Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui marquent la vie urbaine.

« Est-ce qu’on peut le caresser ? », lance une étudiante en voyant Newton alors qu’une autre le prend en photo.

« Certainement, c’est son rôle. Dès que vous le voyez sur le campus, il ne faut pas vous gêner pour venir le voir et lui donner de l’amour », lui répond l’agent de liaison communautaire Gabriel Gaumond.

« Tu peux même suivre Newton sur Instagram », ajoute-t-il.

Mais qui est Newton ? Le chien de thérapie de l’Université Concordia.

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Étudiante à Concordia depuis janvier, Louise Flouhr a accouru vers Newton. « J’ai un chien chez moi en Belgique et il me manque. »

Nous sommes mardi matin, 10 h, à l’entrée du pavillon Hall de l’Université Concordia. Tous les passants ou presque s’approchent spontanément de Newton en souriant. « C’est le moment préféré de ma journée », s’enthousiasme l’une. « Good boy ! », dit l’autre.

« Des gens s’arrêtent en quasi-permanence », souligne Gabriel Gaumond, ce que nous constatons avec émerveillement.

« C’est incroyable ; on ne s’attendait pas à ce que Newton suscite une telle réaction, se réjouit Darren Dumoulin, directeur du Service de sécurité et de prévention de l’Université Concordia. On constate que ça crée des échanges entre des étudiants qui ne se parleraient pas. »

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Darren Dumoulin, directeur du Service de sécurité et de prévention de l’Université Concordia

Darren Dumoulin a eu l’idée d’incorporer un chien de thérapie à son équipe en participant à une conférence aux États-Unis, en juin dernier, organisée par l’International Association of Campus Law Enforcement Administrators.

Il en a fait la proposition officielle à la direction de Concordia, alors qu’il avait déjà trouvé un candidat canin hypoallergène chez un éleveur de Saint-Hyacinthe. Il était allé voir une fratrie de chiots d’eau portugais, et l’un d’eux insistait pour rester auprès de lui… Or, Darren Dumoulin a eu le feu vert de son université plus rapidement qu’il ne l’avait prévu, même avant qu’il en parle à sa famille.

Pour celui qui est employé de Concordia depuis 30 ans, c’est tout un changement de vie, car Newton vit sur la Rive-Sud avec lui… et deux chihuahuas ! « Je suis plus avec Newton que je suis avec ma femme, lance-t-il. Il fallait quelqu’un pour se dévouer. »

Une présence réconfortante

Newton a fait son entrée graduellement à Concordia en juillet dernier, trois mois après sa naissance le 1er avril. Gabriel Gaumond l’a immédiatement adopté et nommé affectueusement « patate ».

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Quand Newton enfile sa veste qui lui sert d’uniforme, il se met « en service », souligne Gabriel Gaumond. Mais il peut aussi se mettre en mode « calins ».

Le poste d’agent de liaison communautaire qu’occupe Gabriel a été créé pendant la pandémie afin de renforcer le sentiment de sécurité à Concordia. Il n’est pas un gardien de sécurité typique qui fait appliquer les règles, mais plutôt un visage familier sympathique vers qui les étudiants se tournent au besoin. « Les gens sont plus enclins à venir me parler. »

Des femmes qui ne se sentent pas en sécurité se confient à Gabriel, par exemple. Il intervient aussi auprès de personnes en situation d’itinérance, qu’il connaît par leur nom, et il a toujours dans sa trousse de premiers soins des vaporisateurs nasaux de naloxone en cas de surdose d’opioïdes, dont on dénombre une vingtaine de cas par année tout autour du campus. En d’autres mots, il peut sauver des vies.

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Newton a des entraînements afin d’être officiellement certifié comme un chien de thérapie.

Gabriel a par exemple identifié quelqu’un qui avait un emploi à temps plein, mais qui n’avait plus de domicile. Il le voyait souvent dormir sur le campus. « J’ai réussi à le convaincre de rencontrer nos travailleurs sociaux et on lui a trouvé une ressource. »

Avec Newton, Gabriel a un puissant pouvoir d’attraction ! « C’est le moment préféré de la journée », lui dit une employée de la boutique de Concordia, Valery Cardenas. Juste en face, les employés du Starbucks accourent vers la bête bouclée.

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David Danos prend une pause pour flatter Newton pendant qu’il prépare une manifestation sur la hausse des droits de scolarité dans les universités anglophones.

Habituellement, Newton passe une heure le matin et une autre l’après-midi à croiser des étudiants et du personnel des pavillons du campus Sir George Williams, au centre-ville. Le mercredi, c’est sa grosse journée, puisqu’il prend la navette pour aller faire un tour au campus Loyola, sept kilomètres plus loin, rue Sherbrooke. Il met de la bonne humeur partout où il passe.

Newton a des entraînements afin d’être officiellement certifié comme un chien de thérapie. Il est arrivé à deux occasions que des enseignants demandent qu’il se balade dans une classe avant des examens pour réduire l’anxiété chez les étudiants.

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Newton a un espace dans les bureaux du Service de sécurité et de prévention de l’Université Concordia et Lyne Denis a toujours des croquettes pour lui. « Newton m’amène au bureau, dit-elle. Un animal, ça fait du bien à l’âme, à l’esprit. »

Au Service de sécurité et de prévention de l’Université Concordia, Newton agrémente les relations de travail. « Je ne compte plus pour personne. Quand j’arrive, on me demande : où est Newton ? », blague le patron Darren Dumoulin.

Autre tâche connexe pour lui : alimenter le compte Instagram de Newton suivi par 1300 personnes !