Le ministre québécois de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, entame cette semaine une grande consultation sur l’avenir énergétique du Québec. Cette consultation arrive à point nommé pour déterminer les prochaines étapes du développement énergétique au Québec, alors que le monde entier est secoué par la crise de l’énergie en Europe provoquée par la guerre en Ukraine et alors que le débat sur le climat et les émissions s’intensifie partout sur le globe.

La consultation commence quelques jours à peine après que M. Fitzgibbon eut admis en commission parlementaire lors de l’étude des crédits qu’il faudrait trouver plus de 17 000 mégawatts (MW) d’électricité (environ 35 % de la puissance existante) pour remplacer le gaz naturel consommé chaque année au Québec par les ménages et les entreprises – de l’électricité dont ne dispose absolument pas Hydro-Québec, qui est déjà, selon son plus récent plan stratégique, à la recherche de plus de 100 térawattheures (TWh) pour combler les besoins qui avaient déjà été déterminés, soit une augmentation de plus de 50 % de sa production actuelle.

Pourquoi pas le gaz naturel du Québec ? Le plus récent rapport « L’état de l’énergie au Québec » publié par la Chaire de gestion de l’énergie de HEC Montréal nous rappelle que la consommation de gaz naturel du Québec continue à croître et que le gaz consommé a une valeur d’environ 2 milliards de dollars par an – une ressource que le Québec importe à 100 %. Même alors que la transition énergétique est entamée, ce transfert de richesse du Québec vers l’étranger se poursuivra au même niveau pour 20 à 30 années de plus.

Il semble mal avisé de continuer à importer ce gaz alors que le Québec possède l’équivalent de 20 % des réserves canadiennes en gaz naturel.

Le gaz naturel présent dans le sol québécois se situe dans des formations rocheuses semblables à celle d’où provient le gaz importé par le Québec, et la technologie pour l’extraire est éprouvée et utilisée sans problèmes depuis plus de 20 ans maintenant. En plus de remplacer les importations ici au Québec, ce gaz est assez abondant pour devenir une source d’approvisionnement pour nos alliés, particulièrement en Europe, avec le double avantage de les aider à réduire leur dépendance envers le gaz russe et de contribuer à réduire leurs propres émissions puisqu’il leur permettrait de remplacer des centrales au charbon plus polluantes.

Le développement du gaz naturel aurait ainsi pour effet d’enrichir le Québec et les Québécois, de nous libérer de notre dépendance aux énergies importées de l’extérieur du Québec, de permettre au Québec de jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale et, au terme de cette transition, d’utiliser le gaz du Québec pour devenir un leader mondial dans la production de nouvelles sources d’énergie comme l’hydrogène ou le gaz naturel renouvelable, ainsi que la séquestration du carbone.

Vu le contexte actuel, il ne fait aucun doute que le gaz naturel comme énergie de transition doit minimalement faire partie de la discussion quant aux réflexions entreprises sur l’avenir énergétique du Québec. Afin de tenir un réel débat de société, il faut tenir compte de plusieurs opinions et mettre sur la table toutes les idées et possibilités.

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