Christian Dvorak fête ses 26 ans cette semaine. Avec une production offensive aussi modeste, un jeu défensif moins efficace qu’annoncé et un manque d’enthousiasme assez évident, on se demande où il figure dans les plans à moyen et long terme de Kent Hughes.

Dvorak symbolise bien la fin de règne décevante de Marc Bergevin. Le DG déchu du Canadien l’a acquis en réaction à la perte presque simultanée de Phillip Danault et Jesperi Kotkaniemi.

Des telles transactions effectuées pour pallier des imprévus, des échanges sous pression, sont rarement payantes.

Bergevin s’est servi des choix de première et troisième rondes offerts par les Hurricanes de la Caroline en compensation à la perte de Kotkaniemi pour acquérir Dvorak.

Le nouveau conseiller des Kings de Los Angeles croyait à tort que le Canadien serait compétitif cette saison, que Dvorak allait pouvoir remplacer Danault tout en comptant sur Jake Evans pour colmater le trou au centre du troisième trio.

Cinq mois plus tard, cet échange, le dernier du règne de Marc Bergevin, ne regarde pas bien.

Dvorak a amassé seulement 16 points en 34 matchs malgré un temps d’utilisation de 17 : 42, le plus haut total chez les attaquants du club après Nick Suzuki. Il est aussi l’un des attaquants utilisés le plus souvent en moyenne en supériorité numérique.

À 21 ans, et en jouant à peine une douzaine de minutes par rencontre sur un quatrième trio, Kotkaniemi a une moyenne de points par match identique à celle de Dvorak (20 points en 42 rencontres), mais 16 points à ses 22 derniers matchs. On ne peut néanmoins pas refaire l’histoire et refuser d’offrir 6 millions par année à un jeune joueur encore en développement peut se défendre.

Cela dit, un club ne parait jamais très bien lorsqu’il vient de gaspiller des choix de première et deuxième ronde pour un joueur dans la mi-vingtaine, avant de sombrer au dernier rang du classement général quelques mois plus tard.

Bergevin a surestimé le potentiel de réussite du Canadien cette saison, quoique les blessures à long terme de Carey Price et Joel Edmundson étaient difficiles à prévoir. Il a néanmoins mal évalué la perte de leaders comme Shea Weber, et l’impact de son départ sur le jeu de Jeff Petry, de Danault et de Corey Perry.

Il faut toujours se méfier lorsqu’un club en reconstruction comme les Coyotes cherche à échanger un centre de 25 ans, sous contrat pour cinq ans à un salaire raisonnable de 4,5 millions par année, après une saison de 31 points, dont 17 buts, en 56 matchs (25 buts et 45 points au pro rata d’une saison complète). Ne fait-il pas partie de la solution à moyen et long terme ?

Heureusement, Bergevin a su négocier pour protéger le meilleur de ses deux choix. En terminant parmi les pires clubs de la Ligue nationale, le Canadien s’assure de céder le choix des Hurricanes obtenu pour Kotkaniemi, et non le sien.

En termes de taux de victoires, les Hurricanes occupent le deuxième rang du classement général. Si la tendance se maintenait, même en perdant en première ronde, ce choix se situerait autour du 25e rang. En remportant une ronde, ce choix serait repoussé au 29e rang, et ainsi de suite.

Le choix de deuxième ronde cédé aux Coyotes se situe en 2024. Le Canadien a le temps d’être un peu plus compétitif et ainsi rendre ce choix un peu moins alléchant, au début du second tour.

Que faire de Christian Dvorak ? Tant qu’à le vendre à rabais, il n’y a rien de dramatique à le garder dans la formation. Son salaire raisonnable n’hypothèque pas la masse salariale.

Dans un contexte plus favorable, il peut amasser une quarantaine de points par saison et solidifier le centre d’un troisième trio. Il est encore relativement jeune à 26 ans.

Il n’y a aucune pression à l’échanger. Par contre, si un rival offre à Kent Hughes un choix de première ronde pour ses services, il ne faudra pas hésiter.

Au moins, cette fois, le Canadien ne réaliserait pas de transaction sous pression.

Le coup de maître de Bob Gainey

Dans le dossier de mardi sur le résultat des ventes des directeurs généraux du Canadien au fil des dernières décennies, des lecteurs ont rappelé l’échange de Craig Rivet aux Sharks de San Jose pour un choix de première ronde devenu Max Pacioretty et Josh Gorges en février 2007. Il s’agit en effet de l’un de bons coups de Gainey. S’il ne figurait pas sur la liste, c’est que Montréal n’était pas engagé dans un processus de vente comme tel. Le Canadien occupait le troisième rang de sa division et demeurait au plus fort de la lutte pour une place en séries éliminatoires. Par contre, Rivet, alors âgé de 32 ans, n’était plus dans bonnes grâces de l’entraîneur Guy Carbonneau et avait même été rayé de la formation à quelques reprises. Son départ était prévisible, d’autant plus qu’il était en fin de contrat, et Gainey a profité d’une rare crampe au cerveau de son homologue Doug Wilson pour lui soutirer autant.

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