Au début du mois de novembre, deux avocats du Canada sont entrés dans un palais de justice de Tegucigalpa, au Honduras, en compagnie de deux défenseurs des droits honduriens. Ils étaient là pour soutenir un groupe de 20 organisations honduriennes réunies en appui à #SomosMuchas, un consortium qui conteste la constitutionnalité de l’interdiction absolue de l’avortement que le gouvernement a fait adopter à toute vitesse l’année dernière.

Une interdiction absolue signifie qu’il est illégal d’interrompre une grossesse pour quelque raison que ce soit — même en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger. Avec l’aide financière du gouvernement canadien, l’organisation d’aide Avocats sans frontières Canada était aux côtés de ces femmes et de ces organisations afin de les soutenir dans leur lutte pour leurs droits.

En Ukraine, le soutien canadien aide des réfugiés à rester à l’abri face à l’agression russe. Lorsque le reste du monde a tourné le dos à la détresse de la minorité rohingya en Birmanie, le Canada a apporté son aide et ses contributions financières. Lorsque la liberté de la presse a été attaquée au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo, le Canada a protégé les journalistes locaux qui dénonçaient les violations des droits de la personne.

L’aide canadienne a permis de réaliser de grandes choses. Notre financement va dans la bonne direction, bien que nous soyons toujours un peu en retard par rapport à d’autres pays en ce qui concerne le pourcentage d’investissements par rapport au revenu national brut (RNB) en matière d’aide. Les niveaux d’investissements canadiens dans l’aide internationale étaient parmi les moins élevés des nations riches lorsque le gouvernement Trudeau est arrivé au pouvoir en 2015, promettant de recentrer l’aide sur l’autonomie des femmes et des filles dans le monde. Les chiffres n’ont cessé d’augmenter, bien qu’ils restent une infime partie du budget global du Canada.

Aujourd’hui, cependant, le financement de l’aide étrangère du Canada est à un moment charnière.

Les pressions exercées par les déficits budgétaires, les impacts continus de la COVID-19, l’invasion russe de l’Ukraine et la menace d’une récession mondiale sont autant de défis qui pourraient pousser le gouvernement fédéral à réduire le financement de l’aide internationale. Une telle réduction serait un coup dur pour l’impact de l’aide étrangère canadienne, un coup qui pourrait la faire reculer pendant des années à venir, voire des décennies.

À un moment où le monde a besoin d’espoir, et à un moment où les femmes du monde entier ont besoin du soutien du Canada, nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser tomber.

Un investissement

L’aide canadienne n’est pas juste un geste de charité. Elle agit comme un rempart contre la montée de l’autoritarisme en soutenant la démocratie et le développement dans les pays où les droits sont menacés. C’est un investissement dans le type de monde que nous voulons tous voir, alors que l’on célèbre aujourd’hui la Journée des droits de l’homme.

PHOTO OUSMANE MAKAVELI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des femmes ont trouvé refuge dans un camp pour personnes déplacées à Bamako, au Mali, en novembre dernier.

Que ce soit dans un tribunal au Honduras, dans des hôpitaux pakistanais où des femmes médecins traitent des patientes, ou au Mali où l’on soutient la participation d’un plus grand nombre de femmes au gouvernement, le financement canadien en matière de développement fait une différence.

Les ONG sont unies pour demander au gouvernement canadien de maintenir ses niveaux actuels de financement de l’aide internationale et de s’engager à une augmentation prévisible sur trois ans dans son budget 2023.

Elles demandent au premier ministre, Justin Trudeau, à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, au chef du NPD, Jagmeet Singh, et à tous les membres du Parlement de poursuivre leur leadership dans la lutte mondiale pour les droits de l’homme.

L’aide canadienne est importante et il est maintenant temps de faire mieux et de faire plus. Laisser tomber nos partenaires du monde entier n’est pas une option.

* Cosignataires : Kate Higgins, présidente-directrice générale de Coopération Canada, qui réunit les organismes du secteur du développement international et de l’assistance humanitaire ; Julia Anderson, présidente-directrice générale du Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants, qui réunit plus de 100 membres afin d’améliorer la santé des femmes et des enfants dans le monde.

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