En cette fin de semaine de Pâques, marquée par la triste nouvelle de l’incendie de Notre-Dame de Paris, j’avais envie de vous raconter une histoire de feu et de résurrection. Mais je ne parle pas ici de la chaleur humaine perceptible dans la mobilisation planétaire pour faire renaître Notre-Dame de Paris de ses cendres. Je ne parle pas non plus de la résurrection d’Emmanuel Macron, qui semble avoir retrouvé le feu sacré depuis cet incendie.

Le feu, c’est la vie, mais aussi la mort et la renaissance. D’ailleurs, quand quelqu’un casse sa pipe, ne dit-on pas que monsieur Untel s’est éteint ? Pourtant, quelques jours après sa disparition, on recommence à parler de feu Untel. Ce qui laisse penser qu’il y a forcément quelque chose qui rallume tout ce monde ? Sinon, comment peut-on péter au frette un jour et, le lendemain, recommencer à péter le feu ? Le mystère est total. Aidez-moi à comprendre ce grand paradoxe qui amène parfois à entendre malheureusement dire au Québec : « Monsieur Laflamme s’est éteint. Toute sa vie, il a brûlé la chandelle par les deux bouts. Vers la fin, il était dans un foyer, où il mourait à petit feu. »

La perspective que tout finisse un jour et que nous disparaissions nous tourmente depuis l’aube des temps, et chacun essaie de trouver du réconfort comme il le peut. Mais entre le rêve inaccessible d’immortalité et les promesses incertaines de vie éternelle, entre l’arbre de vie et celui de la connaissance du bien et du mal, pourquoi ne pas opter pour cette troisième voie en redonnant aux plantes vertes les composantes qu’elles nous avaient généreusement prêtées ? S’il est vrai, comme le disaient les anciens, que l’homme peut revivre par les enfants qu’il a éduqués, mais aussi par les arbres qu’il a plantés, je propose d’ajouter cette troisième possibilité qu’est la résurrection de l’homme par les arbres qui l’ont recyclé.

Vous voulez la recette de cette réincarnation garantie à 100 % ? Je vous la donne. Tout ce que ça vous prend, c’est cette urne à base de fibres végétales offerte sur le lucratif marché de la mort.

Dans ce vase contenant vos cendres sera logée une graine de votre choix.

Il ne restera plus qu’à arroser pour revenir sous la forme d’une plante qui pourra s’enraciner dans la terre et produire de l’oxygène et/ou de la nourriture pour les générations à venir. Si l’incinération n’est pas envisageable, rien n’empêche d’envoyer le corps dans la terre avant de planter un arbrisseau au bon endroit et de laisser le temps et la croissance de la plantule assurer le transfert de matière. Voilà une belle façon de combiner résurrection et écologie post-mortem en restituant aux plantes vertes ce qu’elles nous ont généreusement prêté.

En effet, s’il y a une certitude biologique qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que nous devons des mercis aux organismes chlorophylliens qui fabriquent directement ou indirectement ce que nous consommons, en plus de produire l’oxygène que nous respirons. Quand on mange un steak, avant même de remercier le bœuf, il faut avoir de bons mots pour le maïs et le foin qui l’ont nourri. Si nous dégustons un produit de la mer, c’est le phytoplancton qui est la base de la chaîne alimentaire aquatique qu’il faut remercier.

Nous empruntons à ces organismes dits autotrophes ce que nous sommes et c’est la moindre des choses de leur retourner leur dû après la mort.

Dans la chimie d’un corps humain, le carbone, l’oxygène, l’hydrogène et l’azote représentent plus de 95 % du poids corporel d’un individu. Selon les évaluations d’un physiologiste français, le prix d’un humain moyen dans un catalogue de produits chimiques serait évalué à environ 600 $. Ainsi, et n’en déplaise au magazine Forbes, Bill Gates ne vaut pas plus de 600 $. En fait, il vaut -600 $, somme due à des créanciers chlorophylliens.

Joyeuses Pâques, chers lecteurs et lectrices !

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