Une chapelle devenue résidentielle, le Monastère des Augustines, l’Auditorium de Verdun, une maison mid-century : André Robitaille part à la découverte de la beauté et de la diversité du patrimoine architectural québécois dans Bien bâti, un nouveau magazine télévisé diffusé à Télé-Québec.

Il faut être un peu fou, passionné assurément, pour acheter une ancienne maison de ferme, construite au XVIIIe siècle, avant la Conquête britannique de 1760. C’est ce qu’ont fait un couple de Lévis et son amie en soloparentalité, qui y ont emménagé récemment avec leurs enfants. La maison Pâquet, classée patrimoniale, avait été mise en vente quatre ans auparavant et le propriétaire avait dû en baisser considérablement le prix, faute d’acheteurs. Cette demeure, que l’on découvrira dans le troisième épisode de Bien bâti, témoigne de la fragilité du patrimoine, dont la préservation est souvent tenue à bout de bras par un petit groupe de passionnés, qu’André Robitaille est allé rencontrer.

« Ces jeunes-là [les propriétaires de la maison Pâquet], ils se lèvent tous les matins et ils parlent de leur maison, ils grattent leur maison, ils trouvent une poignée, ils vissent un truc, ils refont un plancher, ils sont toujours là-dedans, raconte André Robitaille. Cette passion-là demeure tous les jours. J’avoue que ça me dépasse un peu. Je ne sais pas si je serais capable de faire ça. »

PHOTO FOURNIE PAR TRIO ORANGE

André Robitaille en compagnie de Lester Toupin, maçon artisanal

Curieux de nature

L’animateur des Enfants de la télé, qu’on a pu voir au cours de l’hiver dans la série À cœur battant, n’habite pas une maison ancienne, mais plutôt un condo moderne à Montréal et un chalet en bois en Estrie, qu’il considère comme son « chez-lui ». S’il a accepté de prendre la barre de cette série documentaire, c’est d’abord par curiosité. « Je n’aurai jamais la prétention de connaître [le patrimoine bâti] et d’en être un expert, mais j’ai toujours été intéressé par l’histoire, confie-t-il. Qui on était, qui on est et qui on va devenir, ça m’intrigue et ça me questionne beaucoup. Je trouve que ce qui est bâti peut nous rappeler et nous apprendre qui on est. J’ai toujours eu cet œil-là, l’œil curieux. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Rénové dans le but de s’ouvrir au public, le Monastère des Augustines a gardé un fort lien avec le passé.

Il a d’ailleurs suivi quelques projets de restauration de près, comme celui du Monastère des Augustines, à Québec, qui a été piloté par nul autre que son frère Denis, chargé de projet en patrimoine. « Ça a attiré beaucoup mon attention il y a 15 ans, alors qu’il a eu les clés de cet endroit et qu’il était en mission pour le sauver. Je suis très fier de ce qu’il a fait. J’ai été le premier à visiter ça avec lui. » Il y retourne d’ailleurs dans le cadre de la série, lors d’un épisode consacré au mariage de l’ancien et du contemporain.

Derrière chaque bâtiment, il y a ceux et celles qui l’habitent, le fréquentent, en prennent soin, et ce sont ces histoires humaines qui sont mises de l’avant dans Bien bâti. Chaque épisode fait le portrait d’un artisan qui œuvre à redonner à ces bâtiments leur splendeur d’antan.

« Il y a un réseau qui s’est développé parce qu’ils sont peu, souligne André Robitaille. Il y a quelque chose de beau là-dedans, dans la transmission, les plus âgés qui sont entourés de plus jeunes. »

Il donne l’exemple de Lester Toupin, un maçon artisanal, aussi restaurateur de foyers et de cheminées, qui travaille aux côtés de son fils Olivier. Touché par ce récit de transmission, l’animateur les a même engagés pour restaurer une « truie » des années 1940, un poêle à bois que lui a légué son père aujourd’hui disparu, « à peu près la seule chose qu’il [lui] reste de lui ». « Ça va me coûter plus cher, mais sentimentalement, mon père va chauffer la maison. »

Des lieux vivants à protéger

PHOTO FOURNIE PAR TRIO ORANGE

André Robitaille visite l’autrice Audrée Wilhelmy et sa maison patrimoniale.

Bien qu’il ait été érigé il y a des dizaines, voire des centaines d’années, le patrimoine bâti n’est pas statique. Il est vivant. Au fil des épisodes, nombreux sont les gens qui se disent influencés, inspirés, voire habités par les lieux qu’ils fréquentent. André Robitaille se souvient de sa rencontre avec Michel Martel, un homme qui sauve des maisons anciennes, et qui lui a expliqué comment une maison peut danser avec les changements de saison. « Une maison, pour lui, c’est quelqu’un, c’est quelque chose qui vit. »

Des lieux vivants, donc, qui doivent être protégés, selon l’animateur. « [Le patrimoine bâti] est fragile, parce que s’ils ne sont pas là [ces propriétaires et artisans passionnés], ça tombe constate-t-il. Pour ne pas perdre de vue qui on a été, qui on est, qui on va devenir, il faut que le patrimoine bâti soit sauvé. »

Le jour même de notre entretien, il devait rencontrer le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, dans le cadre d’un évènement et visionnement organisé par le ministère et Télé-Québec, au Musée de la civilisation. Comptait-il profiter de cette occasion pour porter ce message ?

« Ce serait prétentieux de parler au “je”, mais je pense que le projet va porter ce message-là. [...] Est-ce que télévisuellement, c’est une émission qui va avoir la grosse cote d’écoute et qui va faire plein de bruit ? Je ne sais pas. Mais, au moins, la pertinence du projet est évidente », répond celui qui dit aimer son médium quand il est impliqué socialement. « Bien bâti, ça inscrit directement dans l’envie que j’ai de continuer à faire ce métier. »

Bien bâti, les mardis à 19 h 30 à Télé-Québec. Des capsules complémentaires à la série sont aussi offertes sur le site de Télé-Québec.

Lisez l’article du Devoir sur la maison Pâquet Consultez le site de Télé-Québec