Les Conférences d’automne des Nations unies sur les changements climatiques coïncident avec la publication de prises de position destinées à frapper l’imagination. « La météo du futur s’annonce désastreuse, dévastatrice, mortelle et apocalyptique. » À la veille de ces conférences sans cesse qualifiées de la dernière chance, les rapports annonçant de mauvaises nouvelles reviennent en masse.

Le degré d’alerte n’a pas changé avec la COP27 qui se déroule en Égypte ces jours-ci. Mais, quelques éléments nouveaux concernant la mise en contexte méritent d’être soulignés.

Avant la COP27 : stratégies de réchauffement irréalistes

Jusqu’à récemment, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présentait l’ensemble des simulations climatiques sans accorder de probabilités de réalisation. Si cette approche est louable pour les scientifiques chargés d’améliorer leurs modèles, elle n’est d’aucune utilité pour les décideurs qui doivent agir et déterminer les investissements les plus appropriés pour l’adaptation climatique.

La présentation tous azimuts des scénarios climatiques a ouvert la porte à l’exagération. Pendant longtemps la stratégie a été de présenter le scénario du pire. L’actualité nous a servi une foule d’hypothèses qui allaient de l’apocalypse (des hausses de température de +5 °C à +7 °C en 2100) à des situations plus confortables qui resteraient entre +1,5 °C et +2 °C. Un écart de taille.

Le hic, c’est qu’aucun de ces scénarios extrêmes n’est probable si on se base sur les données connues. D’une part, l’exagération par le haut ne tient pas la route pour une première raison : un calcul simple des réserves exploitables de pétrole et de gaz naturel nous permette d’éliminer ce genre d’hypothèse. Ces scénarios du pire sont également basés sur une consommation de charbon qui triple d’ici la fin du siècle. Peut-on y croire ? On n’a tout simplement pas assez de carbone à brûler pour attendre de telles hausses de température.

Ces scénarios pessimistes ont aussi comme point commun une très forte croissance de la population, là où le stress hydrique est le plus important et où l’impact climatique sera le plus important. Contradiction flagrante.

La stratégie a subitement changé en faveur de l’exagération par le bas depuis la conférence de Paris en 2015. La crise climatique semblait gérée dans l’enchantement, comme s’il suffisait de sortir une baguette magique pour refaire le monde, c’est-à-dire au mépris et en dépit de la réalité et des efforts titanesques pour achever la révolution technologique et sociale qui s’impose. Les puissants du monde occidental ont inventé un jeu : surenchérir, amplifier le dernier objectif, raccourcir l’horizon d’action, mais sans vouloir rendre de comptes.

L’héritage entropique de la civilisation du pétrole est gigantesque. C’est la raison principale qui nous amène à conclure que l’objectif des +2 °C est improbable, et l’est encore plus que celui de +1,5 °C. Ils étaient réalistes quand on les a évoqués au siècle dernier. Mais le travail n’a pas été accompli. Des décennies plus tard, le temps manque.

COP27 : des scénarios de réchauffement plus réalistes

Les publications du GIEC ou de l’ONU ne parlent pas encore de « scénarios les plus probables ». On présente plutôt des scénarios de référence style : « Si les politiques actuelles de la lutte climatique ne sont pas améliorées », on se dirige vers des hausses de température qui se situeraient dans la gamme des +2,4 °C à +2,7 °C, en gros. Ça correspond exactement à mes calculs qui sont en grande partie probabilistes. Par ailleurs, l’actualité met de plus en plus de bémols concernant les cibles +1,5 °C et +2 °C qui nous forcent à changer le monde d’ici sept ans ! L’invasion de l’Ukraine a aussi modifié une perception, l’importance du nucléaire et du gaz naturel.

La rigueur prend enfin le dessus.

Le mot d’ordre reste le même : il faut se mettre au travail dès maintenant, car limiter la hausse de température autour de 2,5 °C n’est pas une mince tâche.

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