Le débat concernant la place des écrans dans la vie de nos jeunes prend beaucoup de place dans l’actualité et nous ne pouvons que nous en réjouir. Les différents acteurs du milieu de l’éducation demandent depuis déjà bien longtemps qu’on se penche sur la question.

Les écrans sont omniprésents, notamment à l’école. Il est donc primordial de réfléchir à leur utilisation ainsi qu’aux dangers potentiels qu’ils présentent. La plus récente étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)⁠1 démontrant que les bienfaits pédagogiques des écrans dans nos classes sont marginaux viendra aider à recadrer leur utilisation dans les classes du Québec. Depuis trop longtemps, on cherche à imposer aux écoles les plus récents gadgets électroniques, les présentant comme « la solution » aux difficultés d’apprentissage, sans trop réfléchir à leur véritable utilité.

Il faudra toutefois faire attention de ne pas tomber dans le piège, comme nous l’avons fait trop souvent par le passé, d’appliquer une approche « mur à mur » à une mesure corrective.

Certains aspects doivent être considérés dans cette réflexion, avant d’instaurer une législation qui deviendra un autre casse-tête pour les écoles.

Distinguer les écrans

Nous avons tendance à utiliser le terme « écran » pour désigner tous les appareils électroniques présents dans la vie de nos jeunes. Cela peut cependant s’avérer problématique. Dans l’ère moderne dans laquelle nous vivons, l’utilisation de la technologie est incontournable, et l’école a un rôle prépondérant à jouer dans cet apprentissage.

Il est d’ailleurs désolant de constater que les compétences numériques ne sont pas un domaine à part entière du programme d’éducation québécois, contrairement à la plupart des autres provinces canadiennes. Utiliser le papier et le crayon pour la prise de notes et la rédaction de textes est certes une bonne idée et une excellente façon de contrer l’utilisation de l’intelligence artificielle, mais les outils technologiques et informatiques font partie de notre quotidien.

Connaissez-vous encore beaucoup de gens qui compilent des données à la main au lieu d’utiliser Excel ou qui rédigent des rapports manuscrits à leurs supérieurs au lieu de les rédiger sur Word ? L’apprentissage de l’utilisation des outils technologiques et la maîtrise des compétences numériques de base devraient faire partie intégrante de notre curriculum scolaire. Il faut en revanche éviter de confondre outils technologiques et téléphones intelligents.

En ce qui concerne justement la présence des téléphones cellulaires, montres intelligentes et autres appareils personnels dans nos écoles, je suis d’avis que nous devrions nous inspirer de la France et bannir complètement leur présence du terrain de l’école (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur).

Il faudrait cependant réfléchir à modifier le cadre légal dans lequel les écoles doivent gérer la présence de ces appareils. Plusieurs écoles sont frileuses à l’idée d’interdire complètement les appareils non par manque de volonté, mais plutôt parce que la gestion des appareils est souvent trop complexe.

La solution la plus simple serait de statuer, dans la future législation, que les écoles ne seront plus tenues légalement responsables des appareils perdus, volés ou confisqués sur leur territoire. Remettre la responsabilité de la gestion des appareils dans les mains des élèves et de leurs parents simplifierait le tout. Après tout, ce ne sont pas les écoles qui fournissent ces appareils. Pourquoi devraient-elles les gérer ?

J’invite donc nos décideurs à faire preuve de prudence lorsqu’ils étudieront le projet de législation concernant les écrans chez nos jeunes. Je les invite également à aller à la rencontre de ceux et celles qui gravitent autour du milieu scolaire afin de recueillir leurs avis. Si le gouvernement va de l’avant avec un projet de loi sans prendre le temps de parler aux gens qui sont sur le terrain quotidiennement, nous nous retrouverons avec une législation mal ficelée qui causera plus de problèmes aux écoles qu’elle n’en réglera.

1. Consultez l’étude de l’INSPQ « L’utilisation des écrans en contexte scolaire et la santé des jeunes de moins de 25 ans : effets sur la cognition » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue