Pour atténuer le cynisme des consommateurs, qui nuit à l’innovation, les gouvernements doivent adopter un cadre juridique clair afin de contrer l’écoblanchiment, plaident les auteurs de cette lettre.

Les déclarations environnementales des entreprises sur leurs produits et services sont omniprésentes dans notre quotidien. Toutefois, une récente étude de Deloitte révèle que les consommateurs ne s’y retrouvent plus face aux nombreuses allégations qui accompagnent les produits et sont en voie de perdre confiance envers les entreprises.1 Au fur et à mesure que des rumeurs et des accusations d’écoblanchiment sont formulées, le scepticisme – voire le cynisme – s’installe insidieusement. La fiabilité des déclarations environnementales des entreprises et leurs réelles motivations sont remises en cause à un point tel que 41 % des dirigeantes et dirigeants qui poursuivent des objectifs de durabilité se sentent exposés à des accusations d’écoblanchiment.

Face à cette situation, les entreprises réclament un cadre juridique plus clair afin de contrer l’écoblanchiment qui entraîne des pratiques commerciales déloyales et l’érosion du lien de confiance entre les citoyens et les entreprises.

La modernisation des règles est non seulement nécessaire, mais urgente pour s’assurer que les entreprises québécoises demeurent concurrentielles et répondent à la demande croissante pour des produits plus écoresponsables. En effet, bien que 93 % des consommateurs canadiens soient prêts à récompenser les entreprises qui mettent en marché des produits écoresponsables, 49 % sont sceptiques quant à l’authenticité de leurs revendications de durabilité.

Le manque d’encadrement juridique est tel que les entreprises qui investissent en innovation durable risquent de ne plus être en mesure de monétiser leur avantage compétitif : 46 % des consommateurs indiquent qu’ils ne paieront pas plus cher pour des produits durables en raison de la difficulté à décoder les revendications qui leur sont communiquées.

Le moment est venu de mettre fin aux pratiques qui consistent à donner une image écoresponsable à un produit ou à un service qui ne l’est pas.

Dans un contexte où la conscience écologique des consommateurs est de plus en plus aiguë, des balises concrètes sont requises pour s’assurer que les déclarations environnementales reposent sur des informations justes, fiables, complètes, comparables et communiquées aux consommateurs en toute transparence et en temps opportun. Ces exigences de rigueur sur le plan de la divulgation des données climatiques coïncident d’ailleurs avec les attentes des investisseurs, des prêteurs et des assureurs.2

Le défi est complexe : comment représenter fidèlement l’engagement écologique d’une entreprise dans un cadre juridique qui manque de clarté et de précision ? Sans balises concrètes, comment bâtir des relations de confiance et communiquer avec certitude et exactitude ? Une telle ambiguïté ne profite ni aux entreprises intègres ni aux consommateurs. En plus de nuire à l’innovation des entreprises ainsi qu’à la crédibilité et la créativité des experts des communications et du marketing, elle défavorise les entreprises qui agissent pour la société et l’environnement, qui doivent pouvoir se distinguer pour saisir les occasions d’affaires qui émergent de la transition.

Les entreprises engagées et intègres souhaitent – et doivent – demeurer une source d’information hautement crédible au sujet de la performance de leurs activités, produits et services.

Il est temps pour le Québec et le Canada d’emboîter le pas aux nombreuses juridictions internationales qui encadrent déjà les déclarations environnementales.3 Un cadre juridique clair et prévisible permettra aux entreprises d’innover et de maintenir des relations de confiance avec les citoyens et à ceux-ci, de faire des choix éclairés, en accord avec leurs valeurs et leurs intérêts.

*Ainsi que 85 cosignataires

Voyez la liste des signataires de cette lettre 1. Consultez une étude de Deloitte (en anglais) 2. Consultez un rapport de Deloitte (en anglais) 3. Consultez la liste des pays qui encadrent l’écoblanchiment, sur le site Bird & Bird (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue