L’auteure réagit au témoignage de la psychologue Sandra Lafortune, « Futurs psychologues, travaillez au privé », qui brossait un tableau plutôt sombre de la situation des psychologues dans le réseau public québécois.

Il est largement reconnu que l’accès à un psychologue dans le réseau public est complexe et qu’il relève souvent du parcours du combattant. Bien souvent au détriment d’une personne vulnérable et de ses proches qui n’ont plus d’énergie pour se battre. Ces difficultés d’accès sont entre autres dues à une diminution constante du nombre de psychologues dans le réseau public, et ce, depuis plus d’une décennie.

Selon les données de l’Ordre des psychologues du Québec, on note actuellement une diminution de 26 % du nombre de psychologues dans le réseau de la santé comparativement à 2010. Pourtant, les besoins en santé mentale ont explosé et la population du Québec a augmenté d’environ 1,3 million de personnes pendant cette période.

Pas facile pour la santé mentale de se tailler la place qu’elle devrait avoir dans le réseau public.

Cette difficulté vient-elle de son caractère que certains perçoivent comme abstrait ? Il n’y a effectivement pas de prise de sang ou de radiographie pour quantifier l’intensité de la souffrance, mais elle est bien là et souvent décrite comme une des pires douleurs.

Et puis, ces effets se font ressentir partout : absentéisme au travail qui mène parfois à des invalidités à vie et contribue à la pénurie de main-d’œuvre que nous vivons, augmentation en flèche des tentatives de suicide chez les jeunes et des visites aux urgences pour des problèmes de santé mentale, pour ne nommer que quelques exemples.

Intégrer la santé mentale dans notre vision globale de l’humain ainsi que dans nos soins ferait un immense bien à tous. Toutefois, les changements de vision et de « culture » prennent du temps. Certains diront même « trop », et avec raison. Toutefois, comme avec les gens que nous traitons, la patience semble être de mise. D’ailleurs, jusqu’à maintenant, elle a été payante :

  • le premier ministre François Legault et le ministre Lionel Carmant ont affirmé publiquement à plusieurs reprises qu’ils allaient poser des gestes pour régler la pénurie de psychologues dans le réseau public ;
  • le Conseil du trésor a fait des offres différenciées pour les psychologues, bien que les représentants syndicaux de ces derniers n’aient pas fait de demande en ce sens. Plusieurs diront à raison que ces offres ne sont pas suffisamment élevées pour régler les problèmes d’attraction et de rétention. Mais il s’agit tout de même d’une première dans l’histoire du Québec ! Une action concrète pour arrêter l’hémorragie et la fuite vers le secteur privé ;
  • la vaste majorité des étudiants au doctorat en psychologie (85 %) désirent travailler dans le réseau public et ils y viendront si les conditions de travail y sont améliorées ;
  • il y a trois ans, certains journalistes me demandaient ce que je voulais dire par « psychologues dans le réseau public ». Notre existence-même était méconnue. Pendant longtemps, quand mes voisins me demandaient ce que je faisais comme travail et que je disais que j’étais psychologue dans un hôpital, je me faisais demander : « Il y a des psychologues dans les hôpitaux ? » En quelques années, nous sommes passés de « on ne sait pas que vous existez » à « on pose des actions concrètes pour garder les psychologues dans le réseau ».

Bien sûr, il reste beaucoup de chemin à parcourir. Mais on voit une petite lumière au bout du tunnel. Nous savons ce qu’il y a à faire. Il reste à le faire. La Coalition des psychologues du réseau public québécois est prête à contribuer à l’atteinte de cet objectif en apportant son entière collaboration au gouvernement et à tous ceux qui ont cette cause à cœur.

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