Bâtie sur le modèle des cathédrales, la maison de Claude Auclair s’inscrit comme un exemple de développement durable dans le paysage québécois. Rencontre avec un passionné d’histoire, qui s’est consacré à cette construction extraordinaire pendant près de 20 ans.

C’est à Orford, sur le chemin de la Belette, que Claude Auclair a choisi d’acheter un terrain rocheux en 2003 pour y construire une demeure atypique, fruit de patientes recherches historiques.

« Au fil du temps, on s’est aperçu que les bâtiments les plus résistants sur la planète sont les cathédrales », explique-t-il. En effet, le principe structurel de ces édifices multiplie les points de renfort en X plutôt qu’aux quatre coins comme c’est le cas des bâtiments traditionnels, ce qui assure à ces lieux de culte une très grande solidité.

Autre attrait de cette architecture : sa forme octogonale et sa grande hauteur sous plafond procurent un sentiment de sérénité et de réconfort, tout en dégageant l’espace. Ici, la structure en bois encadre majestueusement le panorama du lac Bowker.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Vue aérienne de la maison

Le projet de M. Auclair est né de sa lassitude du travail de bureau. « J’avais une entreprise en développement de logiciels et j’ai eu envie de faire quelque chose à l’extérieur, en avançant à mon rythme, sans avoir de pression parce que j’étais seul. Malgré tout, j’ai sous-estimé le temps nécessaire ! »

La première année, le propriétaire dessine ses plans, puis il fait couper le pin nécessaire à sa construction en prévision du long délai de séchage du bois. La deuxième année, il coule la fondation. « Ç’a été compliqué parce que je voulais que ce soit sur le roc et ça m’a pris un an uniquement pour enlever toute la terre puis faire la fondation ; elle est en béton armé et va donc durer des centaines d’années », poursuit celui pour qui la notion de durabilité est fondamentale.

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Claude Auclair a bâti cette maison hors du commun pendant 20 ans !

On parle souvent de développement durable en nous demandant de ne pas voyager, de ne pas manger de bœuf, mais développement durable, ça veut aussi dire faire les choses pour qu’elles durent longtemps.

Claude Auclair, propriétaire

« Or, les maisons d’aujourd’hui doivent être rénovées de façon majeure au bout de 30 ans, poursuit-il. Moi, je voulais en construire une qui n’aurait jamais de problèmes de solidité, de structure ou d’isolation. »

Une technique à l’ancienne

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Les éléments structuraux sont maintenus entre eux selon un système japonais ancestral.

Pendant deux ans, Claude Auclair loge dans un motorisé sur son terrain sept jours sur sept l’été, puis se rend dans le Sud l’hiver, où il travaille à distance pour son entreprise. « La troisième année, je me suis mis à couper les poutres, les tenons et les mortaises et j’ai invité des amis pour monter tout ça à la main. J’étais pas mal en forme à ce moment-là puisque je levais tout seul une pièce de 24 x 8 x 8 pieds ! J’ai travaillé très fort », souligne-t-il en ajoutant que c’était également essentiel pour lui d’utiliser uniquement des matériaux nobles et locaux.

« Il n’y a ni plastique, ni gypse, ni vis pour tenir les poutres. » Effectivement, les éléments structuraux en pin sont maintenus entre eux selon un système japonais très résistant conçu à partir de pièces de bois qui traversent les poutres. Tout le bois est issu d’un moulin établi dans la région ; seule l’ardoise qui recouvre la toiture vient de la Nouvelle-Angleterre, parce que celle du Québec est trop fragile pour habiller un toit.

  • Au rez-de-chaussée, une grande aire de vie ouverte laisse entrer la lumière.

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    Au rez-de-chaussée, une grande aire de vie ouverte laisse entrer la lumière.

  • Une des chambres à l’étage

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    Une des chambres à l’étage

  • La salle de bains, contemporaine

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    La salle de bains, contemporaine

  • La salle à manger s’ouvre sur la cuisine.

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    La salle à manger s’ouvre sur la cuisine.

  • Les cadres de fenêtre sont en bois à l’intérieur, puis en aluminium à l’extérieur.

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    Les cadres de fenêtre sont en bois à l’intérieur, puis en aluminium à l’extérieur.

  • Le poêle à bois suffit à chauffer toute la maison.

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    Le poêle à bois suffit à chauffer toute la maison.

  • Un solarium a été aménagé et comprend un spa.

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    Un solarium a été aménagé et comprend un spa.

  • Il n’y a aucun gypse dans la maison, comme en témoignent les portes et les cloisons du dernier étage, réalisées en métal.

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    Il n’y a aucun gypse dans la maison, comme en témoignent les portes et les cloisons du dernier étage, réalisées en métal.

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Des cloisons en bois et en métal

L’enveloppe est alors entamée et le maître des lieux organise une salle de bains et une cuisine temporaires au rez-de-chaussée pour pouvoir vivre à temps plein dans la maison. « J’avais mon poêle à bois, qui suffit d’ailleurs à chauffer toute la maison, même si j’ai installé un chauffage électrique dans le plancher. C’était déjà très confortable », affirme-t-il.

L’aménagement se poursuit, des cloisons en bois ou en métal sont érigées aux étages supérieurs, mais après 10 ans de travaux, Claude Auclair tombe malade et doit mettre son ouvrage sur pause pendant quelques années. Il reprend son activité en 2018, créant quatre chambres et une salle de bains aux deuxième et au troisième niveaux, ainsi qu’une vraie cuisine et une vraie salle de bains au rez-de-chaussée pour remplacer les pièces de fortune créées au début du projet.

Chaque détail a été pensé et le bâtisseur soutient avoir multiplié par 10 à 20 les normes du Code du bâtiment pour que la maison passe le temps sans bouger.

Le propriétaire aménage l’immense garage en espace multifonction, qui sert actuellement de bureau et de salle de lavage, crée un solarium, puis dernièrement, une passerelle menant à un point d’observation couvert, où il aime s’installer pour lire. Ici comme à chaque étage, la vue est dégagée en permanence sur le lac, car la résidence surplombe les arbres, qui ont tous été soigneusement préservés. La pérennité des éléments est au cœur de la philosophie de cet homme, dont la maison abritera assurément de nombreuses générations au fil des siècles.

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