Quand le vent de la vie souffle dans une autre direction, il faut savoir hisser les voiles et se laisser guider par les courants dominants. Après une décennie au sein de cette demeure madelinienne réaménagée en gîte par leurs soins, Isabelle Houle et François Guay remettent le cap sur la région métropolitaine. Lumineusement charmante, pétrie d’histoire et de visites marquantes, la Maison de Rosée se cherche ainsi un nouveau capitaine.

En 2012, attirés par les sirènes des Îles-de-la-Madeleine, Isabelle et François se sont offert quelques vacances dans l’archipel. C’était leur première visite, et cela n’en prendra pas davantage pour que les eaux se referment sur eux. « On est originaires de Montréal et, comme plusieurs, on est tombés amoureux des Îles ; surtout des Madelinots ! Nous avions décidé de nous y installer, mais nous n’étions pas encore certains du lieu exact où le faire », se souvient Isabelle Houle.

Cette dernière travaillait alors comme courtière hypothécaire, « blasée de sa carrière », tandis que François Guay suivait son chemin de musicien, entre Cirque du Soleil et groupes professionnels. Leur déménagement apporta une tout autre saveur à leurs activités, puisqu’ils commencèrent par acquérir le restaurant Au vent du large, où François put insuffler ses airs de violon et autres instruments, au grand bonheur des clients de l’établissement. Par ailleurs, et par pure coïncidence, La Presse avait déjà cité le lieu comme l’un des plus émouvants pour admirer les couchers de soleil, dans le cadre d’un dossier sur ce thème.

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Une fois le resto acquis, il leur manquait un foyer. Amoureuse des maisons centenaires, Isabelle remarqua cette superbe demeure à étages mansardée en surplomb, implantée à Havre-Aubert, face à l’Anse Painchaud : c’était la Maison de Rosée. « Quand j’ai connu la propriétaire, je lui ai dit : “Si tu veux vendre un jour, fais-moi signe” », raconte-t-elle. Le signe vint ; l’acte de vente fut signé. Le couple était fin prêt à voguer.

PHOTO FOURNIE PAR ISABELLE HOULE

Isabelle Houle et François Guay se sont installés aux Îles-de-la-Madeleine en 2012, prenant les commandes du restaurant Au vent du large.

Vagues d’invités

Officiellement, 1955 figure au registre comme année de construction. Mais l’histoire de la bâtisse remonterait beaucoup plus loin, et ses importants volumes (elle comporte 15 pièces) peinent à contenir son passé chargé. La Maison de Rosée aurait été construite dans les années 1920 par Joseph Thellab, un Libanais débarqué aux Îles devenu commerçant prospère, et la Madelinienne Rose Fougère.

Après maints vents et marées, elle est tombée en décrépitude, finissant par être vendue aux enchères, rachetée au cours des années 1980 par le musicien Alcide Painchaud (fondateur du groupe Suroît) et Jocelyne Coderre, parents de Jonathan et Éloi Painchaud (cofondateurs du groupe Okoumé). Enfin, elle fut revendue à l’artiste-peintre Louis Boudreault et Josée-Lyne Falcone, qui lui administrèrent une véritable cure de jouvence, avec l’ajout d’un étage, d’une véranda, d’une galerie et une refonte des fondations, à l’occasion de laquelle elle fut pivotée à 180 degrés !

Excusez la déferlante de noms, mais en voici d’autres, ceux des nombreux et prestigieux invités qui en ont jadis franchi le seuil : Pauline Julien et Gérald Godin, Georges Moustaki, Claude Léveillée, Anne Sylvestre, Bernard Landry…

Elle a un historique magnifique. Claude Léveillée y a joué toute la nuit sur le piano. C’est une maison à partage, et nous avons continué dans cette lignée. Beaucoup de gens débarquent à Rosée ; un invité, puis un autre, la musique part, et le party est lancé. Les Madelinots sont comme ça !

Isabelle Houle

  • L’intérieur est des plus chaleureux, axé sur l’accueil.

    PHOTO TIRÉE DE CENTRIS

    L’intérieur est des plus chaleureux, axé sur l’accueil.

  • La demeure peut recevoir jusqu’à 16 invités.

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    La demeure peut recevoir jusqu’à 16 invités.

