J’aimerais vous faire part de ma dernière expérience à notre aéroport international au retour d’un voyage en Grèce plutôt intense.

J’accompagnais ma mère (je ne mentionnerai pas son âge, car elle n’aimerait pas. Elle dit qu’elle a 59 ans depuis longtemps et pour longtemps… j’en ai 61, donc si vous savez compter un peu). C’est une dame en forme, mais, malheureusement, elle a fait une chute durant le voyage et s’est infligé une double fracture du bassin. Je vous épargne tous les détails de cette épopée homérique. Notre vol de retour avec Air Canada était prévu le 8 mai dernier.

Dès notre arrivée à l’aéroport d’Athènes, avec nos bagages et nos nouveaux outils (canne et fauteuil roulant), je remarque environ une douzaine de préposés pour personnes ayant besoin d’assistance. Ils sont identifiés par une veste jaune fluorescent avec pictogrammes représentant les assistances pour déficiences visuelles, auditives et troubles de mobilité. De plus, à chaque entrée numérotée de l’aéroport se trouve un poste bien identifié pour les gens ayant besoin d’aide. Il y a des sièges et un téléphone.

PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEURE

Manon Bernier et sa mère, Liette

Après une visite à la salle des toilettes (très propre et équipée, juste à l’entrée, d’une grande cabine bien aménagée pour les gens en fauteuil roulant), nous nous rendons au poste afin d’obtenir de l’assistance. On me demande le numéro de l’entrée, le nom de la compagnie aérienne et l’heure du vol ainsi que nos noms.

Quelques instants plus tard, un jeune homme charmant se présente. Il pousse le fauteuil jusqu’au comptoir d’Air Canada pendant qu’un autre s’occupe des bagages pour l’enregistrement.

Il nous amène à la sécurité de façon prioritaire et récupère nos sacs de cabine. Il nous accompagne jusqu’à notre porte d’embarquement. Un trajet plutôt long durant lequel nous échangeons sur nos pays respectifs. Les yeux brillants, il me confie qu’il rêve de venir un jour s’établir à Montréal.

L’agente d’Air Canada, sans que nous en ayons fait la demande, nous offre de nouveaux sièges ayant plus d’espace et près d’une toilette équipée pour personne avec trouble de mobilité. Je me dis que je peux enfin respirer.

Le jour et la nuit

Après un vol de 10 heures, une fois les autres passagers sortis, un employé de l’aéroport (non identifié, mais très gentil lui aussi) vient chercher ma mère, avec un fauteuil roulant, à la sortie de l’avion. Après avoir couvert une certaine distance, il reçoit un appel et nous demande d’attendre, ce que nous faisons durant de longues minutes. Finalement, il revient en poussant une autre dame en fauteuil roulant. Curieusement, il est seul et me demande de m’occuper du fauteuil de ma mère.

Je mets donc tous nos sacs sur ses genoux et m’exécute. Il nous indique les ascenseurs et puis il disparaît. Je réalise qu’il faut être plutôt rapide pour attraper un ascenseur quand on est chargé comme nous l’étions. La porte est sur le point de se refermer lorsqu’une femme avec un jeune enfant en poussette demande qu’on la retienne pour nous laisser entrer. Une fois au niveau des arrivées et de la douane, qui est bondée, nous sommes seules et je ne vois personne pour nous diriger. La même jeune femme revient pour m’indiquer où se trouvent les bornes pour les personnes ayant besoin d’assistance.

Il y a six bornes dont trois qui ne fonctionnent pas (elles ne sont pas identifiées comme défectueuses). Finalement, après deux essais infructueux, cette même dame qui, en plus de son enfant, semble s’occuper d’un groupe de quatre personnes, me trouve enfin une borne en état.

Nous passons devant l’agent de la douane qui ne nous donne, lui non plus, aucune directive pour faciliter notre retour. Nous prenons donc l’ascenseur de nouveau pour aller récupérer nos bagages. Juste avant, nous passons à la salle de toilettes qui est très étroite et je manœuvre le fauteuil avec difficulté pour me faufiler derrière une longue file de dames. Elles regardent par terre ou ailleurs, et je me dis que j’aurais probablement eu plus de chance à la salle des messieurs.

La seule toilette pour personne avec handicap se trouve au fond de la salle et, bien entendu, elle est hors d’usage…

Je récupère nos bagages sur le carrousel, où il n’y a encore visiblement personne sur place pour nous aider. Je donne plusieurs poussées d’une main sur le fauteuil qui avance péniblement de quelques pieds tout en récupérant à plusieurs reprises ma valise restée derrière pendant que ma mère tient les sacs sur ses genoux d’une main, et tire sa valise de l’autre. Nous nous dirigeons vers l’entonnoir de la sortie, où il n’y a pas de file pour les gens avec trouble de mobilité, à travers une foule qui a hâte de sortir, des enfants fatigués, etc. Je remarque une affiche qui dit d’avoir bien en main nos déclarations de douane (il me manque au moins deux paires de mains). Je remets finalement le tout au sympathique agent à la sortie. Après cet exploit, je me dis que, vraiment, nous sommes prêtes pour le Cirque du Soleil…

En sortant, j’ai eu une pensée pour le jeune homme qui nous a prêté assistance à l’aéroport d’Athènes et qui rêve du Canada et de Montréal comme le haut lieu du mieux vivre. Je me dis qu’il aurait probablement eu un choc en voyant ce que nous avons vécu à notre retour.

Moi, j’en ai ressenti une très grande honte. Ma mère et moi, on va s’en remettre, mais je pense à tous ceux qui, après nous, risquent de vivre la même chose et qui n’auront pas la chance de croiser une femme avec un enfant en poussette…

Si la Grèce fait mieux que nous dans ce domaine, alors il faut s’en inspirer. Nous nous devons de faire mieux pour tous ceux dont la mobilité est un enjeu au quotidien et certainement un défi de taille en situation de voyage.

P. S. Nous tenons à remercier le personnel d’Air Canada, à Athènes et à bord, qui a été attentif et impeccable à notre égard.

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