Aurélie Ryckebusch et son conjoint ont acheté leur première maison au mois d’août. Ils ont abattu des murs intérieurs et arraché la vieille cuisine. « On a regardé un peu les cuisines sur mesure, mais les délais étaient vraiment longs », explique Aurélie Ryckebusch.
Ils ont donc opté pour une cuisine IKEA, mais avec un petit quelque chose en plus. « On voulait une cuisine avec un peu plus de pep, avec un plus haut standing », résume Aurélie Ryckebusch.
Ce petit quelque chose, ce sont les façades en bois de l’îlot, qu’ils n’ont pas commandé chez IKEA, mais plutôt chez BoKEA. La nouvelle entreprise de La Prairie, sur la Rive-Sud, occupe un créneau précis : elle vend des portes compatibles avec les armoires d’IKEA. Le concept est simple. On achète toutes les façades apparentes chez BoKEA (portes, tiroirs, panneaux), mais le reste (caissons, charnières, structures des tiroirs, solution de rangement), on le commande chez IKEA.
« C’est à notre goût », raconte Aurélie Ryckebusch, jointe chez elle, dans les Laurentides, dans la dernière ligne droite de son projet de rénovation. « On a fait un grand îlot, comme on voulait, tout ça à un prix correct. » Aurélie Ryckebusch et son conjoint ont déboursé environ 15 000 $ pour leur cuisine, qu’ils ont montée eux-mêmes.
Embarras du choix
Styliste et journaliste déco, Stéphanie Guéritaud tient un répertoire des entreprises qui permettent de personnaliser les meubles IKEA sur son blogue, Déconome. BoKEA n’est pas unique en son genre. En Europe, on compte plusieurs entreprises semblables, comme PLUM, en France, et Superfront, en Suède. Il y en a aussi quelques-unes au Canada, dont Kitch, lancée en Alberta en 2017, et Swedish Door, en Ontario.
Stéphanie Guéritaud se réjouit que le concept arrive enfin au Québec. Le gros avantage, selon elle, sont les économies qu’on réalise en achetant les caissons chez IKEA.
Comme IKEA a énormément de volume et qu’elle offre la meilleure quincaillerie sur le marché – la quincaillerie Blum –, son rapport qualité-prix est parmi les meilleurs.
Stéphanie Guéritaud, styliste et journaliste déco
Les portes fabriquées par BoKEA, Kitch ou encore Semihandmade, aux États-Unis, sont évidemment plus chères que celles vendues chez IKEA. « De façon générale, si on prend une cuisine IKEA et celle d’un cuisiniste, on se situe entre les deux », illustre Steven Kiekeman Fontaine, président de BoKEA. Un exemple ? Une porte traditionnelle en placage de chêne de 46 cm sur 76 cm coûte 130 $ chez IKEA ; BoKEA offre un modèle semblable à 145 $ pour le chêne rouge et à 214 $ pour le chêne blanc, mais ses produits sont fabriqués au Québec, avec du bois local.
Aux yeux de l’installateur Marc Gozzi, qui installe des cuisines IKEA depuis plus de 20 ans, ces nouvelles entreprises ont l’avantage d’offrir une incroyable variété de styles et de couleurs. BoKEA propose ses six designs, qu’on peut prendre dans cinq essences de bois ou dans toutes les couleurs de Benjamin Moore, tandis que la gamme de Kitch se décline en cinq styles de portes et plus de 50 finis. La qualité est aussi au rendez-vous, estime Marc Gozzi, qui a déjà installé des portes de Kitch, de Swedish Door et de BoKEA. « À part quelqu’un qui s’y connaît vraiment, personne ne saura qu’il s’agit d’une cuisine IKEA », glisse le propriétaire de MGB Installations.
Se distinguer
Stéphanie Guéritaud y voit aussi une façon de se distinguer. « Il y a un très beau choix chez IKEA, mais les gens ne veulent pas que leur cuisine ait l’air d’une cuisine IKEA ! », dit-elle en riant. Ces petites entreprises, plus mobiles qu’IKEA, peuvent aussi se coller aux dernières tendances. BoKEA lancera ce mois-ci un modèle avec des lignes verticales.
Acheter une cuisine IKEA et des portes ailleurs comporte aussi quelques désavantages. Faire affaire avec deux entreprises implique un peu plus de planification. Les caissons d’IKEA, qui ont des dimensions précises, n’offrent évidemment pas la même flexibilité que ceux fabriqués par un cuisiniste ou un ébéniste. Et si on les monte soi-même, ça prend du temps (et de la patience).
Ces entreprises ont des petites salles d’exposition, mais les clients doivent en général se fier à des échantillons et aux images sur l’internet pour commander. À moins d’un défaut, les retours ne sont généralement pas acceptés.
« C’est vrai, c’est l’une des dépenses les plus importantes dans votre maison et vous commandez sans avoir vu, convient Andrew Hibbs, PDG de Kitch. Mais si on est capable d’offrir ces prix, c’est justement parce qu’on n’a pas toutes ces salles d’exposition... » M. Hibbs précise que son entreprise a une équipe qui offre du soutien aux clients, tant pour le design que pour la commande. C’est aussi le cas de BoKEA.
Soulignons qu’il vaut la peine de demander en parallèle des soumissions à des ébénistes. Certains acceptent de fabriquer des portes compatibles avec les caissons IKEA, note Stéphanie Guéritaud. Selon notre expérience, le prix peut être concurrentiel.
Consultez le compte Instagram d’Aurélie Ryckebusch, où elle documente ses rénovations Consultez le répertoire de DéconomeRéaction d’IKEA
IKEA n’a jamais protesté contre la personnalisation de ses produits, qui porte un nom tant elle est répandue : l’IKEA hack. Le géant suédois offre aussi la possibilité d’acheter ses caissons sans les portes. Par courriel, IKEA a tout de même rappelé que « pirater un produit peut compromettre sa sécurité ». « Assurez-vous de préserver l’intégrité structurelle du produit et de ne pas modifier la fonction pour laquelle il a été conçu à l’origine », indique Aideen Butler, relationniste pour IKEA Canada.