Moins expérimentés et moins réfléchis, les préadolescents et les adolescents peuvent tomber dans le piège tendu par des gens malveillants en ligne. Comment les sensibiliser face aux fraudes informatiques ? Peut-on les prévenir ?

Nathan Ouellet, 14 ans, a entré les coordonnées bancaires de la carte de crédit de sa mère sur son téléphone. En premier lieu, c’était pour débloquer une partie de son jeu en ligne. Sa mère avait donné son accord – mais pas pour la suite…

« Après Noël, mon compte a affiché des transactions en rafale, explique Karine Hébert. Ça totalisait près de 250 $. »

Après une petite enquête, la mère de trois garçons a découvert qu’une société en France, que ni elle ni son fils ne connaissaient, prélevait sans son consentement ces sommes. Mme Hébert a multiplié les démarches pour obtenir remboursement. Finalement, la banque a enquêté : les opérations étaient frauduleuses.

Protéger ses renseignements personnels tout comme savoir reconnaître les risques de fraude sont deux éléments clés pour naviguer en toute sécurité sur l’internet. Et cela s’applique aux adolescents comme aux adultes.

L’idéal, c’est de sécuriser ses comptes avec une authentification multifactorielle. Ça veut dire qu’on ne se connecte pas seulement avec un mot de passe, mais aussi avec un code, envoyé sur notre téléphone par exemple.

Jean-Philippe Décarie-Mathieu, directeur de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec

Ne jamais réutiliser le même mot de passe (sites, applications, réseaux sociaux, etc.), et éviter que les mots de passe soient prévisibles sont deux conseils de base… qu’on a tendance à négliger.

Pour Marc Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, le partage à large échelle, que les adolescents semblent particulièrement affectionner, est à proscrire. « Plus on ouvre son appareil sur le monde, plus il y a d’occasions pour le monde d’entrer dedans », illustre-t-il.

Parmi les bonnes pratiques, il recommande que la fonction « airdrop » soit désactivée du téléphone de notre enfant, que sa liste de contacts soit révisée et protégée, que ses comptes sur les réseaux sociaux soient en mode privé et que les appels de provenance inconnue ne soient jamais acceptés.

Mettre en place un logiciel antivirus et contre l’hameçonnage (antiphishing), comme Lookout ou Bitdefender, est tout indiqué. Aussi, il est conseillé d’éteindre la fonction Bluetooth et celle de géolocalisation, lorsqu’on ne s’en sert pas.

Même s’il n’y a pas de fraude informatique dirigée spécifiquement contre les adolescents, il n’en demeure pas moins que certains comportements et activités sont à risque. Selon M. Décarie-Mathieu, il faut comprendre que chaque commentaire, photo ou vidéo envoyé sur le web échappe ensuite à notre contrôle. Autrement dit, la prudence est de mise.

Il ajoute que ce n’est que la pointe de l’iceberg : le partage involontaire de renseignements personnels est une chose, l’activité quotidienne en ligne en est une autre. Elle génère beaucoup de renseignements… à l’insu des utilisateurs.

« L’information générée par l’activité du jeune donne une tonne d’informations sur lui, indique-t-il, par exemple, quelle marque il aime, avec qui il parle, pendant combien de temps, quelle page il visite… Ce n’est pas juste ce qu’on met en ligne qui parle de nous, c’est tout ce qu’on y fait ! »

Selon lui, prendre conscience de cela est un premier pas. Il y a un éveil à la vigilance et à la précaution en comprenant bien comment les entreprises, de Nintendo à Microsoft en passant par Sony, et les plateformes privilégiées par cette génération (YouTube et TikTok en tête), amassent des données sur les utilisateurs.

Il ne faut pas penser que l’activation du contrôle parental va tout régler.

Jean-Philippe Décarie-Mathieu, directeur de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec

Une communication ouverte entre le parent et l’enfant quant aux technologies et ce qui se passe sur le web est une piste gagnante, avance Marc Alexandre Ladouceur. « En s’intéressant à ce que notre enfant fait en ligne, on augmente les chances qu’il vienne nous en parler s’il se passe quelque chose et, également, que le parent se rende compte si quelque chose cloche. »

Consultez Les trois épisodes du nouveau balado Empreinte numérique, créé pour aider les adolescents à développer leur esprit critique, abordent le sujet de la cybersécurité et de la protection de la vie privée en ligne.