Alors que la conférence internationale sur le climat (COP27), en Égypte, s’est conclue avec un bilan mitigé, le monde se tourne déjà vers Montréal, où on se rassemblera en décembre pour convenir d’un nouveau cadre sur la protection de la biodiversité lors de la conférence de l’ONU (COP15). Pour accélérer la réduction des gaz à effet de serre et la protection de la nature, nous appelons à mettre les municipalités au cœur des solutions !

Les deux grandes crises environnementales les plus importantes de notre époque, les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité, sont interdépendantes. Il faut donc agir sur ces deux fronts pour obtenir des résultats à la hauteur. L’aménagement du territoire est l’un des principaux leviers pour y parvenir.

Pensons à l’intégration d’infrastructures naturelles, qui contribuent notamment à faire face aux inondations et aux îlots de chaleur, en plus de purifier l’air et l’eau. Pensons à la consolidation des quartiers déjà existants, pour offrir des habitations sans empiéter sur les milieux naturels et les terres agricoles. À grande échelle, des solutions fondées sur la nature peuvent aussi contribuer à atténuer les émissions de GES.

Tout ça, c’est de l’aménagement du territoire et des solutions concrètes aux grandes crises environnementales.

Il faut le reconnaître, la manière dont se sont développées nos villes au cours des dernières décennies est l’une des causes de la dégradation de l’environnement. Au Québec, comme ailleurs, l’étalement urbain est un fléau pour les milieux naturels, en plus de condamner les ménages à des modes de déplacement énergivores.

Le rôle d’accélérateur des municipalités

Au printemps dernier, un rapport des experts internationaux sur le climat (GIEC) mettait de l’avant que la transformation des villes est prioritaire, notamment pour respecter les objectifs de réduction des émissions polluantes des bâtiments et des transports. Puis, lors de la COP27, trois rapports de synthèse⁠1 adressés aux « décideurs urbains » ont été rendus publics. On y affirme qu’il est impératif de mobiliser les acteurs locaux pour accélérer l’action climatique.

La capacité d’innover des municipalités est indéniable. Au Québec, les initiatives municipales en matière de mobilité durable, de décarbonation des bâtiments, de gestion des matières résiduelles, de production d’énergie renouvelable et de conversation de milieux naturels sont nombreuses.

En osant agir, les villes suscitent de l’émulation et peuvent fortement contribuer à faire évoluer le cadre légal et réglementaire des paliers supérieurs.

Afin d’avoir les coudées franches pour protéger les milieux naturels, nous gagnerons à transformer la fiscalité municipale comme cela a encore une fois été soulevé lors de la dernière campagne électorale québécoise. Il est également prioritaire d’investir dans les infrastructures de transport collectif et actif dans toutes les régions, puisque leur utilisation est étroitement liée à l’atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre.

L’émulation s’observe aussi sous différentes formes à l’échelle internationale. Par exemple, dans le cadre de la COP15, les municipalités de partout dans le monde pourront souscrire à l’Engagement de Montréal⁠2 visant la protection de la biodiversité.

Pour un aménagement du territoire respectueux des écosystèmes

Il demeure d’ailleurs essentiel d’agir au-delà des frontières municipales. En juin dernier, le gouvernement du Québec a adopté la vision stratégique de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT). Depuis quelques années, plusieurs villes et villages, avec l’appui de la société civile, réclament une réforme du cadre d’aménagement afin, notamment, que le développement territorial se fasse dans le respect des écosystèmes.

Un plan de mise en œuvre est prévu pour l’hiver 2023. Ce plan visera notamment à « soutenir la création de milieux de vie de qualité, complets et durables, renforcer la préservation des milieux naturels et du territoire agricole ainsi que la lutte contre les changements climatiques ». Des investissements majeurs en soutien au milieu municipal seront nécessaires pour changer de cap et créer des milieux de vie durables, et ce, dans le respect de la capacité des écosystèmes, partout au Québec. À moyen terme, la contribution du gouvernement fédéral sera également bienvenue.

À l’approche de la COP15 sur la diversité biologique, nous le réitérons, la solution aux crises climatiques et de la biodiversité passe en bonne partie par la transformation des municipalités. Faisons-en une priorité !

1. Consultez les rapports de synthèse (en anglais) 2. Consultez le site de la Ville pour l’Engagement de Montréal

Cosignataires : Doreen Assaad, mairesse de Brossard ; Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke ; France Bélisle, mairesse de Gatineau ; Julie Bourdon, mairesse de Granby ; Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme ; Stéphane Boyer, maire de Laval ; Guy Caron, maire de Rimouski ; Sébastien Couture, maire de Stoneham ; Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet ; Catherine Fournier, mairesse de Longueuil ; Philippe Guilbert, maire de Trois-Pistoles ; Alexandra Labbé, mairesse de Chambly ; Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville ; Bruno Marchand, maire de Québec ; Sébastien Marcil, maire de Saint-Roch-de-l’Achigan ; Philippe Pagé, maire de Saint-Camille ; Isabelle Perreault, mairesse de Saint-Alphonse-Rodriguez ; Mathieu Traversy, maire de Terrebonne

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