  • De nombreux musiciens et artistes ont franchi le seuil de la Maison de Rosée au fil des années.

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    De nombreux musiciens et artistes ont franchi le seuil de la Maison de Rosée au fil des années.

  • L’intérieur se veut très lumineux.

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    L’intérieur se veut très lumineux.

  • La propriété est vendue avec le mobilier.

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    La propriété est vendue avec le mobilier.

  • Un étage a été ajouté dans les années 1990.

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    Un étage a été ajouté dans les années 1990.

  • L’une des six chambres du logis

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    L’une des six chambres du logis

  • Les lieux fleurent bon la cale de bateau.

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    Les lieux fleurent bon la cale de bateau.

  • Les grands espaces permettent à chacun de se faire sa bulle, même avec beaucoup d’invités.

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    Les grands espaces permettent à chacun de se faire sa bulle, même avec beaucoup d’invités.

  • Galeries, boudoir, véranda… les espaces en extra ne manquent pas.

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    Galeries, boudoir, véranda… les espaces en extra ne manquent pas.

  • La maison est implantée à deux pas de l’Anse Painchaud, dans un secteur animé.

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    La maison est implantée à deux pas de l’Anse Painchaud, dans un secteur animé.

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Paisibilité à partager

Sous la coupe d’Isabelle et de François, la Maison de Rosée est plus que jamais restée sous le signe du partage, perpétuant sa vocation de gîte touristique, repeinte et redécorée à cette fin. Prisée pour les réunions de famille, elle peut recevoir jusqu’à 16 invités, baignés dans cet océan de bois et de blanc, avec ses terrasses où les regards plongent dans la baie de Plaisance. « On y retrouve un calme extraordinaire, c’est serein, on y est bien, assure Isabelle. C’est une grande maison, même à plusieurs, personne ne se pile sur les pieds, chacun a son coin pour faire ses occupations. »

La propriété jouit également d’un appartement indépendant complet situé au rez-de-jardin, permettant aux propriétaires d’y loger même en présence des invités. Et si le prochain acquéreur le souhaite, il peut tout bonnement s’approprier l’intégralité des lieux.

Regardez l’émission intégrale de Salebarbes aux Îles

Mais n’oublions pas que c’est une habitation à partager ; des téléspectateurs ont d’ailleurs pu s’en régaler, puisqu’elle est apparue dans l’émission Salebarbes aux Îles diffusée sur Tou. tv, ainsi que dans le film Au revoir le bonheur, tourné sur place en 2020, où elle joue un rôle central dans le récit. Dernière anecdote : la Maison de Rosée est certes à part dans le paysage local, mais elle a toutefois une jumelle aux Îles, construite à l’époque pour la sœur de Rose Fougère, et aujourd’hui détenue par Julie Snyder.

Un nouveau cap

Après 10 ans sur place, Isabelle et François changent de partition, souhaitant respirer et réentendre de vieux airs ; ceux de la région métropolitaine. « Très probablement, on mettra bientôt en vente le restaurant. Ça, ça va, mais la maison… c’est un véritable deuil. On passe à autre chose, on revient vers Montréal. Nos enfants, petits-enfants, et surtout nos parents ont plus besoin de nous », explique le couple. Encore une fois, il a cherché une vieille centenaire et a fini par dénicher et acquérir… la demeure jouxtant l’ancienne maison d’Isabelle, à Terrebonne, sur le bord de l’eau. « Je suis devenue mon ancienne voisine ! », dit-elle en riant.

Maintenant, qui reprendra le gouvernail de la Maison de Rosée, vendue meublée et dont le prix a été fixé par un évaluateur agréé ? Qui que ce soit, on ne peut que lui souhaiter du bon temps ; et bon vent.

Contactez les propriétaires

La propriété en bref

Prix demandé : 1 198 000 $ (plus taxes, soit 1 377 400 $)

Année de construction officielle : 1955

Pièces : 15 en tout, dont 5 chambres et 1 dortoir, 4 salles de bains et 1 salle d’eau

Propriété locative avec revenus

Évaluation municipale : 367 909 $

Superficie du terrain : 53 032 pi⁠2

Impôt foncier : 4217 $

Taxe scolaire : 241 $