Le 3 octobre 1980, rue Copernic, Paris. C’est un vendredi soir, un soir de shabbat donc, le soir aussi de la fête juive de Sim’hat Torah.

Une bombe explose devant la synagogue Copernic de l’Union libérale israélite de France, dans la rue du même nom. La verrière de la synagogue s’effondre sur les fidèles, et l’une des portes est soufflée. Des voitures garées dans la rue sont projetées sur la chaussée, les devantures de magasins sont détruites sur 150 mètres.

PHOTO JEAN-CLAUDE DELMAS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Aperçu des dégâts à la synagoge de la rue Copernic, à Paris, après l’explosion du 3 octobre 1980

Le bilan est lourd : 4 morts et 46 blessés. Philippe Bouissou (22 ans) qui passait à moto est tué sur le coup. Aliza Shagrir (42 ans), présentatrice de télévision israélienne en vacances en France, est également tuée sur le coup alors qu’elle marchait sur le trottoir, tout comme Jean Michel Barbé, chauffeur d’une famille qui fréquente la synagogue. Hilario Lopez-Fernandez, le concierge espagnol de l’hôtel Victor Hugo, situé presque en face de la synagogue, est grièvement blessé et meurt deux jours plus tard.

C’est le premier attentat antisémite en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’enquête des juges d’instruction attribue l’attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe né d’une scission du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Il faudra finalement attendre 1999 pour que la Direction de la sécurité du territoire transmette aux juges d’instruction de nouveaux renseignements parmi lesquels un passeport au nom d’Hassan Diab, saisi en 1981 à Rome, sur un membre présumé du FPLP-OS, comportant des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, pays d’où serait parti le commando, à des dates concomitantes à celle de l’attentat.

Grâce aux témoins, un portrait-robot du terroriste est réalisé et, en 1999, la Direction de la surveillance du territoire (DST) identifie un certain Hassan Diab, libano-canadien, installé au Canada.

Arrêté en 2008, et après plusieurs années de recours judiciaires pour éviter son extradition, il est finalement extradé du Canada et incarcéré en France en 2014. Il bénéficie d’un non-lieu en 2018, qui provoque sa mise en liberté et lui permet de retourner au Canada. Cependant, le non-lieu est infirmé en 2021 par la cour d’appel de Paris, qui renvoie l’affaire devant la cour d’assises spéciale.

Quarante-trois ans plus tard

Le 3 avril 2023, 43 ans après l’attentat, le procès s’est donc ouvert à Paris. Dans le box de l’accusé, personne. Hassan Diab n’a pas souhaité comparaître à son procès.

Après trois semaines de plaidoiries et d’audiences des parties civiles, la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’un mandat d’arrêt, a été demandée par la cour d’assises, après plus de sept heures de délibéré dans une salle comble.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Hassan Diab et une manifestante favorable à sa cause, à Ottawa, le 21 avril dernier

La France est un pays démocratique, où règne la suprématie du droit et qui offre toutes les protections, en vertu des législations françaises et européennes, aux accusés.

Contrairement à ce qu’affirment les appuis de Diab, tous les droits de ce dernier ont été scrupuleusement respectés.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) – dont le CIJA s’est fait l’écho au Canada – a rapidement salué la décision de la justice française et a demandé expressément l’extradition d’Hassan Diab, condamné à la réclusion criminelle et dont la responsabilité dans l’attentat de la rue Copernic ne laisse la place ni à l’ambiguïté ni au débat.

Nous, représentants des communautés juives canadienne et française, demandons donc au gouvernement canadien de respecter la décision judiciaire française et d’accéder à sa demande d’extradition d’Hassan Diab afin qu’il effectue sa peine.

Personne n’a oublié l’attentat de la synagogue Copernic.

Quarante-trois ans d’attente ont plongé les victimes de l’attentat, leurs familles et les témoins dans une quête profonde de justice. Que celle-ci leur soit enfin garantie.

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