À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine, un restaurant de Québec qui interprète quelques classiques mexicains à sa manière : Julio Taqueria.

Pourquoi en parler ?

Ouvert en taqueria sans prétention pendant la pandémie dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, Julio Taqueria a fait un agrandissement et des rénovations majeures au printemps dernier. Le résultat est spectaculaire. On ne connaît aucune salle à manger qui ressemble à la colorée cantine conçue par les architectes de Lanterne. Dans ce nouvel espace beaucoup plus confortable que le précédent, les gens prennent leur temps, sirotent d’excellents cocktails, partagent des plats et apprécient le voyage.

Qui sont-ils ?

Les propriétaires de Julio Taqueria possèdent également le très populaire bar à cocktails Chez Tao, inspiré par les parfums de l’Asie du Sud-Est, ainsi que l’élégant jjacques. Ce sont Vincent Thuaud, Noémie Ducharme, Jean-Baptiste Morin et Damien Geoffroy qui ont bâti ce petit empire du bien boire et du bien manger à Québec.

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 L’équipe du Julio : Damien Geoffroy, copropriétaire et chef exécutif, Noémie Ducharme, copropriétaire, Jaysen Hunter, chef, Maxime Denis, responsable du bar, et Maëve Prévost, directrice

Si le chef de cuisine Jaysen Hunter est québécois, la majorité des employés de cuisine sont mexicains. « On a commencé à embaucher des travailleurs étrangers pour nos établissements avant la COVID-19. Toute l’équipe a appris l’espagnol pour pouvoir communiquer avec ces nouveaux collègues et employés », raconte Noémie. Aujourd’hui, les cuisiniers qui ont pris leurs marques s’engagent joyeusement dans la conception de nouveaux plats, tous sans une trace de gluten.

Notre expérience

Dès le seuil franchi, la déco moderne mais évocatrice nous annonce que nous ne sommes pas dans un restaurant de cuisine mexicaine traditionnelle. L’espace se divise en trois sections monochromes : une d’un rouge orangé qui peut rappeler un marché couvert avec son petit toit ; une jaune, un peu plus intime et en retrait ; puis une bleue, constituée d’un grand comptoir pour ceux et celles qui aiment s’asseoir plus haut.

C’était le premier dimanche soir du Julio, maintenant ouvert sept jours, en service continu. « Il y a plusieurs restaurateurs qui restreignent leurs heures et leur offre en ce moment, pour pallier le manque de main-d’œuvre ou le fait que les gens sortent un peu moins. On a décidé de faire l’inverse ! », lance Noémie lorsque nous nous parlons dans la semaine suivant ma visite.

  • À l’avant-plan, la quesabirria et son consommé

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    À l’avant-plan, la quesabirria et son consommé

  • Pour se réchauffer, on recommande la soupe pozole verde.

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    Pour se réchauffer, on recommande la soupe pozole verde.

  • Assiette de patate douce, mayo chipotle, salsa de maïs et queso fresco

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    Assiette de patate douce, mayo chipotle, salsa de maïs et queso fresco

  • Le crudo de flétan figure aussi au menu.

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    Le crudo de flétan figure aussi au menu.

  • La réussie trempette sikil pak et ses chips de maïs maison

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    La réussie trempette sikil pak et ses chips de maïs maison

  • Tacos al pastor

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    Tacos al pastor

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Mon ado et moi venions de passer la journée sur les pistes du Massif et avions encore froid jusqu’aux os. Le posole verde, une des soupes les plus réchauffantes que je connaisse, était de rigueur. La version verte est à base de bouillon auquel on ajoute une purée faite de tomatillos, de piments verts (souvent poblano) et de coriandre. Ce qui la rend bien nourrissante : la viande (souvent du poulet) et le maïs lessivé. Ce maïs-grain (et non légume, comme celui que l’on mange sur l’épi) a la particularité d’avoir été cuit puis trempé dans une eau à laquelle on a ajouté un peu de chaux alimentaire. Le processus, appelé nixtamalisation, change le goût du maïs et en libère la niacine.

