On dit souvent de la politique qu’elle est un sport extrême. On dit aussi d’elle qu’elle est l’art du possible. Ces emprunts au monde sportif et à l’art sont des plus pertinents, car la politique requiert de la détermination, de la rigueur, de la finesse et de l’endurance, surtout lorsqu’il s’agit de chefs de gouvernement et de chefs d’État. Sur tous ces aspects, Jean-Charest s’est démarqué, pendant les 10 ans où il fut le premier ministre du Québec.

Aujourd’hui, 14 avril 2023, marque le 20anniversaire de la prise du pouvoir par le Parti libéral du Québec de Jean Charest. Il s’agit d’une occasion en or de souligner les réalisations qui ont jalonné les 10 années qu’a duré cette gouverne libérale.

Contexte

En 1998, l’arrivée de Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec s’est inscrite dès le départ dans l’ère post-référendaire, laquelle était elle-même marquée par de vives tensions entre le Québec et le reste du Canada de même qu’un recul du Québec sur la scène canadienne.

Plutôt que d’opter pour le repli du Québec sur lui-même, Jean Charest, alors dans l’opposition, a misé sur la saine affirmation du Québec dans l’ensemble canadien et sur l’élaboration de politiques sociales et économiques substantielles, politiques qu’il appliqua dès qu’il put former le gouvernement.

À l’aube du nouveau millénaire, il y avait, ne l’oublions pas, un large sentiment dans la population qu’il fallait actualiser le Québec, qui avait pris du retard à maints égards et qui semblait embourbé dans des façons de faire relativement lourdes et dépassées.

Jean Charest a incarné et canalisé positivement ce courant, et a jeté les fondements de la modernisation du Québec.

Plus exactement, de 2003 à 2012, l’action des gouvernements Charest se déploiera notamment sur les cinq axes suivants :

Développement social et économique, famille et fiscalité

Le gouvernement Charest fut conservateur du point de vue fiscal et libéral du point de vue social. Les années Charest ont permis que s’accomplisse le redressement économique du Québec, avec la création du fonds des générations et une discipline budgétaire qui a permis au Québec de retrouver une santé financière durable et même plutôt enviable par comparaison à celle de ses voisins, dont l’Ontario.

De surcroît, les politiques économiques de Jean Charest ont permis une réduction significative de la pauvreté de même que l’avènement de ce que certains appelèrent « le paradis des familles ».

Sur ces deux points, soulignons entre autres le rétablissement des allocations familiales pondérées en faveur des familles à faible revenu, les baisses d’impôt de près d’un milliard de dollars et la mise en place des congés parentaux.

Notons par ailleurs l’élimination de la taxe sur le capital, laquelle punissait les entreprises qui investissaient et se modernisaient. Du reste, c’est le gouvernement Charest qui a géré de façon innovatrice et efficace la crise financière qui a frappé le Québec, et le monde entier, en 2008-2009.

Globalement, sous Jean Charest, le Québec est redevenu fiscalement responsable et compétitif, et ce, pour les entreprises comme pour les citoyens.

Environnement et énergie

Sur ce chapitre, le gouvernement Charest a frappé fort avec l’adoption de la première loi sur le développement durable, la création d’une bourse du carbone en partenariat avec la Californie, l’élargissement d’un nombre considérable d’aires protégées et, bien sûr, la mise sur pied du « plan Nord », qui visait – bien avant l’heure – à mettre en valeur les minéraux stratégiques et les richesses extraordinaires que recèle le Québec en vue de la transition écologique et énergétique qui est en cours en ce moment. D’ailleurs, soulignons que le plan Nord constitue en lui-même tout un programme de développement économique.

Toujours sur les enjeux environnementaux et énergétiques, on notera la relance des grands barrages hydroélectriques et le net renforcement de la filière éolienne, tout cela accompagné de très ambitieuses cibles de réduction des gaz à effet de serre, cibles qui ont été atteintes.

