Très, très content de l’éclatante victoire de Maude Cyr-Deschênes à La voix, dimanche soir. C’était ma préférée des quatre finalistes du télé-crochet de TVA, la plus originale, la plus solide et c’est celle qui possédait l’identité artistique la plus claire.

Joueuse étoile de l’équipe de France D’Amour, la musicienne de 24 ans, originaire d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick, a d’abord refait, au piano, Qu’est-ce que ça peut ben faire, de Jean-Pierre Ferland (reprise ensuite par Éric Lapointe). Impeccable comme performance.

Son choix de deuxième chanson (Quand on n’a que l’amour, de Jacques Brel) n’a pas été le plus original. Mais ce fut une décision plus avisée que celle de Redge Olibrice, qui a pratiquement donné la victoire à Maude avec sa relecture reggae – et trop tranquille – de Toujours vivant, de Gerry Boulet.

Ce n’était pas un numéro flamboyant de grande finale, où Redge, un Montréalais de 28 ans, aurait dû tout donner pour impressionner les 101 personnes en studio, qui décidaient de son sort. Maude a récolté 58 % des suffrages, contre 42 % pour Redge.

PHOTO BERTRAND EXERTIER, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le finaliste de La voix Redge Olibrice

D’ailleurs, ce système des 101 spectateurs électeurs, qui remplace le vote des téléspectateurs compilé en direct, a donné des résultats très bizarres. Au premier tour, c’est Redge qui a triomphé avec 42 % des votes, suivi de Maude (24 %), Lee-Anne Bergevin (18 %) et Jonathan Houde (16 %).

Si les gens à la maison avaient pu s’exprimer, pas mal certain que Jonathan Houde, la popstar de 23 ans de l’équipe de Roxane Bruneau, aurait obtenu plus d’appuis. Il est quasiment une copie de Kevin Bazinet, champion de la troisième édition de La voix, en 2015.

La coach France D’Amour a pris la meilleure décision, aux duels, quand elle a gardé Maude Cyr-Deschênes dans sa formation, alors que Mario Pelchat, Roxane Bruneau et Corneille lui suggéraient d’opter pour sa rivale Caroline Allatt, 37 ans.

Maude Cyr-Deschênes, dont le timbre évoque celui de Marie-Jo Thério, succède ainsi à Sophie Grenier, la gagnante de l’an passé qui ne caracolera pas au sommet des palmarès avec sa nouvelle pièce Fermer les yeux. Plutôt ennuyeuse comme composition.

En terminant, pourrait-on arrêter de s’extasier devant des concurrents francophones de La voix comme Jonathan Houde, le Nick Carter de Thetford Mines, qui chantent en français pour la première fois ? Comme s’il s’agissait d’un exploit olympique qui nécessitait une force hors du commun. Il n’y a rien de spectaculaire à entendre un candidat utiliser sa langue maternelle sur une scène. C’est limite colonisé comme réaction.

Du grand théâtre d’été amateur

On se serait cru au théâtre de La Marjolaine ou au Patriote de Sainte-Agathe lors du premier conseil de tribu de Bayani, où un étrange vaudeville s’est joué sous le regard stupéfait de l’animateur Patrice Bélanger, notre éteigneur de flambeaux en chef et porteur de chemises en tissu technique qui respirent.

Côté jardin, l’entrepreneure en mode de 36 ans Audrey a accusé l’agent de traitement de paiement Charly, 31 ans, de bavasser dans son dos au grand sage André, 65 ans, le retraité de Mirabel qui a été élu gourou suprême des bandanas bleus.

On pourrait discuter longuement de l’ascendant étonnant d’André sur ses fidèles, de quel droit annonçait-il à Raphaël qu’il sortirait du jeu au prochain tour, mais ne perdons pas le fil de notre drame estival en quelques actes.

Côté cour, le fameux Charly n’a pas digéré, non pas son faux manioc, mais les insinuations d’Audrey, ainsi que les menteries d’André et de Sébastien (le maire d’Amos, 47 ans) à son sujet. Piqué au vif, Charly a juré n’avoir jamais prononcé le nom d’Audrey et il s’est enlisé dans un discours enflammé, et beaucoup trop intense, sur la dignité et la fierté.

Nouvelle de dernière heure pour Charly : Survivor est un jeu d’alliances et de stratégie, qui implique évidemment des trahisons et des demi-vérités. C’est comme ça depuis la création de cette téléréalité, il y a 25 ans. Fallait s’attendre à du mémérage, non ?

Mais Charly, qui avait l’air de jouer dans la version Wish du film Des hommes d’honneur, a persisté : « Je sais qui je suis, j’avance avec des valeurs. Je n’accepterai pas qu’on puisse mentir en mon nom », a-t-il déclaré sur le ton hyper sérieux de celui qui porte un serment d’allégeance à la reine – de la jungle philippine, dans le cas qui nous concerne.

Pour Charly, ces actions – pourtant anodines et zéro insultantes – ont eu des conséquences graves, irrévocables et irréparables. « Des hommes ne se regardent pas dans les yeux en se mentant », a enchaîné Charly, qui s’exprimait comme un soldat abandonné par ses frères d’armes sur la ligne de front.

« J’ai des principes, j’avance avec mes principes, je meurs avec mes principes », a poursuivi Charly avant de s’auto-expulser de l’émission devant un Patrice Bélanger « sous le choc ».

En voilà un qui aurait eu intérêt à enlever quelques bûches de son feu de camp personnel. Voir que ces petites manigances nécessitaient une sortie de diva de la sorte. Pour citer la grande Beyoncé, « boy, bye ».

On ne s’ennuie pas dans cette deuxième saison de Survivor Québec sur Noovo, pimentée par trois conseils agités, deux empoisonnements, une joueuse dont la santé a flanché au premier épisode, un doigt d’honneur, un tonitruant « tu l’auras pas, ma crisse » ainsi qu’un Speedo rouge pompier.

Dimanche soir, la tribu Nawa a sacré une volée à ses adversaires de Bayani pour remporter sa première épreuve d’immunité. Il commençait à être temps. Comme dirait Kassandre, Nawa se faisait « contre-circuiter », et cela mettait ses membres « sous les feux du projecteur ».