On dit que ce sont les petites attentions qui comptent le plus. Celles qui coûtent peu d’argent, mais sont bienveillantes et font chaud au cœur. Pour Noël, la brigadière Paule Renaud a consacré une centaine d’heures à la confection de près de 60 cartes de vœux personnalisées pour les enfants à qui elle fait traverser la rue tous les jours. Une petite attention qui a fait bien des heureux.

Sur sa carte de Noël, Jérémi porte ses habits de hockey, sourire aux lèvres. Il a son bâton dans sa main droite, un détail qui n’est pas sans importance. Paule Renaud, la brigadière du garçon de 10 ans, n’a rien laissé au hasard. Quelque temps avant le congé des Fêtes, elle a demandé à Jérémi de quel côté il tenait son bâton de hockey. Il ne le savait pas à ce moment, mais c’était pour que le dessin sur la carte qu’elle allait fabriquer lui ressemble le plus possible.

« J’essaie de faire en sorte que l’enfant puisse se reconnaître au moins un peu, dit Mme Renaud, au bout du fil, le lendemain de Noël. Ce ne sont pas des portraits, mais tel enfant porte un manteau de telle couleur ou telles bottes ou telle coupe de cheveux. Il y en a que je savais qu’ils jouaient au hockey et j’avais deux gardiens de but, dont Jérémi. Alors je me suis amusée. »

C’est la deuxième fois que la brigadière fait des cartes de Noël pour les enfants de l’école du Plateau-Mont-Royal qu’elle voit toute l’année scolaire. L’an dernier, elle en avait fait 30. « Ça me faisait de quoi pour les enfants auxquels je n’en avais pas donné », raconte-t-elle.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La brigadière Paule Renaud

J’avais commencé fin novembre [l’an dernier], mais cette année, j’ai commencé début novembre et j’en ai fait 58. Il en manque encore un peu, mais j’ai fait mon possible.

Paule Renaud, brigadière

Son geste ne lui rapporte rien d’autre que des sourires, et ça lui suffit amplement. « J’avais le goût de leur donner un petit quelque chose, un petit souvenir de moi. » Un sourire dans la voix, l’air touchée, elle raconte qu’un des enfants, « tellement heureux », l’a prise par les mains en la remerciant. Des parents lui racontent aussi que leurs enfants étaient très touchés.

Le plaisir et les souvenirs

Née dans une famille d’artistes, dessinatrice de profession, Paule Renaud a travaillé en dessin technique dans une firme d’ingénieurs ainsi que quelques années en dessin animé. C’est ainsi munie de son crayon qu’elle pouvait le mieux « faire plaisir aux enfants ».

  • La carte créée pour Jérémi

    PHOTO FOURNIE PAR PAULE RENAUD

    La carte créée pour Jérémi

  • Des dizaines de cartes confectionnées par Paule Renaud

    PHOTO FOURNIE PAR PAULE RENAUD

    Des dizaines de cartes confectionnées par Paule Renaud

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Ces enfants, elle les côtoie depuis quelques années maintenant, parce qu’il manquait de travail dans son domaine et qu’en voyant les prérequis pour l’emploi de brigadière, elle a tout de suite été interpellée. « Ça demandait d’aimer être dehors et d’aimer les enfants, affirme Paule Renaud. Moi, je n’ai pas d’enfants, mais ils m’apportent beaucoup. J’apprends beaucoup avec eux. »

Eux aussi bénéficient d’avoir une brigadière aussi attentionnée. Jérémi, le petit joueur de hockey, raconte qu’il a trouvé l’attention de Mme Renaud « vraiment géniale ».

En plus qu’être brigadier, c’est quand même un métier difficile. De faire des cartes pour tous les enfants qui passent au coin de sa rue, c’est vraiment très gentil.

Jérémi, enfant qui a reçu une carte

Plusieurs enfants de sa classe ont aussi leur carte. « C’est vraiment personnalisé dans tous les détails, dit Jérémi. C’est des très beaux dessins et il y a aussi un beau mot à l’intérieur. »

Car Paule Renaud ne s’est pas contentée de dessiner des cartes, qui ont chacune pris de deux à trois heures à faire. Elle a aussi rédigé un message personnel pour chaque enfant (ou fratrie) afin de lui souhaiter de joyeuses Fêtes.

Même si « les enfants ne font que passer » par son intersection, elle tient à eux. « On se dit bonjour et quelques mots, c’est tout, dit-elle. Il y en a que je connais plus que d’autres, mais je ne les connais pas tant que ça. Et je suis une personne assez timide de nature, alors ce n’est pas facile pour moi d’avoir une grande conversation avec eux. »

Elle a tout de même mis beaucoup de cœur dans la confection des cartes. Sur chacune d’entre elles, les enfants portent des foulards blancs, pour leur donner l’air « de petits anges », raconte Paule Renaud. « Je le fais aussi pour le plaisir et pour me souvenir d’eux et d’elles, ajoute-t-elle. J’aime les voir heureux, ça fait partie de mon revenu de brigadière ! »