On peut dire sans risque de se tromper que sous Jean Charest, le Québec est redevenu une puissance énergétique propre et s’est installé comme leader mondial de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable.

Parité hommes-femmes

C’est en 2006 que fut conclue une entente entre le gouvernement et la fonction publique relativement au règlement complet de l’égalité salariale (paiement de 10 ans d’arrérages, pour une somme d’un milliard de dollars, négocié avec les syndicats), et en 2007 que fut nommé le premier Conseil des ministres paritaire de l’histoire du Québec, avec neuf hommes et neuf femmes, ces dernières occupant par ailleurs des postes-clés. Le gouvernement Charest a aussi fait adopter la Loi sur la parité dans les conseils d’administration des sociétés d’État. Il a réaffirmé son attachement à la valeur fondamentale de l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment en modifiant la Charte des droits et libertés de la personne de façon qu’elle consacre désormais, dans son préambule, le principe voulant que l’égalité entre les femmes et les hommes soit un fondement de la justice au Québec.

Scène canadienne et scène internationale

Le respect de l’identité propre au Québec et sa projection dans tout le Canada et dans le monde ont été des empreintes indéniables et indélébiles laissées par le gouvernement Charest. C’est sous ce gouvernement que le Québec sera reconnu comme nation et que sera institué le Conseil de la fédération. Au cours de ces années, le Québec se dotera également d’une nouvelle politique en matière de francophonie canadienne et conclura avec Ottawa de lucratives ententes, dont celle portant sur la santé et celle ayant trait aux congés parentaux.

En ce qui touche cette fois la présence du Québec à l’international, Jean Charest a su redonner vie à la doctrine Gérin-Lajoie de 1965, tout en cherchant à l’adapter au contexte contemporain. Parmi les réalisations concrètes de ses gouvernements, se trouvent le leadership assumé du Québec – et le leadership personnel, résilient et convaincant de Jean Charest – concernant l’accord de libre-échange Canada-Europe, la conclusion de l’entente Québec-France sur la mobilité de la main-d’œuvre, l’octroi d’un siège pour le Québec au sein de la délégation canadienne à l’UNESCO, l’ouverture de nouvelles délégations ou bureaux du Québec à l’étranger ainsi que la tenue du Sommet de la francophonie en 2008.

Les missions essentielles de l’État

Les gouvernements Charest ont déployé bien des efforts au cours des ans afin de recentrer l’État québécois sur ses missions essentielles : santé, éducation et infrastructures.

En santé, l’on doit entre autres à Jean Charest la création de deux super-hôpitaux à Montréal (CHUM/CUSM), l’encadrement du rôle du secteur privé – en réponse à l’arrêt Chaoulli –, le dégel des admissions en médecine et une croissance extraordinaire des budgets.

Côté éducation cette fois, Jean Charest a fait de la persévérance scolaire et de l’aide aux enfants en difficulté une priorité grâce à des investissements massifs. Mais on doit également à Jean Charest deux changements particulièrement structurants, soit l’augmentation du temps d’enseignement de 1,5 heure par semaine et l’enseignement de l’anglais dès la première année.

Du reste, le gouvernement Charest dotera le Québec de son premier plan des infrastructures en 2007. Aujourd’hui, ce plan se trouve encore au centre de la planification de l’État québécois.

On le voit, les politiques adoptées lors de la décennie Charest ont anticipé, voire préparé les transformations profondes que vivent les Québécois et Québécoises actuellement. Elles ont jeté les bases économiques et sociales du Québec d’aujourd’hui.

Les années Charest furent sans l’ombre d’un doute une période charnière sur la trajectoire du Québec. Nous sommes très fiers du bilan de cette décennie politique et surtout très fiers d’y avoir été associés.

De fait, il y a 20 ans aujourd’hui même, le Québec se donnait résolument les moyens de ses ambitions !

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