Une triste époque. Le vendredi 26 avril 2024, les journalistes Daniel Renaud et Vincent Larouche ont signé un texte⁠1 rapportant une décision du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui venait blâmer des patrouilleurs du groupe Éclipse d’avoir tenté d’intercepter un véhicule conduit par des criminels violents qui venaient de causer des lésions corporelles graves et ultimement la mort d’un citoyen, le 31 mai 2023.

Le SPVM peine à recruter des jeunes policiers. Pensez-vous qu’avec ce genre de décision, ils viendront davantage travailler au SPVM ?

Le SPVM voit de plus en plus de policiers et de cadres prendre leur retraite avant les 30 ans normalement visés, découragés par le manque de leadership, de courage managérial et par le contexte social prévalant à Montréal. Découragés de ce qu’est devenue la police.

Le SPVM voit de plus en plus de policiers se désengager. L’École nationale de police du Québec a effectué une recherche à ce sujet et une des causes évoquées est le manque de soutien de la direction et des élus.

Avec ce genre de nouvelles, comprenez-vous pourquoi ce manque de soutien, même pour des crimes graves, où on blâme les policiers de vouloir faire leur travail, mène à la situation que nous vivons ?

La voie à suivre ?

Est-ce vraiment la voie que veut continuer de suivre le SPVM ?

Pense-t-on vraiment éviter de provoquer de l’under-policing (du désengagement policier) en prônant la non-intervention des patrouilleurs ? Pense-t-on que la situation s’améliorera dans les prochaines années ?

Pense-t-on vraiment que les criminels violents, en possession d’armes à feu illégales, au volant de véhicules volés, qui se passent le mot actuellement sur le fait que les patrouilleurs sont menottés, vont soudainement arrêter de narguer et foncer sur des policiers ?

Pense-t-on vraiment que les enquêteurs (débordés) vont réussir à trouver et à arrêter ces criminels dangereux qui sont sur les routes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, comme les patrouilleurs ? Ce serait de la pensée magique.

Et quand on annonce le doublement d’effectif consacré à ce type d’enquête, on déshabille Pierre pour habiller Paul, tout le monde le sait et cette stratégie est devenue éculée.

Pense-t-on vraiment qu’arrêter les dirigeants de réseaux de vols d’auto et les mettre en prison les empêchera de continuer à gérer leurs commerces lucratifs à partir des prisons ? Ou qu’ils ne seront pas remplacés ?

Veut-on vraiment d’une ville où le chaos et l’anarchie s’installeront et où on laisserait les rues, les quartiers, les communautés aux mains des criminels violents, juvéniles ou majeurs ?

La ville de Montréal s’expose à davantage de violence. Le cœur des policiers du SPVM saigne. Ce cœur, ce sont les patrouilleurs et les superviseurs de quartier qui, chaque jour, sur le terrain, protègent l’âme de la ville, les citoyens et citoyennes.

La récente démission en bloc des superviseurs du groupe Arrêt⁠2 est un symptôme de la démobilisation en cours, alors qu’ils étaient les fers de lance de la lutte contre la criminalité armée.

Si on veut arrêter l’hémorragie, attirer les jeunes, retenir nos policiers et policières expérimentés, il faut impérativement que la direction du SPVM et les élus de Montréal fassent confiance à nos patrouilleurs, leur donnent les outils, la formation et maintiennent leurs compétences.

Il faut penser à multiplier les moyens technologiques, mais aussi à les former aux techniques d’immobilisation provoquée (TIP), qui dans certaines circonstances leur permettront d’intervenir le plus sécuritairement possible pour eux et pour le public et démontrera aux criminels violents que les policiers et policières ne les laisseront pas causer le chaos et l’anarchie à Montréal.

Il ne faut surtout pas menotter les patrouilleurs et leurs superviseurs et laisser l’impunité grandir. À cet effet, les tribunaux ont un rôle important à jouer, pour donner la perception que justice se fait.

1. Lisez « Grogne chez les patrouilleurs du SPVM » 2. Lisez un article de Radio-Canada Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue