Les chaussures des politiciens ont beaucoup fait réagir, ces derniers jours, et pas seulement au Québec. Rishi Sunak, le premier ministre britannique conservateur, a provoqué tout un tollé, car il a porté, en entrevue, les baskets branchées Samba d’Adidas... et a tué ainsi la tendance mode la plus cool du moment !

C’est ce que lui reprochent les Britanniques, les réseaux sociaux et les fans de la Samba. Le Guardian, le Telegraph, l’Observer et même le New York Times s’interrogent : Rishi Sunak a-t-il signé la fin de la tendance Samba d’un seul coup ? A-t-il ringardisé la Samba ? Pourquoi porter des Samba, la basket rétro chouchou des stars depuis près d’un an ?

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE RISHI SUNAK

La premier ministre britannique, avec ses Samba d’Adidas aux pieds, en entrevue avec Beth Turbutt-Rogers

Ce modèle d’Adidas créé dans les années 1970 vit un nouvel âge d’or depuis qu’il a été vu aux pieds de nombreuses célébrités : Rihanna, Harry Styles, Bella Hadid, Bradley Cooper et Kendall Jenner ont adopté la Samba. En raison de la polémique, le premier ministre britannique, sur le ton de l’humour, s’est excusé aux amateurs de Samba à la radio LBC. « Pour ma défense, je dirai que je porte des baskets Adidas, y compris le modèle Samba et d’autres, depuis de très nombreuses années ! », a expliqué Rishi Sunak.

Pour Stéphane Le Duc, il en faut peu pour faire et défaire la mode. « On vit dans une société d’image où tout est scruté dans les moindres détails », analyse celui qui est chargé de cours à l’École supérieure de mode ESG UQAM. « Harry Styles et Rihanna sont des leaders en matière de mode, alors on va vouloir s’en inspirer... mais tout à coup, il y a l’effet inverse. Le premier ministre britannique porte des Samba, et on ne veut surtout pas s’identifier à lui, même si ça fait du bien de voir des politiciens qui ont une certaine allure mode. Mais on ne veut pas y être associé ! », dit-il.

Les chaussures, tout comme les montres, bijoux et sacs à main, sont des accessoires qui parlent et qui peuvent trahir les goûts. Plusieurs personnes ont été choquées par les (trop) luxueux escarpins Louboutin (qui valent plus d’un millier de dollars) portés par la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau lors d’une annonce sur les logements sociaux. N’oublions pas l’achat judicieux de la ministre des Finances Chrystia Freeland, qui a choisi une paire d’escarpins de la marque québécoise Maguire (modèle Alegre, 230 $) pour présenter son budget.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Finances Chrystia Freeland essaie les chaussures Maguire en compagnie des sœurs Romy et Myriam Belzile-Maguire, cofondatrices de la marque.

Ce ne sont que des chaussures, direz-vous, mais qui en disent long sur le message qu’on veut porter. « Il y a une communication à travers le vêtement, à travers tout ce qu’on porte. Il faut faire très attention à l’évènement auquel on assiste, aux circonstances. Les politiciennes et politiciens sont très observés et critiqués au moindre faux pas. Le président français Emmanuel Macron fait très attention aux costumes qu’il porte, ils sont faits en France, à un prix décent. On scrute aussi de près l’allure de Justin Trudeau », explique Stéphane Le Duc, qui est aussi ambassadeur du Collège LaSalle.