Avec sa serre plantée côté rue, la maison des années 1980 choisie par un jeune couple, à Saint-Lambert, trahissait le goût de son époque. Une relecture des lieux par le bureau d’architecture et de design Ménard Dworkind, misant sur une ouverture sur l’extérieur et des jeux de matières, lui a offert une nouvelle jeunesse.

Sans la COVID-19, l’agenda de Guillaume Ménard et de David Dworkind aurait un tout autre profil. Alors que le designer et l’architecte venaient d’unir leurs talents pour former le bureau Ménard Dworkind (MRDK) et s’étaient distingués par des décors de restaurants à l’esthétique léchée, les photos de la Hinterhouse, un chalet de bois minimaliste conçu trois ans plus tôt par l’architecte dans les Laurentides, faisaient rêver les citadins cloîtrés chez eux. Rapidement, les demandes pour des projets résidentiels ont afflué et ont cimenté la collaboration des deux créatifs.

  • La façade avant les travaux

    PHOTO FOURNIE PAR LES PROPRIÉTAIRES

    La façade avant les travaux

  • L’arrière avant les travaux

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    L’arrière avant les travaux

  • De grandes baies vitrées et une cour anglaise côté jardin permettent de profiter de chaque pi2 de la maison. Une petite piscine est également venue embellir les lieux.

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    De grandes baies vitrées et une cour anglaise côté jardin permettent de profiter de chaque pi2 de la maison. Une petite piscine est également venue embellir les lieux.

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Emilie Geoffroy et Antoine Morrissette-Boileau, qui se préparaient à accueillir leur deuxième fille, sont venus frapper à la porte de leur studio pour la rénovation d’une maison quatre façades, à Saint-Lambert. Mal-aimé de ses voisins à cause d’une serre en piteux état côté rue, le bâtiment, construit en 1981 par l’architecte Frank McGrath, présentait de beaux volumes et des détails intéressants à exploiter.

La première fois qu’on a visité la maison, on a tout de suite été happés par le foyer d’origine en travertin et terracotta. Dans un souci de préservation du patrimoine qui caractérise notre travail, nous avons décidé d’articuler le rez-de-chaussée autour de cet élément.

Guillaume Ménard, designer

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Le travertin de l’îlot et des parois coulissantes de l’espace de rangement de la cuisine a été inspiré par la pierre de l’ancien foyer au cœur de la maison.

Passé recomposé

Pas de chance, les travaux, très coûteux, pour le mettre aux normes réglementaires de la Ville ont obligé MRDK à reconstruire un nouveau foyer. Mais l’idée fondatrice du projet, elle, est restée intacte. C’est le manteau de foyer, au design inspiré de celui de son prédécesseur, qui guide aujourd’hui la circulation dans l’espace en se prolongeant grâce à un escalier aux courbes organiques avec un bureau intégré en mezzanine d’où l’on peut admirer un salon double hauteur. Et les matériaux et couleurs du passé ont été réintroduits au moyen d’un enduit mural à la chaux et de tuiles terracotta.

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Une toile de Dan Climan apporte de la couleur et de la fantaisie au salon dans des nuances crème. La lampe à gauche du canapé Élément de base est une création de MRDK.

Ce penchant nostalgique et cette obsession pour la matière ont gagné la cuisine ouverte avec un îlot en travertin faisant face à un coin de rangement dissimulé derrière des panneaux coulissants dans la même pierre. « Un petit clin d’œil à notre expertise dans le domaine de la restauration », glisse Guillaume Ménard. Une porte permet de rejoindre cet espace secret bienvenu, surtout lors de visites, où ont pris place appareils électroménagers et réserves alimentaires. Ce grand carré englobant le foyer et une salle d’eau est également bordé d’une bibliothèque menant à un coin de lecture.

  • Le nouveau manteau de foyer, avec un enduit à la chaux, guide la circulation dans la maison.

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    Le nouveau manteau de foyer, avec un enduit à la chaux, guide la circulation dans la maison.

  • Un mur de la salle à manger a été avantageusement habillé de chêne pour accueillir des rangements.

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    Un mur de la salle à manger a été avantageusement habillé de chêne pour accueillir des rangements.

  • Le garde-corps de l’escalier aux lignes courbes unit de façon organique les deux étages de vie.

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    Le garde-corps de l’escalier aux lignes courbes unit de façon organique les deux étages de vie.

  • Chambre principale

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    Chambre principale

  • Rangement

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    Rangement

  • Une céramique Ceppo Di Gre imitant une pierre italienne a été choisie pour le sol et le bas des murs de la salle de bains du couple. Un lavabo en béton lui répond.

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    Une céramique Ceppo Di Gre imitant une pierre italienne a été choisie pour le sol et le bas des murs de la salle de bains du couple. Un lavabo en béton lui répond.

  • Coin bureau

    PHOTO DAVID DWORKIND, FOURNIE PAR MRDK

    Coin bureau

  • Des armoires en chêne dans la chambre d’Émilie et d’Antoine mènent à la salle de bains. Une toilette a été dissimulée derrière une des portes.

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    Des armoires en chêne dans la chambre d’Émilie et d’Antoine mènent à la salle de bains. Une toilette a été dissimulée derrière une des portes.

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En éclaireurs

Et la serre ? Sans valeur historique, puisqu’elle ne figurait pas dans les plans d’origine de la maison, elle a été démontée au profit d’une fenêtre pleine hauteur au salon. Ses fondations en béton ont par ailleurs inspiré l’aménagement d’une cour anglaise au sous-sol, jusqu’alors ignoré et jonché de gravier, qui accueille aujourd’hui une chambre, une salle de bains, un bureau, une salle de jeux et un coin télé. La même idée a été reproduite côté jardin, où une petite piscine, accessible depuis une belle terrasse en cèdre, a également été creusée.

Le relèvement du toit métallique a, lui, permis de profiter d’un autre coin perdu, celui du grenier, dont le plafond bas et l’accès difficile par le garage décourageaient toute envie d’exploration. Ses fenêtres étroites ont été complétées d’une grande lucarne qui a permis de doter la chambre parentale d’une magnifique salle de bains avec un plafond de 14 pi de haut. Les fenêtres, donnant sur la cime des arbres, préservent l’intimité du couple et invitent au calme. « Comme elles se trouvent au sud, la lumière rentre jusqu’au fond de la chambre », précise David Dworkind.

Avec son complice, il a soigné les détails de ce premier projet résidentiel de grande ampleur. Le lit en chêne se prolonge ainsi au sol pour abriter des tables de chevet et des garde-robes dans la même essence de bois, et des appliques murales MRDK constellent la pièce loin du va-et-vient de la rue.

Consultez le site de bureau Ménard Dworkind