Le premier ministre du Québec a annoncé mardi son Plan Nature dans le cadre de la COP15 sur la biodiversité qui se tient présentement à Montréal. Il y a notamment annoncé sa volonté de soutenir le leadership des Premières Nations pour atteindre la cible de protection de 30 % du territoire d’ici 2030, qui sera vraisemblablement adoptée au terme de la COP15.

Il va de soi que les Premières Nations qui ont occupé le territoire depuis des temps immémoriaux et veillé à sa protection pendant tout ce temps soient les fers de lance de cet engagement international pour la protection de la biodiversité, mais aussi des modes de vie traditionnels autochtones qui y sont associés.

Muteshekau Shipu, la rivière Magpie

J’aurais aimé que cette annonce du premier ministre du Québec soit accompagnée de gestes concrets qui reconnaissent le leadership des Premières Nations en matière de protection du territoire. Plusieurs communautés travaillent activement sur des projets qui auraient pu être annoncés lors de la COP15.

Sur la Côte-Nord, le Conseil des Innu de Ekuanitshit a réclamé la protection de Muteshekau Shipu – la rivière Magpie – à plusieurs reprises dans les dernières années et demandé officiellement au gouvernement de faire l’annonce de la protection de cette rivière majestueuse lors de la COP15. À travers l’Alliance Muteshekau Shipu, ils travaillent en partenariat avec la MRC de Minganie, la SNAP Québec et l’Association Eaux-Vives Minganie pour protéger cette rivière depuis près de 15 ans.

Le projet est mûr, mais Hydro-Québec bloque malheureusement la protection de la rivière depuis tout ce temps, à cause de son potentiel hydroélectrique.

La rivière Magpie possède une renommée internationale pour les sports d’eau vive et a été la première rivière au Canada à obtenir un statut de personnalité juridique en février 2021. C’est un joyau naturel à protéger immédiatement.

Le caribou forestier

Toujours sur la Côte-Nord, le Conseil des Innus de Pessamit a déposé en 2020 un projet d’aire protégée innue pour le Pipmuakan – un secteur particulièrement important pour le caribou forestier.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Caribous forestiers du Pipmuakan

Ce projet aussi est mûr pour être annoncé. Le caribou est une espèce menacée et il est particulièrement urgent d’agir dès maintenant pour la protection de la population du Pipmuakan – l’une des plus au sud au Québec, menacée par l’exploitation forestière.

Les Innus de Pessamit et d’Essipit ont sommé le gouvernement d’agir, eux aussi, la semaine dernière pour protéger Atik – le caribou – et le lien sacré qui unit les Innus au Nitassinan, le territoire ancestral.

Passer de la parole aux actes

Des représentants de ces communautés et d’autres leaders autochtones en matière de conservation seront présents à la COP15 pour faire valoir leurs initiatives de conservation et leurs connaissances du territoire.

Le Québec est en train de passer à côté d’une occasion en or de rayonner à l’international en protégeant deux territoires importants.

Il n’est pas trop tard pour le gouvernement du Québec d’écarter définitivement la menace hydroélectrique sur la rivière Magpie, et la menace d’exploitation forestière du secteur Pipmuakan. Ce serait une belle manière de souligner concrètement le leadership autochtone en matière de protection du territoire.

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