Comme Échec au crime est la seule ligne de signalement complètement anonyme de niveau provincial, nos statistiques sont très représentatives du mouvement de la criminalité au Québec.

Les signalements reliés au trafic de drogue arrivent en tête. Tout près derrière, le trafic humain relié à l’exploitation sexuelle émerge avec force en termes de pourcentage annuel.

Les années passent et la traite de personnes se raffine

Les délits sont aussi sournois qu’une fourgonnette familiale qui passe nos territoires frontaliers en ayant l’air de la parfaite petite famille de banlieue : parents, adolescents et enfants munis de faux passeports. Mais le mécanisme camouflé sous le tapis est innommable. Les victimes sont dirigées vers la métropole pour se soumettre à des services sexuels multiples, ou sont amenées en région dans des endroits isolés, où elles sont séquestrées et subissent de l’abus à long terme. Évidemment, il y a les massages clandestins, les escortes et les clubs de danseuses, mais il y a aussi ce qu’on appelle de la servitude sexuelle personnelle à l’intérieur des résidences. C’est une partie de ce à quoi nos policiers font face quand ils démantèlent des réseaux de prostitution avec proxénétisme ou en lien avec le crime organisé.

Le trafiquant passeur, l’organisateur et le fraudeur

La réalité, c’est que les trafiquants sont généralement des hommes à 81 %, de 18 à 34 ans. Ceux que nous appelons « les passeurs » sont des hommes ou des femmes qui agissent dans la spontanéité et leurs services sont de courte durée. Ce type de trafiquant promène les victimes d’un endroit à l’autre. Lorsqu’ils récupèrent leur argent, ils se détachent du processus. Les organisations bien ficelées vont payer plusieurs passeurs et utiliser plusieurs moyens de transport pour garder leurs victimes dans un anonymat constant.

Dans la tête du trafiquant « organisateur », le but ultime est de constamment trouver des innovations pour varier ses services en générant une quantité impressionnante d’argent, le plus rapidement possible.

D’ailleurs, plusieurs survivantes du trafic de l’exploitation sexuelle en témoignent. Oui, elles sont droguées et étroitement suivies. En dépit de cette vérité, ce n’est jamais le même décor, la même chambre, la même ville… Ça se fait rapidement : une demi-heure, une heure, rarement trois heures au même endroit. Une perpétuelle tornade sans repère qui renforce la vulnérabilité des proies face aux prédateurs. C’est un système réglé au quart de tour où les têtes dirigeantes tirent les ficelles et génèrent énormément de profit.

Le trafiquant « fraudeur » s’avère être l’attache essentielle du collier. Sans ce joueur clé, ce serait beaucoup moins fluide de faire voyager les victimes aussi facilement. Disons-le, les fraudeurs sont extrêmement proactifs : faux passeport, faux diplôme, faux certificat de naissance, tout est possible.

Ce nid de vipères pousse le gouvernement à miser sur l’expansion du passeport biométrique. Ce dernier comporte une puce électronique et une photo numérique du visage du détenteur. Malgré cela, il y aurait déjà énormément de faux passeports biométriques en circulation. Là où il y a des innovations, il y a des fraudeurs ambitieux. S’il est inopérant, les deux autres catégories de trafiquants sont stoppées dans leurs élans et perdent de l’argent.

Les couloirs interprovinciaux de l’exploitation sexuelle : une stratégie en béton

Les pistes asphaltées du trafic humain qui sillonnent les terres des provinces canadiennes sont connues et actives depuis plusieurs années.

Comme les jeunes Québécoises sont une « marchandise » convoitée dans les différents marchés sexuels, le Québec est un des éternels points centraux qui alimente les centres névralgiques de l’industrie du sexe.

L’autoroute 401 qui relie Montréal à Windsor en est un exemple flagrant. Les trafiquants roulent en longeant Kingston et profitent par la suite de la densité du Grand Toronto. Les victimes, elles, s’engouffrent dans un tourbillon invivable et sont aisément noyées dans une mer de clients potentiels.

En Alberta, les routes des grands marchés sexuels commerciaux de Calgary et d’Edmonton donnent accès à d’autres marchés en amont qui touchent au travail forcé avec les camps d’extraction minière de Fort McMurray et de Grande Prairie. La facilité géographique est ciblée par le trafiquant « organisateur ». Il place stratégiquement ses passeurs pour optimiser ses profits et propulse des actes criminels variés selon la catégorie dans laquelle se trouvent les victimes qu’il contrôle.

De ce fait, il est difficile de se taire sur le circuit de la côte ouest du Canada qui s’identifie par le fameux couloir Québec-Alberta. Comme on dénote une tendance récurrente à la traite des jeunes femmes du Québec, il y a beaucoup de victimes qui voyagent avec leurs trafiquants de Montréal à Calgary par avion. Cette situation n’est plus de l’ordre de la théorie, c’est un fait établi… alors, parlons-en !

Besoin d’aide ?

Pour joindre Échec au crime ou signaler un crime :

1 800 711-1800

Consultez le site d’Échec au crime
Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion