Soyez le parent que vous souhaitez être. Vous êtes le meilleur parent pour votre enfant. Je peux vous aider, voici comment. C’est avec des formules accrocheuses comme celles-ci que la New-Yorkaise Becky Kennedy, alias la Dre Becky, a conquis toute une nouvelle génération de parents. La coqueluche d’Instagram publie ces jours-ci la traduction française de son mode d’emploi : Parents attentifs. Elle a généreusement accepté de répondre à nos questions.

Vous êtes devenue un véritable phénomène pendant la pandémie, avec une toute première publication sur Instagram, le 28 mars 2020, rapidement devenue virale. En gros, vous avez écrit : « Nos enfants vont se souvenir de ces moments à la maison beaucoup plus que du virus. […] Armons-les de résilience, et non de panique. Voici comment. » Vous êtes sur toutes les tribunes depuis. Comment expliquez-vous ce succès ?

On nous a toujours présenté deux modèles d’éducation. Comme s’il n’y avait que deux options : être raide et répressif, ou doux et laxiste. Mon approche détonne parce qu’enfin, voilà une proposition qui permet à la fois d’asseoir une autorité parentale solide, tout en forgeant des liens profonds avec nos enfants. Enfin une approche qui respecte à la fois le parent et l’enfant. Et on le dit aux parents : on vous entend, on vous connaît, vous avez besoin d’aide et on est là pour vous. Et je pense que les parents sont soulagés. Enfin !

Au cœur de votre vision : l’enfant, comme fondamentalement bon. Comment cela se traduit-il au quotidien, et en quoi est-ce si nouveau ?

L’approche punitive confond l’enfant et son comportement, l’enfant et ses sentiments, l’enfant et ses motivations. Ce qui est nouveau, c’est qu’on propose de poser à la fois des limites solides, tout en validant les sentiments de l’enfant. Et c’est rassurant pour les parents : ils peuvent asseoir leur autorité, et respecter leur enfant pour ce qu’il est. À savoir : un bon enfant qui, parfois, passe un mauvais moment. Et non un mauvais enfant tout court.

Concrètement, cela veut dire : pas de punitions, pas de récompenses. On n’envoie pas non plus son enfant réfléchir dans sa chambre. Alors on fait quoi ? Des enfants-rois ?

Pas du tout. Ces punitions et récompenses passent à côté du problème : les enfants ont besoin d’outils pour la vie et de sécurité pour acquérir ces outils. Les enfants ont besoin de se sentir en sécurité dans la relation avec leur parent, mais cela ne veut pas dire qu’ils peuvent avoir tout ce qu’ils veulent, au contraire. Ils ont besoin de parents cohérents et fermes (« non, je ne te laisserai pas frapper ton petit frère »). Mais ils ont aussi besoin de parents qui voient le bon en eux (« mais c’est dur, hein, avoir un petit frère ? »).

Dans votre livre, vous conseillez de créer un « capital de connexions », en suggérant de consolider les liens, et pour ce faire, vous insistez sur l’importance des moments sans écrans… aux parents !

Les enfants ont besoin d’attachement. Ils cherchent les moments de connexion. Ça ne veut pas dire qu’ils peuvent les avoir tout le temps, mais en mettant votre cellulaire de côté, de temps en temps, vous leur dites : « Tu as mon attention la plus totale, je suis présent, tu en vaux la peine », et cela contribue à leur sentiment de sécurité. Et ça, c’est tellement important !

Au bout du compte, le but n’est pas de rendre nos enfants heureux, dites-vous, mais résilients. C’est audacieux comme proposition. Que voulez-vous dire ?

Plus on essaie de rendre nos enfants heureux quand ils sont jeunes, plus on les dirige tout droit sur le chemin de l’anxiété, une fois adultes. Pourquoi ? L’anxiété, c’est l’incapacité à supporter la détresse. Or cela s’apprend. Mais en s’activant continuellement à les garder heureux, on prive les enfants d’outils précieux. Nos enfants ne peuvent pas apprendre à tolérer différentes émotions si on ne les tolère pas nous-mêmes en eux. Alors au lieu d’essayer de toujours les garder heureux, mieux vaut leur montrer que leurs moments de détresse ne nous effraient pas. Ça, c’est le secret de la résilience.

Pour finir, quelles sont les trois choses les plus importantes à retenir ?

Le parent parfait n’existe pas (mais le bon parent s’excuse quand il fait un faux pas). L’éducation des enfants est la chose la plus difficile et la plus importante au monde, alors si vous cherchez de l’aide, c’est signe que vous prenez votre boulot au sérieux (pas que vous faites quelque chose de mal). Enfin, la connexion, c’est l’outil le plus important. Quand vos enfants auront plus de 14 ans, ce sera votre unique outil. Si vous voulez que vos enfants coopèrent, vous parlent, aient une relation avec vous, vous devez avoir des liens et connecter. Cela ne veut pas dire tout tolérer. Mais ça veut dire voir le bon dans son fond, constater que votre enfant passe peut-être un mauvais moment, mais que ça n’est pas un mauvais enfant pour autant.

Consultez le compte Instagram de Becky Kennedy

* Les propos de l’autrice ont été résumés par souci de clarté et de concision.

Parents attentifs

Parents attentifs

Les Éditions de l’Homme

360 pages

Qui est la Dre Becky ?

Becky Kennedy est psychologue clinicienne et mère de trois enfants. Elle habite à New York.

Surnommée « The Millennial Parenting Whisperer » par le magazine Time, avec plus de 1,5 million d’abonnés sur Instagram, on la considère comme la voix de la raison de la nouvelle génération de parents.

Son livre Good Inside vient d’être publié en français, aux Éditions de l’homme : Parents attentifs – Un guide pour privilégier l’empathie envers l’enfant… et envers soi.