On aurait pu s’attendre à ce que la jeunesse décroche un peu de ses écrans après ces années de repli chez soi. Mais visiblement, la Toile n’a pas desserré son étreinte, puisque les Québécois de 6 à 17 ans ont passé autant de temps sur l’internet en 2022 qu’en 2021, et même plus qu’en 2020, selon une nouvelle étude. Décryptage.

42 %

C’est la proportion des jeunes Québécois âgés de 6 à 17 ans ayant passé en moyenne plus de 10 heures par semaine à naviguer sur l’internet en 2022, selon les résultats d’une enquête NETendances publiée mercredi par l’Académie de la transformation numérique (ATN) de l’Université Laval. À titre comparatif, ce chiffre est semblable à celui de 2021 et supérieur à celui de 2020 (40 %), alors qu’il ne s’élevait qu’à 25 % en 2019.

PHOTO FOURNIE PAR BRUNO GUGLIELMINETTI

Bruno Guglielminetti, consultant en communication numérique et porte-parole des enquêtes NETendances à l’ATN

« À 42 %, je ne parlerais pas d’une dépendance, mais plus de réflexes, d’outils, de gestes développés par les jeunes pendant la pandémie pour s’informer, communiquer avec leurs amis, se divertir. Aujourd’hui, ça fait partie de leur vie, et maintenant que nous sommes dans une période post-pandémie, ils les ont poursuivis en les adaptant à leur nouveau quotidien », constate Bruno Guglielminetti, porte-parole des enquêtes NETendances à l’ATN.

TikTok, qui est là ? C’est le web !

À quelles activités s’adonne le plus la tranche d’âge concernée ? Le visionnage de vidéos sur des plateformes comme YouTube et TikTok arrive en tête (67 %), suivi des jeux en ligne (64 %), de la consultation de films ou séries (47 %) et des sites web de divertissement (47 %). Pour accéder à la Toile, les trois quarts des 6 à 17 ans utilisent au moins trois appareils électroniques, alors que moins de la moitié utilisait autant de supports en 2019. Quel appareil a connu le plus gros gain de popularité chez eux à l’issue de la pandémie ? C’est l’assistant vocal qui présente la plus forte croissance d’utilisation, de 15 % en 2019 à 36 % en 2022.

Nouveau plateau

Ces chiffres sont-ils de nature à inquiéter ? M. Guglielminetti préfère se pencher sur la qualité que sur la quantité. « Quand on regarde leurs usages, c’est plus pour communiquer avec leurs amis ou se divertir, il n’y a pas vraiment de grand danger. Sur le long terme, on voit s’installer des plateaux d’usage, et il me semble que cette génération est en train d’en installer un nouveau, la pandémie leur ayant plus forcé le coude », affirme le porte-parole, qui observe les évolutions de l’utilisation de la Toile depuis 30 ans.

Relâche de l’encadrement

En revanche, il relève dans l’étude la diminution de la proportion de parents imposant des règles d’encadrement du temps d’utilisation des appareils connectés de leurs enfants, qui est passée de 88 % en 2019 à 82 % en 2022. « Y a-t-il eu un épuisement pendant la pandémie qui a donné lieu à un laisser-aller, ou les parents sont-ils encore en train de s’adapter à la vie post-pandémie ? Cela reste à déterminer », pose Bruno Guglielminetti, qui insiste sur l’importance de l’accompagnement au détriment du contrôle, invitant les parents à se pencher sur les utilisations et les champs d’intérêt de leurs jeunes.

Intimidation : inquiétude accrue

D’après la nouvelle étude, les parents de jeunes de 6 à 17 ans sont plus nombreux, par rapport à la période prépandémie, à redouter que leurs enfants soient ciblés par des actes d’intimidation sur l’internet, issus de proches ou d’inconnus : ils sont désormais 63 % à considérer ce scénario comme probable, avec une inquiétude plus marquée vis-à-vis de leurs garçons (69 %) que par rapport à leurs filles (52 %).

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