Le délicieux posole de Julio est proposé en deux formats. Le grand à 13 $ vous nourrira pour la journée ou la soirée. Mais question d’avoir aussi faim pour les autres entrées que nous avions choisies, j’ai opté pour le petit. Les jalapeño poppers, farcis au fromage puis emprisonnés dans une épaisse panure, sont décadents, mais peut-être un peu anecdotiques. À refaire, j’aurais choisi la patate douce façon elote, avec queso fresco maison, mayonnaise de chipotle et salsa de maïs.

Nous n’avons eu aucun regret d’avoir commandé le sikil pak, une très aromatique trempette maya à base de graines de citrouille (pepitas), de tomates et piments rôtis, de coriandre, d’ail et parfois de lime et d’orange. Elle se mange avec les chips maison.

Chez Julio, les tortillas sont faites chaque jour, avec de la farine de masa (puis l’excédent est transformé en chips le lendemain). Le restaurant a même acheté un coûteux appareil Tortilla Masters pour former les galettes plus rapidement, et elles sont ensuite cuites à la main. Les nôtres contenaient des carnitas de porc confit assaisonnées à la perfection, des oignons marinés et de la salsa verde.

Est-ce un taco ou une quesadilla ? Peu importe, la quesabirria fait fureur depuis quelques années. C’est normalement un plat particulièrement riche, qui dégouline de gras de bœuf et de fromage. On l’aime ainsi. Celle de Julio est peut-être un peu sage, mais le consommé dans lequel on trempe la tortilla farcie a la profondeur requise.

Les sauces piquantes maison, que ce soit celle aux oignons brûlés, la polyvalente jalapeño ou la surprenante à l’orange, ne sont pas à laisser en décoration sur la table. Elles ajoutent plus de goût que de feu.

À boire

  • Maëve Prévost prépare un cocktail. Au Julio, la récupération alimentaire et le minimalisme sont de mise.

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    Maëve Prévost prépare un cocktail. Au Julio, la récupération alimentaire et le minimalisme sont de mise.

  • Le cocktail Isla de Queso

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    Le cocktail Isla de Queso

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Les cocktails sont une vraie richesse du Julio. En plus de plusieurs versions du margarita – j’ai opté pour le très réussi « picante », encore dans l’espoir de me réchauffer –, il y a quelques créations inspirées. Le « Isla de Queso », par exemple, porte ce nom parce qu’un de ses ingrédients est un cordial de petit-lait, fait avec le sous-produit du fromage frais confectionné sur place. Vincent Thuaud, qui est le mixologue en chef du groupe, a pris une tangente minimaliste et écoresponsable. Il n’y a plus de déco superflue dans les cocktails et on travaille de concert avec la cuisine pour réduire le gaspillage au maximum. Vous préférez la bière ? Il y en a, ainsi que quelques choix de vins bien décents. Aguas frescas, horchata et Jarritos (boissons gazeuses mexicaines) sont quelques-unes des propositions sans alcool.

Prix

Le plat le plus cher (quesabirria) coûte 18 $. À deux, nous avons mangé à notre faim pour une centaine de dollars, incluant un cocktail et un Jarrito.

Bon à savoir

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Tout est sans gluten… les churros aussi !

Julio est un restaurant sans gluten. Avec le maïs comme grain principal, c’est assez simple de retirer toute trace de gluten d’un menu mexicain. Le plus grand défi était de réussir des churros avec une farine mixte, et je dirais que malgré une texture bien différente, un peu moins croustillante, peut-être, c’est mission accomplie, entre autres grâce à une trempette de dulce de leche qui ne tombe pas sur le cœur.

Information

Julio est ouvert sept jours sur sept, de 11 h 30 à 23 h. À compter du 10 février, il y aura un menu brunch les samedis et les dimanches.

218, rue Saint-Vallier Ouest, Québec

Consultez le site du Julio Taqueria