J’ai bien choisi le mot phénix parce que cet oiseau fabuleux renaît toujours de ses cendres après s’être complètement brûlé. Et c’est justement la situation actuelle du Parti libéral du Québec (PLQ).

Il faut l’admettre, le PLQ, comme on le connaît, est complètement brûlé. Nous ne pouvons plus recoller les pots cassés, il faut que le PLQ se rebâtisse de zéro, mais cette fois-ci sur des fondations solides et représentatives des valeurs du Québec du XXIe siècle. Comment faire ?

Selon mon expérience modeste en tant que militant et avocat pratiquant en gouvernance, il faut s’attaquer aux quatre axes suivants : la redéfinition des relations entre parti, chefferie et aile parlementaire, la gouvernance du parti, le militantisme et l’identité québécoise.

La redéfinition des relations entre le parti, la chefferie et l’aile parlementaire

Présentement, le ou la chef du PLQ a beaucoup de pouvoirs au sein du parti. En effet, l’article 24 de la Constitution du PLQ dit ceci : « Le chef dirige le Parti et est responsable de toutes les activités. » Cette formule est selon moi désuète et cause beaucoup de problèmes. Le chef du parti ne s’occupe aucunement de la gestion interne du parti. Son rôle est plutôt de diriger l’aile parlementaire et de présider le gouvernement si le parti gagne les élections.

Comment peut-on concilier la défense des intérêts de tous les Québécois de toutes les allégeances politiques ou apolitiques à l’Assemblée nationale et la défense des intérêts du parti et de ses membres ?

Très souvent, il y aura des divergences. Ce qui pourrait créer un conflit d’intérêts malsain quand on est à la fois chef du parti et chef de l’aile parlementaire ou premier ministre.

Selon moi, la solution est de redéfinir cette relation entre le parti et la chefferie en institutionnalisant cette dernière. Cela rendrait la chefferie, entre autres, sujette aux règles de reddition de comptes. Or, il faut la transformer en une relation de collaboration au lieu d’une relation de subordination.

La gouvernance du PLQ

Il faut changer la structure de gouvernance du parti, notamment celle du conseil de direction, des commissions, de l’aile jeunesse et surtout des critères et processus de choix de candidats lors des élections, le tout afin de donner plus de pouvoirs aux militants et membres du parti, et non pas aux responsables des communications, payés pour redorer l’image du chef en exerçant un sport extrême intellectuel pour ne rien dire ! Cette façon de faire a alimenté le cynisme, tant au sein du PLQ que dans la population.

Le militantisme

Depuis le moment où le libéralisme est devenu un vecteur de défense de l’économie au détriment de l’humain, de la justice sociale, de la lutte contre la pauvreté, de l’environnement et du respect des droits et libertés, la politique est devenue un agent de division au lieu d’être un agent d’union.

Nous sommes face présentement à des politiciens de carrière et non de service. Le politicien veut garder son poste à n’importe quel prix au détriment de la raison principale pour laquelle il a été élu, à savoir le meilleur intérêt des citoyens.

L’éloignement du parti de son rôle initial d’être un vecteur de changement et de progrès a causé une déconnexion totale de ses militants et ses membres qui se sont sentis dévalorisés.

L’identité québécoise

L’autre jour, Mathieu Bock-Côté a posé la question pertinente suivante : « Est-ce que le PLQ veut avoir une vision québécoise du Canada ou une vision canadienne du Québec ? »

Je suis à 100 % d’accord avec lui et je réponds par l’affirmative. En effet, il faut adopter une vision québécoise du Canada conformément au slogan adopté par le parti lors de son 150e anniversaire : « Être québécois est notre façon d’être canadien ».

Le Québec est une société distincte, pas parce que nous sommes des êtres humains différents des autres Canadiens, mais parce que nous sommes une nation francophone.

Il faut que le PLQ le dise très clairement et sans aucune ambiguïté. Mais attention, tous les Québécois de toutes origines sont égaux. Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul !

Tant que nous vivrons dans un océan anglais, le français sera toujours en péril. Alors, il faut que tous les Québécois (francophones, anglophones et allophones) travaillent ensemble pour protéger cette langue. Le PLQ doit définir clairement son plan de protection du français, mais de concert avec les anglophones.

En somme, tout le monde maintenant parle de qui sera le prochain chef du PLQ. Beaucoup de noms circulent. Avant de se casser la tête là-dessus, rebâtissons d’abord le parti et réconcilions-nous avec les militants, notre identité et la population. Néanmoins, une chose est sûre, ce chef, homme ou femme, ne doit jamais être un politicien de carrière, mais un politicien de service !

* L’auteur a notamment été président de la commission politique régionale de Laval et membre de la commission politique nationale du Parti libéral du Québec

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