Autour du jeune Élliot, 10 ans, certains des meilleurs athlètes de BMX du monde s’échauffent et ajustent leur équipement. Dans quelques minutes, ils monteront sur scène dans le cadre des Jeux urbains de Montréal. Si le garçon a eu accès aux coulisses de cette compétition tenue au Centre Eaton il y a quelques semaines, c’est qu’il était l’invité spécial de l’animateur de l’évènement, Kevin Raphaël.

Alors qu’il se fraie un chemin jusqu’à l’arrière de la scène, l’homme derrière l’émission balado sportive Sans restriction salue chaque athlète et chaque membre de l’organisation qu’il croise. À plusieurs reprises, il prend le temps de leur présenter Élliot Guénette, qui lui emboîte le pas. « Il va prendre ma place plus tard », glisse-t-il sur un ton mi-sérieux, mi-blagueur.

Le jeune élève de 5e année aimerait créer des vidéos YouTube dans un avenir rapproché. Qui de mieux qu’un touche-à-tout, animateur, chroniqueur, humoriste, qui collabore à de nombreuses émissions, pour lui prodiguer des conseils sur la façon de se présenter devant la caméra ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Kevin Raphaël et Élliot

Mais si Élliot accompagne Kevin Raphaël aujourd’hui, ce n’est pas dans le cadre d’un stage télévisuel. Depuis l’automne dernier, l’animateur est porte-parole de l’organisme Grands Frères Grandes Sœurs de la Montérégie, qui jumelle des jeunes de 6 à 17 ans à un mentor. Kevin Raphaël est désormais le « grand frère » d’Élliot.

S’il a accepté ce rôle, c’est parce qu’il peut témoigner de l’impact que peuvent avoir des adultes de confiance dans la vie d’un jeune. « Adolescent, je voyais vraiment comme figure de grand frère mes coachs de football », explique celui qui est également entraîneur. Ce printemps, il entamera sa 17e saison à ce poste, dont une troisième auprès de l’équipe du collège André-Grasset, à Montréal. À ses yeux, son implication comme grand frère est une autre façon d’inspirer plus jeune que soi.

La même énergie, les mêmes passions

Kevin Raphaël se reconnaît beaucoup à travers son petit frère. « J’étais comme Élliot... à part que lui, il aime le soccer », le taquine-t-il pendant l’entrevue.

« Ils sont tous les deux pareils », approuve le père du garçon, Mathieu Guénette. Selon lui, ils ont la même énergie débordante en plus de partager une passion pour les jeux vidéo et le sport.

Entre deux segments de la compétition de BMX, Kevin Raphaël entraîne justement le garçon dans une autre section du centre commercial où les visiteurs peuvent tester leurs habiletés sportives dans le cadre des Jeux urbains.

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Élliot effectue quelques tirs sous les encouragements de son grand frère.

Bâton de hockey à la main, Élliot se mesure à un gardien fictif. « Tu l’as presque eu ! », l’encourage son grand frère, qui lui a promis de l’aider à perfectionner ses tirs.

Jumelage parfait

Ce n’est pas un hasard si le courant passe si bien entre Kevin Raphaël et Élliot.

On jumelle [les jeunes et les bénévoles] selon les intérêts, les profils et les tempéraments de chacun.

Marie-Hélène Demers, directrice générale de Grands Frères Grandes Sœurs de la Montérégie, en entrevue téléphonique

Les activités que fait chaque duo lors de sa sortie bimensuelle sont très variées. Si Kevin Raphaël a choisi d’inviter Élliot sur son lieu de travail – le garçon a pu assister à l’enregistrement de l’émission Vlog, à TVA –, d’autres pratiquent des sports, font de la cuisine ou vont au cinéma. « On a un beau jumelage dans lequel les membres sont en train de monter une voiture pour le jeune homme quand il va avoir son permis », donne en exemple la directrice générale.

« On mise beaucoup sur des activités qui ne sont pas coûteuses pour montrer au jeune que c’est lui qui nous intéresse, qu’on veut créer des liens », poursuit-elle.

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Kevin Raphaël explique à Élliot le déroulement des Jeux urbains.

Si l’organisme montérégien a décidé pour la première fois de se doter d’un porte-parole, c’est qu’il peine à recruter des hommes comme bénévoles. Sur son territoire, une quarantaine de garçons sont en attente de jumelage. Certains d’entre eux viennent de milieux défavorisés, d’autres non. Il ne s’agit pas d’une exigence pour faire appel à Grands Frères Grandes Sœurs, qui compte plus de 90 agences au Canada, dont 13 au Québec.

« Ça fait une centaine d’années que les Grands Frères existent et ça a toujours été la bibitte noire de notre organisme. On n’a jamais compris le réel pourquoi », souligne Marie-Hélène Demers.

Elle émet l’hypothèse que certains hommes doutent de ce qu’ils peuvent apporter à un enfant. Or, le simple fait d’être présent et de pratiquer une activité qu’il aime avec lui peut lui faire beaucoup de bien.

Et il en va de même pour le mentor. « Il me fait tellement rire », répond Kevin Raphaël, lorsqu’on lui demande ce que sa relation avec Élliot lui apporte. « Vendredi, j’avais une mauvaise journée. Après ton appel, je me suis dit qu’il n’y avait rien de stressant dans la vie », confie-t-il à son petit frère.

Consultez le site de Grands Frères Grandes Sœurs de la Montérégie