Vous êtes un homme ? Vous êtes « Blanc » ? Vous êtes une personne sportive ? Vous avez un poids typique ? Vous êtes un parent ? Vous êtes un francophone ou un anglophone ? Vous avez donc du pouvoir et des privilèges. C’est du moins ce que nous apprend un graphique tiré d’un document de formation sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) présenté par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

Visant à « créer des environnements de recherche inclusifs », ce document nous apprend encore que les personnes racisées, issues de l’immigration et les femmes seraient par définition « privées » de pouvoir et de privilèges et incapables de faire preuve de racisme. Selon cette segmentation simpliste et arbitraire de notre société, Dominique Anglade, une femme multimillionnaire qui a dirigé le Parti libéral du Québec et qui gravite dans les hautes sphères de la société, serait une opprimée. Et une actrice américaine comme Whoopi Goldberg ne pourrait pas tenir de propos antisémites parce qu’elle a la peau noire – rappelons ici qu’elle a déjà été suspendue de son émission sur la chaîne ABC pour avoir déclaré que l’Holocauste « n’était pas une affaire de race ».

Par contre, n’importe quel homme « blanc » qui coche plusieurs des caractéristiques de ce graphique aurait nécessairement du pouvoir et des privilèges, surtout s’il fait du sport !

Qu’il se remette d’un cancer, ait été victime d’abus sexuels ou ait grandi dans un milieu défavorisé n’aurait pas grand poids dans la balance. En termes de pouvoir et de privilèges, sa couleur de peau serait plus déterminante que les nombreux avantages dont bénéficie une femme « racisée » comme Dominique Anglade. De plus, comme le document indique noir sur blanc que « Pouvoir + privilège = racisme », on comprend qu’on devrait faire le procès de ce monsieur avant de faire celui d’une femme comme Whoopi Goldberg dont les propos ont plusieurs fois été décriés.

Des formations remises en question

Depuis quelques années, les firmes de consultants EDI fleurissent au pays, dispensant à qui mieux mieux des formations sur la diversité dans nos institutions gouvernementales, dans nos établissements scolaires et dans nos entreprises privées. Or, ces formations font l’objet de nombreuses critiques. Dans une revue de la littérature, les chercheurs Frank Dobbin (Université Harvard) et Alexandra Kalev (Université de Tel-Aviv), coauteurs d’une étude basée sur des données recueillies auprès de 829 entreprises américaines sur trois décennies, avancent que de telles formations, dont les effets peuvent se dissiper en quelques jours, ne réduisent pas les préjugés et ne modifient pas le comportement.

En plus d’être inefficaces et très coûteuses, ces formations visant principalement les groupes dits « dominants » seraient même contre-productives.

C’est ainsi qu’on a constaté qu’en suscitant un sentiment de culpabilité chez les « Blancs », ces formations peuvent renforcer les préjugés ou conduire à plus d’hostilité envers les groupes minoritaires.

Elles amènent également bon nombre de participants à croire qu’ils doivent marcher sur des œufs lorsqu’ils sont en contact avec des membres des groupes minoritaires, qu’ils viennent à considérer comme des êtres fragiles et facilement offensés. Par conséquent, les membres du groupe dominant deviennent moins enclins à essayer de nouer des relations ou de collaborer avec des personnes issues de ces groupes minoritaires. Rien de tout cela ne favorise l’intégration sociale et le vivre-ensemble.

En cherchant davantage à susciter une nouvelle compréhension des relations raciales qu’à résoudre les problèmes spécifiques des organisations, l’approche EDI contemporaine rate la cible tout en mettant à mal les rapports entre concitoyens. Qui se penchera sur ces formations qui se multiplient et sont dispensées par des pseudo-experts sans que leur efficacité soit démontrée ? Qui se questionnera sur les effets à long terme de ces ateliers de rééducation de l’homme « blanc » ? Qui s’inquiétera de la stigmatisation des groupes minoritaires à travers des concepts idéologiques qui n’ont aucun fondement scientifique ?

Enfin, qui aura le courage de dénoncer ce business qu’est devenu l’antiracisme ? Car notre humanité commune en fait déjà les frais.

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