniz dit s’attendre à un combat « assez facile », s’il exécute bien son plan, bien qu’il soit conscient du danger que représente Encinia.

Le Québécois ne veut pas brûler d’étapes, faire plusieurs combats de 10 rounds, lui qui a commencé la boxe sur le tard.

Le gala mettra également en vedette le prometteur poids lourd gaucher Alexis Barrière (4-0, 3 K.-O.), de même que Derek Pomerleau – entraîné par Stéphan Larouche –, qui fera ses débuts professionnels contre Daniel Beaupré, de Halifax. Ce dernier a remporté son seul combat… en huit secondes.

Le défi : reconquérir le public

Encore tout récemment, les deux principaux promoteurs québécois – GYM et Eye of the Tiger Management – ont dû de nouveau repousser des évènements en raison des conditions sanitaires liées à la COVID-19. Cette xième reprise sera-t-elle la bonne ?

Quoi qu’il en soit, par la force des choses, la pandémie aura transformé l’industrie de la boxe. « Ça nous a obligés à penser différemment », a résumé Yvon Michel, président de GYM. D’où son association avec Probellum, qui compte des ententes avec une trentaine de promoteurs dans le monde.

Les temps les plus difficiles, son organisation les a vécus l’été dernier, alors qu’elle venait de se faire refuser un évènement au Centre Bell.

« On ne savait vraiment pas comment on allait être capables de récupérer. Nos boxeurs étaient découragés, il n’y avait pas de revenus, ils regardaient vers d’autres opportunités de travail », a avoué le promoteur.

Le pire de la tempête semble passé. Maintenant, il faudra reconstruire.

« La pandémie, l’impact le plus difficile, c’est qu’on dirait que ça a démobilisé le public. Pour le sport en général, encore plus pour la boxe, a admis Yvon Michel. Notre défi actuel, c’est de réussir à ramener le public à la boxe. »

Il prédit une belle foule pour son gala du 25 mars, à Trois-Rivières, où la vente de billets va bon train.

Après l’ère faste des Ouellet, Lucas, Bute et Pascal, Michel s’attend à renouer avec des assistances importantes d’ici environ un an.

« Kim Clavel n’est pas si loin d’attirer beaucoup », assure-t-il.

Clavel se battra d’ailleurs au Cabaret du Casino de Montréal le 11 mars.