L’auteur s’adresse au premier ministre du Québec, François Legault.

Monsieur le Premier Ministre du Québec, vous connaissez sans doute le dossier de conservation du mont Kaaikop situé dans la MRC des Laurentides, car nous sommes présents dans la sphère médiatique depuis bientôt 10 ans !

Je vous rappelle respectueusement qui nous sommes et ce que nous voulons protéger :

  • nous sommes une coalition militant depuis avril 2013, afin de préserver un important îlot de forêts publiques du sud du Québec ;
  • notre territoire fait 40,5 km2 et est majoritairement constitué de forêts anciennes, où l’on dénombre de nombreux arbres âgés, dont plusieurs de plus de 200 ans ;
  • ce sont des forêts d’altitude, deuxième massif des Laurentides, peu altérées et qu’on a su préserver au fil du temps ;
  • le milieu politique régional appuie sans réserve notre projet, de même que plus de 12 000 personnes de 93 municipalités du Québec, sans compter de nombreux organismes locaux et nationaux de protection de l’environnement ;
  • notre projet est à la fois économique et environnemental. Économique, car on y retrouve d’importantes activités récréotouristiques dans un secteur bien défini du territoire. Et environnemental, car ce territoire, en plus d’abriter une riche biodiversité, est un réel carrefour giratoire pour la circulation de cette biodiversité ;
  • notre territoire a un rôle écologique stratégique, car il est entouré majoritairement de forêts privées soumises aux pressions du développement et il leur garantit un approvisionnement continu en biodiversité ;
  • il est aussi un refuge important pour la biodiversité, qui a de moins en moins de place pour subsister et se reproduire, notamment la grande faune ;
  • beaucoup d’argent a été investi par le milieu dans l’optique de préserver le mont Kaaikop. Plus de 700 000 $ depuis les 10 dernières années, soit 500 000 $ en temps volontaire des membres permanents de la Coalition (t/h de 25 $), 100 000 $ en études diverses (environnementales, économiques et sociales) et 80 000 $ en frais juridiques ;
  • les études réalisées à ce jour ont prouvé la rentabilité de préserver ce territoire, de même que l’importante richesse écologique que l’on y retrouve ;
  • une base de recherche se met en place graduellement sur notre territoire, car conjointement avec notre Coalition, plusieurs autres projets de recherches universitaires s’y déroulent actuellement sur les anciennes forêts.

Notre projet n’est pas une menace pour l’industrie forestière. Il a un impact pratiquement nul concernant les possibilités de récoltes forestières. En effet, l’aire protégée visée pour le mont Kaaikop est de 40,5 km2, une poussière par rapport à la superficie des Laurentides (20 472 km2) et de même pour la superficie des unités d’aménagement forestier des Laurentides (2485 km2).

Le fruit est mûr, Monsieur le Premier Ministre, pour obtenir un statut de conservation pour le mont Kaaikop. Pourquoi est-ce si long au Québec — 10 ans dans notre cas — malgré des faits scientifiques avérés et une volonté citoyenne et politique régionale nettement affirmée ?

Cette lenteur qui prévaut pour le sud du Québec est troublante face au défi climatique mondial où l’humanité doit agir rapidement, peu importe l’endroit sur notre planète.

Évidemment, nous militons dans cette lettre pour notre territoire, le mont Kaaikop. Mais il y a d’autres communautés qui portent à bout de bras des projets écologiques importants, de même que sur le plan social, notamment la Coalition Minerve pour l’aire protégée secteur Marie-Lefranc dans les Laurentides et Éco-corridor Kaaikop-Ouareau pour l’aire protégée Forêt Ouareau dans Lanaudière.

Dans le cadre des travaux de la COP15 à Montréal sur la biodiversité qui débute le 7 décembre prochain, votre gouvernement pourrait faire un geste important pour la lutte contre l’effondrement accéléré de la biodiversité, en annonçant la création de plusieurs aires protégées supplémentaires dans le sud du Québec.

Monsieur le Premier Ministre, je rêve peut-être. Mais lorsque je pense à mes nombreux petits-enfants et aux générations qui nous suivront, j’ose réellement croire que c’est ce que votre gouvernement planifie actuellement qui changera les choses. Ce serait un beau legs intergénérationnel que de prendre ces décisions maintenant, afin de chercher à leur assurer un monde viable.

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