Alors que notre 50campagne annuelle de collecte de fonds se met en branle, il importe, plus que jamais, de s’attaquer collectivement aux causes de la pauvreté.

Vous savez, l’impression que l’on a en prenant place dans un wagon de montagnes russes, bien conscient qu’on s’apprête à nous engager dans une série de boucles et de virages plus vertigineux les uns que les autres ? Eh bien, c’est exactement le sentiment qui m’habite alors que je rédige cette chronique.

Septembre, pour moi, signifie le début de notre campagne de collecte de fonds, une course contre la montre au cours de laquelle plus de 500 campagnes en milieu de travail se déploieront, où les grands donateurs seront sollicités et où près de 100 000 donateurs individuels manifesteront leur générosité envers les personnes les plus vulnérables du Grand Montréal.

Une longue tradition

Cette 50campagne annuelle marque un jalon important pour Centraide du Grand Montréal. Comme les individus, les organisations profitent souvent d’anniversaires marquants pour faire un bilan, et la nôtre ne fait pas exception.

Centraide du Grand Montréal est né d’un regroupement de cinq fédérations culturelles, linguistiques ou religieuses qui œuvraient auprès de différents segments de la population. Il est ainsi l’héritier d’une longue tradition d’entraide.

Depuis sa fondation, Centraide du Grand Montréal a amassé plus de 1,7 milliard de dollars, une somme réinvestie dans les différents quartiers, villes et MRC de la région. C’est un chiffre impressionnant, vertigineux, qui appelle à la réflexion.

La première question que nous nous sommes posée à l’approche de cet anniversaire : notre action fait-elle une différence ? La réponse, pour nous, est évidente : oui. Centraide appuie un réseau d’organismes qui favorisent un tissu social fort et solidaire au sein duquel les gens peuvent aspirer à des conditions de vie décentes.

Il y a environ un an, dans ce même journal, je qualifiais ce tissu social de véritable infrastructure. Si, en lisant ce terme, on pense plutôt à une autoroute, à un aqueduc ou à un système d’égouts, il n’en demeure pas moins que c’est cette infrastructure sociale qui a fait du Grand Montréal ce qu’il est aujourd’hui. Elle est portée à bout de bras par le communautaire, les fondations privées et publiques, et les gouvernements. Mais ce tissu social est menacé.

Lisez la chronique « L’humain et la pierre »

Notre mission première est de soulager les effets de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Mais il est aussi primordial, dans notre travail, de nous attaquer aux causes de la pauvreté, et non uniquement à ses conséquences. C’est ce qui explique, par exemple, l’accent que nous avons mis sur la crise du logement au cours des 18 derniers mois. Ses effets sont tellement importants qu’ils menacent la cohésion sociale, et c’est seulement en l’abordant de front que nous pourrons la résorber.

Efficacité collective

Vous l’avez peut-être remarqué : dans les statistiques officielles, on indique qu’environ 20 % de la population se trouve en situation de vulnérabilité. C’est vrai pour les revenus, l’insécurité alimentaire et bien d’autres choses. La situation semble endémique.

Doit-on pour autant rester les bras croisés ? Bien sûr que non. Mais la solution passera nécessairement par une volonté de travailler plus près des enjeux, avec des solutions concrètes pour le long terme.

Sinon, nous ne contribuerons pas concrètement à briser le cycle de la pauvreté.

Lors d’une récente réunion avec des partenaires philanthropiques, communautaires et institutionnels, quelqu’un a parlé d’efficacité collective. L’expression est venue dans le cadre d’une discussion sur l’importance de la collaboration pour répondre aux enjeux sociaux. Je me permettrais de définir cette efficacité collective par l’importance de ne pas dédoubler le travail des organismes communautaires et, surtout, d’assurer un financement cohérent et conséquent afin de les aider à réaliser leur mission.

Chaque année, nous recommençons notre collecte de fonds. Chaque fois, nous repartons à zéro, car nous ne recevons que très peu de dons pluriannuels. À l’inverse, cependant, nous offrons un financement sur plusieurs années aux organismes, car ils ont besoin de stabilité dans leurs prédictions budgétaires. Si nous prenons cette pression sur nos épaules, c’est pour leur assurer une certaine tranquillité d’esprit.

Nous assumons ce risque avec la certitude de pouvoir compter sur un Grand Montréal généreux qui répondra toujours présent. Ce sera le cas cette année encore, comme ce fut le cas lors des 50 dernières années.

Mais le vertige devant la gravité et la complexité des problèmes auxquels nous faisons face me confirme que c’est de manière collective que nous devons trouver des solutions aux causes de la pauvreté. Aucune personne, aucun philanthrope, aucune institution, aucun organisme communautaire, ni aucun gouvernement ne trouvera les solutions de façon individuelle.

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