Loin des yeux, loin du cœur… Pour les couples qui vivent leur amour à distance, cet adage ne veut rien dire. Pour eux, la solidité des liens ne s’effrite ni par la distance ni par le temps. Les ingrédients clés ? La communication, la confiance et l’autonomie.

« Il faut beaucoup d’organisation, de planification, et il faut être prêt à mettre des efforts tout comme à avoir les conversations difficiles. »

C’est ainsi que Marianne Bouchard-Côté, une étudiante universitaire de 22 ans qui vit présentement en Italie et dont le copain vit en France, décrit les conditions gagnantes pour vivre sereinement une relation amoureuse à distance.

PHOTO FOURNIE PAR MARIANNE BOUCHARD-CÔTÉ

Marianne Bouchard-Côté et Dorian

Depuis bientôt deux ans, la jeune femme, qui se déplace régulièrement pour pratiquer le water-polo au niveau professionnel, entretient une relation avec Dorian, un Français rencontré au Québec. Ils ont vécu trois mois ensemble avant de prendre la route, chacun de leur côté, pour des raisons liées à leur travail et à leurs occupations.

« On a eu une vraie discussion pour savoir ce qu’allait être notre mode de vie, nos ambitions, nos aspirations, explique calmement Marianne. Il fallait savoir à quoi s’attendre pour la suite. »

Spontanéité et accessibilité

Selon Lucas Mancini, un Montréalais de 38 ans, le fait d’avoir un plan clair pour la suite des choses l’aide à surmonter le fait que son amoureux vit à des milliers de kilomètres.

On s’est rencontrés il y a six mois à Miami et on compte emménager ensemble l’été prochain. Je ne pensais jamais vivre cela, moi qui suis plutôt anxieux de nature... Mais je crois que notre couple est solide et qu’on va passer au travers. Les doutes se sont évaporés.

Lucas Mancini, Montréalais de 38 ans

Selon le psychologue Marc Pistorio, l’un des pièges les plus importants d’une relation à distance est l’absence de partage au quotidien. Sans les partages spontanés et les occasions de communiquer, l’amour peut mourir à petit feu.

« On a moins la possibilité d’avoir accès à l’autre, souligne M. Pistorio. Pour la viabilité et la pérennité de la relation, le partage de nos pensées, de nos expériences, de comment on se sent est crucial. À cause de la distance, on perd certains bénéfices du couple, comme l’entraide, le soutien, la sexualité... »

Un plan clair

Ce dernier point est partagé par Lucas, qui se décrit comme « un ennuyeux » et « un romantique ». « Il faut nourrir ça, croit-il, et être honnête et transparent. »

Patricia Dufort, mère de deux adolescentes et de deux jeunes adultes, vit six mois par année séparée de son conjoint des 30 dernières années. Pour des raisons professionnelles, celui-ci s’exile dans une autre ville canadienne avant de rentrer au bercail.

PHOTO CHARLIE RIEDEL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Une relation à distance est un acte de foi.

Selon elle, une entente claire, prise de part et d’autre, est primordiale.

« Il ne faut pas le faire à contrecœur, précise la Sherbrookoise de 50 ans. Je pense qu’être bien entourée aide beaucoup et aussi, le fait d’être indépendante, autonome. Je me donne le droit de dire, certains jours, que tout ça est pénible et que je suis tannée. On est humain ! »

Un plan à court ou moyen terme, pour se retrouver, doit être mis sur la table, avance Marc Pistorio, sans quoi le désintérêt peut s’installer.

Plus le temps s’écoule, plus le plan peut être difficile à concrétiser, l’un ou l’autre peut être tenté de passer à autre chose... Or, la proximité est essentielle à la relation, peu importe le schéma choisi ensuite, par exemple que chacun vive dans son appartement ou sa maison.

Marc Pistorio, psychologue

La question des finances est soulevée par Lucas : l’amour à distance coûte cher, tantôt en forfaits technologiques, tantôt en avion. « On a mis cartes sur table sur combien de voyages aller-retour on voulait faire, à quels moments dans l’année, avoue-t-il. Ce n’est pas simple, mais au moment où on s’engage, ça doit devenir une priorité. »

Optimisme et flexibilité

Les personnalités évitantes, soit celles qui ont peur de s’engager, ou les gens au tempérament anxieux, qui ont besoin d’être rassurés régulièrement, auront bien du mal à vivre un amour à distance, avertit le psychologue Marc Pistorio. Cela est une question de degré de sécurité intérieure, propre à chacun.

« L’optimisme, la flexibilité, la confiance et le fait d’être créatif, entre autres dans les façons de garder le contact et de nourrir un certain érotisme sans les contacts physiques, sont essentiels pour maintenir le lien », indique l’expert.

Tout comme Lucas et Patricia, Marianne garde la foi. « J’ai une confiance inébranlable en mon chum, glisse-t-elle. Je sais que peu importe ce qu’on aura à affronter, on est prêts. On est capables ! »